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RDC : les résultats « manquent de crédibilité » selon le Centre Carter

Les observateurs électoraux internationaux du Centre Carter ont déclaré samedi que les résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre en RDC remportée officiellement par Joseph Kabila étaient caractérisés par de telles irrégularités qu’ils « manquent de crédibilité ».

« Le Centre Carter estime que les résultats provisoires de l’élection présidentielle annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 9 décembre en RDC manquent de crédibilité », écrit l’ONG dans un communiqué.

La Céni a déclaré vendredi M. Kabila, élu démocratiquement en 2006, vainqueur avec 48,95% des voix contre 32,33% pour l’opposant Etienne Tshisekedi. Ce dernier a rejeté « en bloc » ces résultats et s’est autoproclamé « président élu » de la RDC. Son parti, l’Union pour la Démocratie et la Progrès social (UDPS), a entamé sa propre compilation des résultats afin de tenter de justifier les déclarations de M. Tshisekedi, qui a revendiqué « 54% des voix, contre 26% au chef de l’Etat.

100% de voix pour Kabila !?

« A plusieurs endroits (…) il a été rapporté des taux de participation élevés allant de 99 à 100%, ce qui est impossible, avec toutes ou presque toutes les voix allant au président en exercice Joseph Kabila », comme c’est notamment le cas au Katanga (sud-est), bastion du président sortant, relève le Centre Carter, du nom de l’ancien président américain Jimmy Carter.

L’ONG cite par exemple le cas de la circonscription de Malemba-Nkulu, où le résultat des 493 bureaux de vote a été pris en compte, le taux de participation est de 99,46%, et M. Kabila totalise 100% des voix (266.886).

« Une mauvaise gestion du traitement des résultats »

Dans d’autres sites examinés, « de hauts pourcentages (de voix) similaires pour Etienne Tshisekedi ne révèlent pas la même coïncidence de recueil parfait des résultats des bureaux de vote et une participation extrêmement élevée », ajoute-t-elle.

Ainsi, dans la circonscription de Mbuji-Mayi (Kasai oriental, centre), un fief de M. Tshisekedi, celui-ci obtient 97,29% des suffrages, mais le taux de participation n’atteint que 51,47%, avec une prise en compte des résultats pour 86,03% des bureaux de vote. « Ce constat et d’autres indiquent une mauvaise gestion du traitement des résultats et compromet l’intégrité de l’élection présidentielle ».

Toutefois, ces constatations ne signifient pas « que l’ordre final des candidats (ndlr: Kabila premier, Tshisekedi deuxième) est forcément différent » de celui annoncé par la Céni, mais « uniquement que le processus de traitement des résultats n’est pas crédible », précise l’ONG.

Une organisation chaotique

Le Centre Carter souligne que ses observateurs ont jugé « faibles » 40% des centres de compilation où les résultats ont été saisis. Il note des irrégularités telles que la perte de quelque 2.000 résultats de bureaux de vote à Kinshasa, l’un des fiefs de l’opposant Tshisekedi, et une organisation chaotique dans le processus de comptage – avec des bulletins de vote empilés à même le sol et sur lesquels on marchait, ou des feuilles de résultats trempées par la pluie puis suspendues sur des bâtons pour les faire sécher.

L’Union européenne et d’autres observateurs internationaux et locaux ont également signalé des irrégularités le jour du vote, qui vont de la désorganisation des bureaux de vote au bourrage des urnes.

Deux jours après le scrutin, le Centre Carter – en partie financé par la Belgique – avait fait état d' »irrégularités » constatées lors des élections présidentielle et législatives, mais sans trancher s’il s’agissait d' »erreurs techniques » ou de « fraude systématique ».

Levif.be, avec Belga

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