Etienne Tshisekedi © BELGA/Thierry Roge

RDC: l’opposition pro-Tshisekedi refuse le dialogue national et récuse le facilitateur

Une plate-forme d’opposition congolaise présidée par l’opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba a annoncé dimanche soir son refus de participer au « dialogue national » prévu fin juillet en République démocratique du Congo en vue d’élections « apaisées » et récusé le facilitateur désigné par l’Union africaine (UA).

Le « Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au Changement » déplore la précipitation avec laquelle le facilitateur du dialogue, l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo, « a lancé, unilatéralement, l’invitation pour les travaux préparatoires du dialogue » au lendemain de la publication des ordonnances (signées par le président Joseph Kabila et accordant des grâces à certains détenus, ndlr) « qui ne satisfont pas aux exigences de libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et d’opinion », a indiqué M. Tshisekedi dans un communiqué adressé à l’agence Belga.

Le Rassemblement, créé lors du conclave de l’opposition congolaise organisé début juin à Genval, en Brabant wallon, considère que le communiqué du 23 juillet (par lequel M. Kodjo annonçait le lancement le 30 juillet des travaux préparatoires au dialogue en vue d’élections « apaisées » et « crédibles ») est « une machination de Monsieur Edem Kodjo et un mépris inacceptable à l’égard du peuple congolais », poursuit le texte.

Le Rassemblement ajoute qu’il « ne se sent pas concerné par ce communiqué » et « récuse M. Kodjo », en demandant à l’UA de tirer les conséquences qui découlent de cette situation « afin de sauver le processus de mise en oeuvre de la résolution 2277 du Conseil de sécurité (de l’ONU) sur laquelle reposent les espoirs de notre peuple d’obtenir pacifiquement l’alternance au pouvoir conformément aux prescrits de notre Constitution ».

M. Tshisekedi évoque aussi une « provocation susceptible de remettre en cause tous les efforts déployés à ce jour dans la recherche d’une voie de sortie pacifique à la crise actuelle » en RDC.

L’ex-Congo belge puis Zaïre traverse une crise politique depuis la réélection contestée du président Joseph Kabila en 2011 pour un second mandat, à l’issue de scrutins entachés de fraudes massives.

M. Tshisekedi, qui préside l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), la principale formation d’opposition congolaise, était arrivé en deuxième position, selon les résultats officiels. Mais il se considère toujours comme le « président élu ».

M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. Aux termes de la Constitution, il ne peut se représenter et doit abandonner son poste le 19 décembre à la fin de son mandat.

A moins de six mois de cette échéance, aucune date n’a encore été fixée pour la présidentielle – censée se tenir avant le 19 septembre – et tout indique que celle-ci ne pourra pas être organisée dans les délais constitutionnels.

Un récent arrêt de la Cour constitutionnelle autorise dans ce cas le président à rester en fonctions jusqu’à l’élection de son successeur.

L’opposition, qui dénonce cet arrêt comme nul et non avenu, accuse depuis des mois M. Kabila de chercher à trahir la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

M. Tshisekedi, âgé de 83 ans, séjourne en Belgique depuis le 16 août 2014 en « convalescence ». Il a prévu de rentrer mercredi prochain à Kinshasa pour participer le 31 juillet à une manifestation destinée à exiger la tenue dans les temps de l’élection présidentielle.

La majorité au pouvoir a pour sa part appelé à manifester le 29 juillet à Kinshasa pour soutenir le président Kabila et le « dialogue politique national et inclusif » qu’il a proposé en novembre dernier pour des élections « crédibles et apaisées ».

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