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Référendum en Égypte: un test pour le pouvoir militaire

Le Vif

Sauf surprise, les Égyptiens devraient approuver la nouvelle version de la Constitution lors du référendum qui se déroule les 14 et 15 janvier.

Il est impossible de passer à côté sans le voir. Surplombant la place Tahrir, au Caire, ce panneau géant attire tous les regards. Son message est simple et efficace: « Nâm lil doustour », « Oui à la Constitution ».

Mardi 14 et mercredi 15 janvier, 53 millions d’Égyptiens sont appelés à se prononcer sur le nouveau texte constitutionnel. Élaboré à partir de la Constitution de 2012, ratifiée alors que les islamistes étaient au pouvoir, le document présente quelques avancées en ce qui concerne les libertés individuelles. L’égalité entre homme et femme est réaffirmée là où, dans la Constitution précédente, il n’était question que de non-discrimination entre les sexes. La torture dans toutes ses formes est criminalisée.

Les prérogatives des militaires élargies Selon l’article 2, la charia demeure la principale source du droit. En revanche, l’article 219, qui définissait les principes de la loi islamique, introduit par les islamistes, a été supprimé. Les prérogatives des militaires ont été élargies, le Conseil suprême des forces armées ayant le pouvoir de nommer le ministre de la Défense durant les deux prochains mandats présidentiels. Le budget de l’institution militaire reste hors de tout contrôle parlementaire tandis que les tribunaux militaires sont maintenus sous certaines conditions.

Six mois après le renversement du président Frère musulman Mohamed Morsi par l’armée, le scrutin a valeur de test pour le nouveau régime. Il s’agit d’asseoir sa légitimité après le coup de force de l’été dernier. Le pouvoir militaire appelle donc ouvertement les Égyptiens à approuver le texte. Dans toutes les grandes villes du pays, comme sur toutes les chaînes de télévision, la campagne pour le « oui » est massive.

Nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi a donné samedi un coup d’accélération dans l’actualité référendaire. Le ministre de la Défense a annoncé qu’il se présentera à l’élection présidentielle, « si le peuple le réclame ». Une déclaration qui allait de pair avec un appel aux Égyptiens « à assumer leur responsabilité nationale en participant au référendum […] pour construire une Égypte démocratique et moderne ».

L’inconnue du taux de participation Cibles d’une répression tous azimuts, les Frères musulmans ont choisi de boycotter le référendum. « Depuis la destitution de Morsi, nous dénonçons l’illégitimité du pouvoir militaire, qui n’a pas suivi le chemin démocratique. Hors de question donc de participer à ce vote! », précise Mohamed el-Gebba, sympathisant Frère musulman et membre de l’alliance Anti-coup.

Selon les observateurs, le suspense n’est pas de mise. Le « oui » devrait l’emporter. Cependant, le taux de participation reste la grande inconnue. D’après les premiers chiffres venant du vote des Égyptiens de l’étranger, qui s’est déroulé entre le 8 et le 12 janvier, le référendum ne passionne pas les foules. 10% seulement des inscrits sur les listes électorales se sont rendus au bureau de vote. En décembre 2012, 63% des votants avaient approuvé le texte rédigé sous les Frères musulmans. Le taux de participation était de 32% dans toute l’Égypte.

Marion Guénard

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