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RDC: fin du face à face, Tshisekedi rentre chez lui

L’opposant congolais Etienne Tshisekedi, l’un des principaux candidats à l’élection présidentielle de lundi en République démocratique du Congo (RDC), a fini par regagner son domicile de Limete, dans l’est de Kinshasa dans la nuit de dimanche à lundi après avoir été retenu durant des heures par la police et sans donc réussir à tenir le meeting électoral qu’il projetait au dernier jour de la campagne, a annoncé dimanche son parti.

« Le président du parti (l’Union pour la Démocratie et le Progès social, UDPS) a été libéré de la séquestration. Il est arrivé à son domicile à 00h15, heure locale (et même HB). Cette libération a tout simplement découlé de la fin officielle de la campagne électorale. Le pouvoir a ainsi empêché à la communauté et aux observateurs internationaux d’être des témoins de la communion de Tshisekedi avec le peuple congolais et du plébiscite populaire en sa faveur. C’était un schéma qui était prévu d’avance, empêcher Tshisekedi de réussir l’apothéose de la fin de sa campagne, a indiqué la direction de l’UDPS dans un communiqué.

« Le président sortant Joseph Kabila n’avait pas prévu de tenir un meeting, et a ainsi trouvé un bon prétexte pour le contrarier », a ajouté le parti de M. Tshsisekedi.

Depuis samedi après-midi et alors que tous les meetings électoraux avaient été annulés par le gouverneur de la ville-province, André Kimbuta, devant l’escale des violences constatées entre partisans entre les différents candidats, la police nationale congolaise (PNC) avait arrêté le convoi de M. Tshisekedi qui tentait de regagner Kinshasa après avoir mené campagne au Bas-Congo (ouest).

Vers 23H30, alors que des discussions avaient été engagées entre la police et des représentants de la mission de l’ONU au Congo (Monusco) et que le barrage semblait en train d’être levé, des policiers ont voulu faire partir de force la vingtaine de voitures du convoi de M. Tshisekedi, en poussant les gens à coups de matraque dans leurs véhicules, a constaté un journaliste de l’AFP.

Durant ces incidents, le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemin Shabani, a été embarqué sans ménagement, tandis que sept ou huit policiers tentaient d’extirper de force le chauffeur du 4×4 de M. Tshisekedi, assis imperturbable à l’avant.

Le convoi s’est finalement ébranlé vers 23h50 en direction de la capitale, et M. Tshisekedi a été ramené chez lui. L’avenue de l’aéroport vers la ville, habituellement encore animée un samedi soir normal, était totalement déserte et dans le noir.

Peu de temps auparavant, M. Tshisekedi avait accusé la mission de l’ONU en RDC (Monusco) d’être « complice du pouvoir ». « Je suis agressé par la police (du président) Kabila, la police ne veut pas que je rentre chez moi. La Monusco propose comme solution que je sois escorté et juge légal ce que Kabila fait », avait-il déclaré à quelques journalistes en refusant d’être escorté « comme un prisonnier ».

Une campagne « normale » pour le ministre de l’intérieur

La campagne électorale s’est achevée dans la violence et la confusion, tous les meetings ayant été interdits suite à la mort d’une personne près de l’aéroport, victime d’un jet de pierre à la tête, et alors que le principal candidat de l’opposition a été bloqué de longues heures par la police à l’aéroport de Kinshasa jusqu’à la nuit.

La campagne, lancée le 28 octobre et qui s’est clôturée samedi à minuit, « s’est déroulée normalement sur toute l’étendue du territoire national, en dépit de quelques incidents inhérents à toute jeune démocratie qui se consolide », a estimé Adolphe Lumanu, le ministre de l’intérieur dans un communiqué.

La décision de suspendre les derniers meetings des candidats à présidentielle a été « dictée par le souci constant et réitéré de préserver la sérénité des coeurs et des esprits qui doit caractériser le processus électoral », a-t-il ajouté.

Selon le ministre, le parti de l’opposant Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle, « a demandé, sans l’obtenir, l’autorisation de tenir son meeting » de fin de campagne samedi à Kinshasa sur un lieu « voisin au stade des Martyrs qui était réservé depuis plusieurs semaines » pour le président Joseph Kabila, qui brigue un second mandat.

Le retour de MM. Tshisekedi et Kabila samedi à Kinshasa après une journée en province « a malheureusement donné lieu à des incidents sanglants » qui ont fait « deux morts » et de « nombreux blessés ».

Des chiffres contestés Au moins trois militants du parti congolais Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS) de l’opposant Etienne Tshisekedi ont été tués samedi « par balles » lors d’affrontements – vraisemblablement avec la police – à Kinshasa, au dernier jour de la campagne pour les élections présidentielle et législatives toujours prévues lundi, a indiqué une équipe de la télévision flamande VRT.

Ces trois corps ont été amenés au quartier général de l’UDPS, installé à Limete, dans la banlieue est de la capitale congolaise, a précisé cette équipe qui s’est rendue sur place. Le président de l’UDPS, toujours bloqué samedi soir entre l’aéroport international de N’Djili, situé plus encore à l’extérieur de la ville, et Kinshasa, a pour sa part fait état de sept morts.

LeVif.be avec Belga

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