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RDC: que cache une fosse commune contenant plus de 400 cadavres ?

Plusieurs députés d’opposition et des défenseurs des droits de l’Homme ont réclamé du gouvernement congolais qu’il fasse toute la lumière sur une fosse commune récemment découverte dans la grande banlieue de Kinshasa et contenant plus de 400 cadavres inhumés de nuit le mois dernier.

Des experts internationaux et les Nations Unies devraient participer à l’enquête pour établir si les corps de responsables de l’opposition en font partie, a affirmé mardi une chercheuse de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), Ida Sawyer, spécialiste de la République démocratique du Congo (RDC), à l’agence de presse allemande DPA. Le président de l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (Asadho), Me Jean-Claude Katende, a lui aussi réclamé une enquête indépendante de la part des institutions internationales, selon la Voix de l’Amérique (VoA). Un député d’opposition, Toussaint Alonga, du Front populaire de Lisanga Bonganga, a adressé une question orale au vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Evariste Boshab Mabudj, qui devrait y répondre mercredi devant l’Assemblée nationale, selon le site 7sur7.cd. Un autre député, Martin Fayulu, avait déjà présenté une motion d’information jeudi dernier à ce propos. Il a reçu lundi le soutien de son collègue José Makila, selon la presse kinoise. Les autorités congolaises ont confirmé, par la voix de M. Boshab, avoir enterré 424 personnes de nuit le 19 mars dernier près du cimetière de Fula-Fula, dans la commune urbano-rurale de Maluku, à quelque 80 km à l’est de Kinshasa. Parmi ces corps se trouveraient ceux de 320 nouveau-nés. La découverte a été faite par la population de ce coin de la capitale, qui a saisi la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) pour dénoncer des odeurs nauséabondes qui se dégageaient de l’endroit.

Mais il s’agirait selon M. Boshab d’indigents et de bébés mort-nés, gardés longtemps à la morgue centrale de l’Hôpital général de référence de Kinshasa (ex-Mama Yemo) et inhumés par l’hôtel de ville de Kinshasa sur une demande de la direction de la morgue – et non des victimes des violentes manifestations survenues à Kinshasa en janvier dernier, comme s’en inquiètent certaines organisations de la société civile. Selon M. Boshab, le nombre de victimes des manifestations de janvier est « bien connu ». Ces violentes manifestations avaient fait de 27 à 42 morts, selon les sources, principalement à Kinshasa, en réaction à un projet contesté de révision de la loi électorale qui aurait permis au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà la fin 2016, l’échéance de son second mandat. M. Boshab a également déclaré que le gouvernement était disposé à exhumer les corps, si la demande était faite ou si le moindre doute persistait.

Des habitants des environs du cimetière ont raconté, selon Radio France Internationale (RFI), avoir vu arriver vers 04h00 des camions recouverts de bâches en plastique. Les personnes qui ont entrepris de les décharger leur auraient dit qu’il s’agissait de cadavres et demandé à ceux qui passaient par là de s’éloigner du fait de l’odeur très forte de corps en putréfaction.

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