Alex Salmond © Reuters

Référendum en Écosse: le leader du SNP Alex Salmond démissionne

Le Vif

Le leader indépendantiste Alex Salmond a annoncé vendredi qu’il allait démissionner de son poste de Premier ministre d’Écosse et de la tête du parti national écossais SNP, après la large défaite du oui à l’indépendance écossaise. Il n’empêche que le Royaume-Uni s’apprête à vivre de longs débats sur son architecture institutionnelle.

« J’ai dit au secrétaire national du SNP que je ne me représenterais pas à la tête du parti lors de la conférence annuelle », du 13 au 15 novembre, « et que je démissionnerai de mon poste de Premier ministre », a déclaré M. Salmond lors d’une conférence de presse à Edimbourg.

« Le Royaume-Uni pourrait basculer vers un régime fédéral »

Malgré le rejet de l’indépendance par 55,3% des participants au référendum écossais, le Royaume-Uni s’apprête à vivre de longs débats sur son architecture institutionnelle, prédit vendredi le politologue Dave Sinardet (VUB, Université Saint-Louis). « Après la ‘Scottish Question’ arrive l »English Question’. Elle pourrait aboutir à l’instauration d’un vrai système fédéral », estime le spécialiste du nationalisme et du fédéralisme.

Pour le camp du « oui », le résultat du référendum en Écosse constitue une défaite, analyse d’abord Dave Sinardet. « On s’attendait à un résultat plus serré. Maintenant, le débat sur l’indépendance de l’Écosse est clos pour au moins une génération. » Mais cette défaite est aussi une « demi-victoire » pour les nationalistes, nuance le professeur. « Ils ne seront pas confrontés à une série de questions difficiles comme l’adhésion à l’Union européenne ou la monnaie, par exemple. En même temps, notamment grâce au succès du ‘oui’ dans les sondages, ils ont obtenu la promesse d’une dévolution de pouvoirs supplémentaires. »

Renforcer les pouvoirs de l’Écosse n’est cependant pas aussi évident qu’il y parait, souligne le politologue. « Les parlementaires écossais à Londres peuvent voter sur des questions qui concernent uniquement l’Angleterre, tout en ne pouvant pas voter sur ce qui relève du Parlement écossais. Ne devrait-on pas créer un Parlement anglais? Le Royaume-Uni devra d’abord trouver une solution à ce problème. Mais c’est un débat constitutionnel important sur lequel il n’y a pas de consensus. » Accroître les compétences de chacune des nations constitutives du Royaume-Uni (l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Irlande du Nord) pourrait revenir à transformer un Etat unitaire décentralisé en un véritable Etat fédéral, à l’image de la Belgique.

« Les mouvements séparatistes sont déçus »

La classe politique londonienne risque néanmoins de raviver le mécontentement des Ecossais si elle s’empêtre dans de longs débats institutionnels. « Le vote en faveur de l’indépendance est aussi un vote pour une politique plus à gauche et contre l’élite de Westminster », rappelle Dave Sinardet.

« Les mouvements séparatistes sont déçus. L’Écosse aurait pu créer un précédent et montrer que la constitution d’un nouvel Etat-nation est possible », observe enfin le spécialiste. Il doute toutefois de l’impact du référendum écossais sur des régions comme la Flandre, la Catalogne ou le Pays basque, qui ont chacune leur contexte propre. « En Espagne, le refus d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne par Madrid a un effet contre-productif. Il renforce le sentiment des Catalans d’être dominé et de ne pas maîtriser leur destin. » Pour lui, « si le ‘oui’ l’avait remporté, les populations attirées par l’indépendance auraient pu se sentir soutenues. Mais, avec la victoire du ‘non’, je ne pense pas qu’il y aura un impact direct, sauf peut-être sur les indécis ».

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