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RDC: la justice sénégalaise pourrait juger l’un des assassins de Chebeya

Le Vif

La justice sénégalaise s’estime compétente pour juger Paul Mwilambwe, un des policiers condamné par contumace par la justice congolaise à la peine de mort pour l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme, Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Ebadi, et qui vit actuellement au Sénégal, a rapporté dimanche la radio onusienne Okapi.

Les avocats du Groupe d’action judiciaire (GAJ) de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) et des familles de MM. Chebeya et Bazana ont déposé lundi à Dakar une plainte avec constitution de partie civile devant la justice sénégalaise contre le major Mwilambwe, de la Police nationale congolaise (PNC).

« Nous pouvons garder espoir et je crois que ce dossier sera traité avec diligence mais en respectant aussi les intérêts des uns et des autres », a affirmé l’avocat sénégalais Assane Dioma Ndiaye, au nom du GAJ de la FIDH et des familles Chebeya et Bazana, selon Radio Okapi, parrainée par l’ONU.

Interrogée sur cette affaire lors de la 9ème conférence des organisations internationales non gouvernementales de la Francophonie qui se tient à Dakar, la représentante du président sénégalais Macky Sall auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Penda Mbow, a déclaré que le Sénégal étant un pays de démocratie et de droit « pn peut faire confiance à la justice sénégalaise ».

« Nous pouvons garder espoir et je crois que ce dossier sera traité avec diligence mais en respectant aussi les intérêts des uns et des autres », a-t-elle, expliqué, rappelant que le ministre sénégalais de la Justice, Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH, est un « grand militant des droits de l’homme ».

M. Chebeya, le directeur exécutif de l’ONG La Voix des sans voix (VSV), avait été convoqué le 1er juin 2010 à l’Inspection générale de la police à Kinshasa pour rencontrer son chef, le général John Numbi – entre-temps révoqué. Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture, les poignets portant des traces de menottes. Celui de son chauffeur n’a jamais été retrouvé.

Lors d’un procès en première instance, la Cour militaire de Kinshasa avait condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la PNC, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite, dont le major Mwilambwe. Un autre avait été condamné à la prison à perpétuité et trois avaient été acquittés.

Le procès en appel, ouvert le 23 juin 2012, a été suspendu en novembre suivant suivant à la suite d’un incident provoqué par les parties civiles qui demandaient la comparution des accusés en fuite.
Le major Mwilambwe est considéré comme un témoin clé dans cette affaire. En 2012, il avait fait des révélations au journaliste et cinéaste belge Thierry Michel, auteur d’un documentaire sur l’affaire Chebeya.

Dans ce témoignage, l’officier de la PNC mettait en cause le général John Numbi – jadis proche du président Joseph Kabila – dans l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme. Il avait également donné des indications sur l’endroit où M. Bazana aurait été enterré. Le corps de ce dernier n’a toutefois jamais été retrouvé.

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