© Reuters

RDC : Kabila proclamé vainqueur de la présidentielle, l’UDPS annonce des manifestations

Le président sortant de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, 40 ans, a été proclamé vainqueur de la présidentielle à un tour du 28 novembre, vendredi soir – avec un jour d’avance sur le calendrier prévu – par la Cour suprême de Justice (CSJ), malgré des semaines de contestations du scrutin au plan national et international.

L’investiture de M. Kabila, 40 ans, élu une première fois dans de bien meilleures conditions en 2006, est prévue mardi, alors que la situation était calme samedi matin à Kinshasa, selon Radio France Internationale (RFI).

La CSJ a confirmé la totalité des résultats provisoires annoncés le 9 décembre par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et rejetés par l’opposition, qui attribuaient la victoire à M.

Kabila, avec 48,95% des suffrages, devant dix autres candidats, dont l’opposant Etienne Tshisekedi, 79 ans (32,33%), arrivé second. Ce dernier avait par avance rejeté ces résultats et s’était autoproclamé « président élu » de la RDC.

Vendredi soir, son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), a annoncé l’organisation de manifestations « lundi ou mardi » en RDC pour « faire échec à ce hold-up électoral », a déclaré le secrétaire général du parti, Jacquemin Shabani, à l’AFP.

M. Tshisekedi a reçu le soutien de plusieurs partis d’opposition, ce qui fait craindre un bras de fer avec le pouvoir.

La Cour « proclame élu à la majorité simple président de la République démocratique du Congo Monsieur Joseph Kabila » Kabange, a déclaré vendredi soir le premier président de la CSJ, Jérôme Kitoko, juste après avoir rejeté pour « manque de preuves » le recours du candidat et opposant Vital Kamerhe (troisième avec 7,74%), qui dénonçait de nombreuses irrégularités lors du scrutin.

Sans attendre la proclamation de la CSJ, initialement prévue samedi, six pays voisins – Ouganda, Kenya, Zambie, Tanzanie, Burundi et la République centrafricaine – avaient « félicité » vendredi le président Kabila pour sa réélection. La veille, l’Afrique du Sud avait jugé « globalement OK » les élections – contrairement aux constats faits par plusieurs missions d’observation nationale et internationale.

M. Kamerhe dénonçait notamment des « violations intentionnelles » de la loi électorale par la Céni, « la circulation illégale » de bulletins de vote avant le scrutin, des différences entre des résultats de la Céni et ceux publiés dans les bureaux de vote ou encore des scores de 100% obtenus par M. Kabila dans plusieurs bureaux de vote.

Des rapports d’observateurs nationaux et internationaux, notamment de l’Union européenne, du Centre Carter et ses Etats-Unis, ont aussi déploré le « manque de transparence » ou de « crédibilité » du processus électoral et dénoncé aussi de nombreuses « irrégularités », en particulier lors de la compilation des résultats, avec la perte de milliers de bulletins de vote.

M. Tshisekedi avait d’emblée écarté toute idée de contester les résultats devant la Cour suprême, en la qualifiant « d’institution privée de Kabila ».

Le chef de l’Etat, qui ne s’est pas encore adressé à la nation depuis le 9 décembre, a reconnu des « erreurs » lors de la présidentielle tout en estimant qu’elles n’invalidaient pas les résultats, lors d’une conférence de presse en anglais lundi pour des médias anglophones principalement. Il doit prêter serment mardi.

« Comme le peuple souverain a voté, il faut respecter le choix du peuple et ensuite dialoguer », avec l’opposition, a déclaré à l’AFP le secrétaire général de la Majorité présidentielle, Aubin Munaku, en faisant part de sa « joie » après la réélection du chef de l’Etat.

Héritier du pouvoir à 30 ans après l’assassinat en 2001 de son père Laurent-Désiré Kabila – le tombeur de Mobutu -, élu une première fois en 2006 en promettant le retour à la paix et la reconstruction d’un pays ruiné par deux guerres (1996-1997, 1998-2003), M. Kabila s’était déclaré « sûr » de ne pas perdre lors de sa campagne, après avoir opportunément fait réviser la Constitution en janvier pour faire passer la présidentielle de deux à un seul tour.

En 2006, il avait largement devancé (58,05%) au second tour le vice-président Jean-Pierre Bemba, devenant alors le premier président de RDC élu au suffrage universel direct.

La fin de campagne électorale et le scrutin du 28 novembre dernier avaient été émaillés de violences dans le pays, où au moins 18 civils ont été tués par les forces de sécurité, selon l’ONG Human Rights

Watch (HRW).

L’annonce de la réélection de Kabila par la Céni le 9 décembre avait aussi déclenché des violences, principalement à Kinshasa où au moins cinq personnes sont mortes, d’après les autorités.

Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs arrestations, notamment dans le quartier de Limete, dans la banlieue est de Kinshasa, où le parti de M. Tshisekedi, l’UDPS, a son siège.

Après avoir fait appel à l’ONU, à l’UE et l’Union africaine (UA) notamment, « en vue de solliciter leur médiation », l’UDPS a demandé au « peuple de protéger » sa victoire à travers des « manifestations pacifiques ».

En province, des première « marches pacifiques » de l’opposition ont rassemblé quelques centaines de personnes à Goma, Bukavu (est) et Lubumbashi (sud-est) mardi et mercredi, très vite dispersées par la police ou l’armée.

A Lubumbashi, les soldats de la Garde républicaine ont violemment stoppé la marche, et à Goma des opposants ont été arrêtés.

Le résultat provisoire des législatives, qui se sont tenues simultanément avec la présidentielle, est attendu mi-janvier. Le double scrutin a débuté un cycle d’élections (provinciales, sénatoriales, locales) qui doit se poursuivre jusqu’à l’été 2013.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire