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RDC : les résultats de la présidentielle reportés

Le report de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo pourrait entraîner de nouveaux troubles dans le pays.

L’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre en République démocratique du Congo (RDC), attendus avant minuit mardi soir, a été reportée de 48 heures, en raison de problèmes logistiques. « Oui, il y a un retard, a admis Laurent Ndaye, le porte-parole de la commission électorale. Nous n’avons pas reçu l’ensemble des décomptes officiels en provenance des bureaux de vote, voilà la raison ». Les résultats provisoires diffusés jusqu’ici, qui portent sur près de 70% des suffrages, créditent le président sortant Joseph Kabila de dix points d’avance sur son principal adversaire, Etienne Tshisekedi. L’opposition a d’ores et déjà fait savoir qu’elle contesterait l’issue du scrutin. Le report de l’annonce des résultats ne fera pas retomber la tension autour d’une élection marquée par des violences graves et des allégations de fraude.

« Piège » au Congo

Des centaines de partisans de Tshisekedi, surnommé « le Sphinx de Limete », un quartier de Kinshasa, se sont rassemblés mardi devant sa résidence pour lui exprimer leur soutien.
Beaucoup étaient armés de machettes ou munis de pierres et des cocktails Molotov, mais les forces de l’ordre sont restées à distance.
Dix-huit personnes au moins ont été tuées pendant la période électorale, selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. Un proche de Kabila a averti que le gouvernement était prêt à faire appel à l’armée si les manifestations devenaient « trop chaotiques ».
« Nous n’allons pas tomber dans le piège consistant à massacrer notre propre peuple, a pourtant affirmé Aubin Minaku, secrétaire général de la coalition au pouvoir. La police va oeuvrer au maintien de la paix, mais ne tombera pas dans ce piège. »
La Cour pénale internationale a fait savoir qu’elle surveillait les développements post-électoraux. « La violence électorale n’est plus un ticket pour le pouvoir, je vous l’assure. C’est un ticket pour La Haye », a menacé le procureur Luis Moreno-Ocampo.

Exode à Kinshasa

Les mesures de sécurité ont été renforcées dans les rues de Kinshasa, dont certains habitants, craignant de nouvelles violences, s’entassent sur des bateaux pour gagner la République du Congo voisine, de l’autre côté du fleuve.
L’élection présidentielle, premier scrutin organisé et financé par la RDC elle-même depuis la guerre civile qui fit 5,4 millions de morts, devait contribuer à la stabilisation, mais beaucoup craignent qu’un rejet du résultat ne provoque un nouveau conflit comparable à celui qui a ensanglanté le pays entre 1998 et 2003.
Etienne Tshisekedi peut compter sur un large soutien de la population à Kinshasa, mégapole de plus de dix millions d’habitants, où une victoire du chef de l’État sortant, mieux implanté dans les zones rurales de l’est du pays, pourrait provoquer des troubles.
La commission électorale a relevé de nombreux défis en organisant ces élections présidentielle et législatives. Souvent chaotiques et parfois violentes, les opérations de vote ont dû se prolonger sur trois jours en raison de retards à divers endroits. Lundi des affrontements ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre dans plusieurs villes.
Joseph Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré, tué en 2002 par l’un de ses gardes du corps. En 2006, il a remporté des élections parrainées par l’ONU en promettant de mettre un terme à dix années de guerre et de chaos, mais des mouvements rebelles sont toujours actifs dans l’Est.

LeVif.be avec L’Express.fr

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