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RDC : les rebelles enlèvent des femmes et des enfants, selon l’ONU

Les rebelles du M23 qui ont pris le contrôle de la ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, ont enlevé des femmes et des enfants, a affirmé l’ONU ce mardi. Un porte-parole de l’ONU a précisé que les Casques bleus contrôlaient l’aéroport de Goma et effectuaient toujours des patrouilles dans la ville en dépit de l’arrivée des rebelles.

Le secrétaire général des Nations unies a de nouveau condamné de « graves » violations des droits de l’homme commises par les rebelles, selon le porte-parole adjoint de l’ONU Eduardo del Buey. Le Conseil de sécurité pourrait quant à lui adopter mardi une résolution imposant de nouvelles sanctions contre le M23.

Les rebelles du M23, qui sont soutenus par le Rwanda selon l’ONU et Kinshasa, ont pris mardi à la mi-journée le contrôle de Goma, capitale régionale de la riche région minière du Nord-Kivu dans l’est de RDC, une ville qui fut déjà conquise en 1998 par des rebelles pro-rwandais.

« Nous avons des informations selon lesquelles le M23 a blessé des civils, poursuivi les enlèvements d’enfants et de femmes, détruit des propriétés et intimidé les journalistes et ceux qui ont tenté de résister à leur avancée », a déclaré à des journalistes Eduardo del Buey. « La situation dans et autour de Goma a atteint un point critique ».

La mission de l’ONU dans le pays, la Monusco, a quant à elle « gardé le contrôle de l’aéroport de Goma. Des patrouilles sont menées par 17 équipes de réaction », a poursuivi M. del Buey.

Le Rwanda appelle au « dialogue politique »

Le Rwanda a appelé ce mardi à un « dialogue politique » en République démocratique du Congo (RDC), après la conquête de Goma par le M23, que Kigali est accusé par l’ONU de soutenir.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui à Goma montre clairement que l’option militaire pour apporter une solution à cette crise a échoué et que le dialogue politique est la seule façon de résoudre le conflit en cours », a affirmé la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo, citée par un communiqué de son gouvernement.

Le M23 avait de son côté exigé lundi « l’ouverture de négociations politiques directes (…) élargies à l’opposition politique, à la société civile et à la diaspora congolaise », ce que le président congolais Joseph Kabila avait immédiatement rejeté.

L’ONU a de son côté accusé le Rwanda, ainsi que l’Ouganda, de soutenir militairement les rebelles du M23, ce que ces deux pays nient catégoriquement. « En se contentant de pointer du doigt de prétendus coupables et en ignorant les causes profondes du conflit en RDC, la communauté internationale a raté l’occasion d’aider la RDC à rétablir la paix et la sécurité pour ses citoyens », estime à ce propos Mme Mushikiwabo.

« Le Rwanda est totalement impliqué dans le processus de paix sous les auspices de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et nous continuons à travailler avec les Etats membres en vue d’une paix totale et durable dans notre région », poursuit la ministre, qui participait précisément mardi à une réunion ministérielle de cette organisation régionale à Kampala.

Le M23 appelle les soldats et policiers de Goma à se rendre

Cet après-midi, le porte-parole militaire du mouvement rebelle congolais M23, le colonel Viannay Kazarama, a lancé un appel à la radio locale de Goma pour demander aux militaires et policiers en poste dans cette ville de se rendre.

Le colonel Viannay Kazarama a également demandé à la population de « rester calme ». Depuis que les rebelles sont entrés mardi matin dans Goma et en ont pris le contrôle, aucun incident n’a été signalé et la ville, déserte en début de matinée, a commencé à s’animer, même si aucune moto-taxi n’y circule.

Dans son message radiodiffusé, le porte-parole des rebelles a demandé à tous les militaires des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) et à tous les policiers de la Police nationale congolaise (PNC) présents dans la ville de se présenter mercredi à 8H00 (7H00 GMT) au stade de football de Goma, afin de s’y faire enregistrer et identifier.

Les soldats des FARDC, qui étaient environ 20.000 dans le Nord-Kivu, ont depuis deux jours pris la route du Sud-Kivu en passant par la petite ville de Sake à l’est. Ils avaient commencé à partir à la fin de la semaine dernière quand le M23 avançait vers Goma.

On ignorait ce mardi le nombre de policiers encore présents en ville, mais un photographe de l’AFP a assisté dans la matinée à la reddition de l’un d’entre eux à qui les rebelles ont pris son arme, le laissant repartir sans l’interroger.

Urgence sanitaire

Les combats ont provoqué d’importants mouvements de population et notamment le déplacement de camps entiers de réfugiés, selon l’organisation Médecins sans Frontières. « Nous nous occupions depuis deux mois d’un camp au nord de Goma qui comptait plus de 60.000 déplacés. En quelques jours, avec l’avancée des rebelles, ils ont tous fui dans la panique, recréant un camp encore plus grand à l’ouest de Goma, auquel nous n’avons pas accès », a expliqué ce mardi à l’AFP le docteur Marcela Allheimen, responsable des programmes à Paris pour la RDC.

« Il y a urgence car cela représente plus de 100.000 déplacés regroupés à l’ouest de Goma, sans aucun abri, sans accès à l’eau, sans aucune nourriture et une partie d’entre eux sont porteurs de choléra », a-t-elle ajouté. « Ces populations souffrent aussi de malnutrition, y compris les adultes, ce qui n’est pas commun, donc il faut pouvoir rapidement intervenir pour des soins basiques », selon Mme Allheimen.

Médecins sans Frontières compte sept personnes dans la région, dont une équipe chirurgicale, qui sont tous bloqués à Goma pour l’instant en raison des combats. Depuis leur reprise il y a une semaine, de nombreuses ONG ont évacué leur personnel vers le Rwanda voisin et l’ONU a annoncé le départ de ses employés « non essentiels ».

Levif.be, avec Belga

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