Moïse Katumbi © REUTERS

RDC: Moïse Katumbi oeuvre pour un candidat unique de l’opposition à la présidentielle

Le Vif

L’ex-gouverneur de la province congolaise du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, devenu opposant au président Joseph Kabila et potentiel candidat à la prochaine présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), a entamé des consultations avec des poids lourds de l’opposition afin de tenter de trouver un candidat « unique » lors de ce scrutin à l’échéance incertaine, tout en réclamant l’alternance politique dans son pays en décembre prochain.

M. Katumbi doit rencontrer au cours des prochains jours à Bruxelles les leaders de deux des principaux partis d’opposition congolais ainsi que des représentants de la société civile congolaise, a-t-il indiqué dimanche à l’agence Belga. Il compte ainsi s’entretenir avec le vieil opposant Etienne Tshisekedi wa Mulumba, 83 ans, qui dirige le plus ancien parti d’opposition congolais, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), mais qui vit et est en convalescence en Belgique depuis août 2014, et avec le président de l’Union pour la Nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, dont la formation est la troisième force de l’opposition au parlement de Kinshasa.

« Nous (l’opposition congolaise) ne réussirons la première alternance démocratique en RDC que si nous sommes unis », a lancé M. Katumbi lors de cet entretien accordé à l’agence Belga dans son appartement bruxellois. « Après le 19 décembre (date de la fin du mandat du président Kabila, au pouvoir depuis 2001, ndlr), il y aura un autre président, de transition », si le scrutin présidentiel n’est pas organisé dans les délais, a-t-il dit, tout en se déclarant confiant dans la possibilité de malgré tout tenir l’élection dans le délai constitutionnel.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a fixé l’an dernier la date de la présidentielle – en principe couplée à des législatives – au 27 novembre. Mais les retards en tous genres enregistrés, en raison de l’absence de volonté de la Majorité présidentielle (MP, qui soutient l’action de M. Kabila) et des difficultés de financement, rendent de jour en jour cette échéance de plus en plus difficile à tenir.

L’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga – entre-temps scindée en quatre entités plus petites – a confirmé néanmoins qu’il répondrait « bientôt » à la demande du G7, une coalition de partis d’opposition qui l’a exhorté mercredi à se présenter à la présidentielle censée se tenir avant la fin de l’année en RDC. Mais il souhaite d’abord mener des « consultations » avec « le président » Tshisekedi, M. Kamerhe, et d' »autres forces » de la société civile, mais aussi des membres de la Majorité présidentielle discrètement opposés à toute prolongation du mandat de M. Kabila, qui expire le 19 décembre prochain.

M. Katumbi compte ensuite rentrer en RDC pour s’entretenir « à Kinshasa ou à Lubumbashi » (le chef-lieu du Haut-Katanga, né du « démembrement » de l’ex-province du Katanga) avec les responsables du G7 (sept partis ayant quitté en septembre dernier la MP pro-Kabila) avant de faire part de sa décision.

Mercredi, le G7 avait « demandé à l’honorable Moïse Katumbi d’annoncer sa candidature (…) », lui promettant « un appui total », selon le président de cette plate-forme, le député et ancien ministre de la Défense, Charles Mwando Nsimba. Ce groupe de sept partis passés à l’opposition à M. Kabila en septembre, a salué la gestion de la riche province minière du Katanga (sud-est) entre 2007 et 2015 par M. Katumbi, qui a le « profil idéal » pour diriger la RDC.

Populaire et charismatique, M. Katumbi, 51 ans, a démissionné de ses fonctions de gouverneur et quitté en septembre le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), la formation de M. Kabila. Richissime homme d’affaires, il est également le président du prestigieux club de football Tout-Puissant Mazembe de Lubumbashi, triple vainqueur de la Ligue des champions d’Afrique.

« La réussite de l’opposition (à la présidentielle, organisée à un seul tour) n’est possible que si elle présente un seul candidat », a affirmé dimanche M. Katumbi. Il a annoncé que l’opposition préparait une « marche pacifique » à l’échelon national pour protester contre tout « glissement » des élections permettant à M. Kabila de se maintenir au pouvoir.

M. Katumbi a assuré qu’il ne ferait « pas marche arrière » dans son combat en faveur du développement du peuple congolais et du respect de la Constitution – qui limite à deux le nombre de mandats consécutifs du chef de l’Etat « face aux intimidations » diverses dont il fait l’objet depuis qu’il a quitté le PPRD. Il a également montré à l’agence Belga des photos de chars de combat de construction ukrainienne récemment arrivés à Lubumbashi « alors que la province du Katanga est calme » et que « c’est au Kivu (plus au nord) que la guerre sévit » encore.

Belga

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