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RDC : l’hypothèse d’un troisième mandat de Kabila échauffe les esprits

L’hypothèse d’une candidature pour un troisième mandat du président congolais Joseph Kabila, interdit par la Constitution, échauffe le clergé et l’opposition en République démocratique du Congo (RDC) à l’approche d’une étape cruciale dans la préparation des élections du 23 décembre 2018.

Le puissant épiscopat congolais a menacé lundi de porter plainte contre un des bourgmestres de la ville-province de Kinshasa qu’il accuse d’être entré dans son siège pour arracher des affiches proclamant: « Pas de troisième mandat présidentiel », « Pas de révision constitutionnelle ».

« Si le bourgmestre de la Gombe ne demande pas pardon aux Congolais, la Cenco (conférence épiscopale) va aller en justice contre lui », a déclaré le porte-parole de l’épiscopat congolais, l’abbé Donatien Nshole, à l’AFP. « Nous remettrons ces banderoles aujourd’hui dans l’enceinte du Centre inter-diocésain », a indiqué le prélat. « C’est dans mes attributions d’arracher dans la commune de Gombe tout écrit déployé sans mon autorisation préalable ou celle de l’hôtel de ville », a déclaré à la presse le bourgmestre Dolly Makambo.

Cet incident a lieu alors que le débat sur une possible candidature du président Kabila est ravivé par des ballons d’essais lancés çà et là: thèse sur la nouvelle éligibilité de M. Kabila reprise sur les réseaux sociaux, déclarations de proches du président, affiches dans Kinshasa…

Le second mandat de M. Kabila a pris fin le 19 décembre 2016 dans un climat de violences meurtrières. La Constitution interdit au chef de l’État de se représenter. Selon un scenario fréquemment évoqué, la Majorité présidentielle (MP) se prépare à déposer la candidature de M. Kabila à la Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui va la rejeter avant de saisir la Cour constitutionnelle qui trancherait en faveur du chef de l’État.

‘La Libre Afrique’ a pour sa part fait état d’un scénario « à la burundaise » selon lequel la Cour constitutionnelle donnerait son accord à une nouvelle candidature de M. Kabila en estimant que sa réélection en novembre 2011 après une modification de la Constitution – le passage de la présidentielle à deux tours à un seul – compterait comme premier mandat.

Un des chefs de file de l’opposition, Félix Tshisekedi, et l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito ont exprimé dans un communiqué commun, à l’issue d’une rencontre dimanche à Bruxelles, « le rejet d’un troisième mandat de Joseph Kabila conformément aux principes constitutionnels tels que repris dans l’accord » politique de la Saint-Sylvestre 2016.

Le 24 mai, l’épiscopat avait mis en garde contre des appels en faveur d’un troisième mandat de M. Kabila en RDC, estimant que cette éventualité conduirait à l' »embrassement » de ce pays qui a connu deux guerres ces deux dernières décennies.

Le processus électoral va connaître en juillet une étape décisive avec l’ouverture du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle du 25 juillet au 8 août.

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