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RDC : Élections « satisfaisantes » malgré quelques incidents

Les élections qui se déroulent en République démocratique du Congo sont pour l’instant jugées « satisfaisantes » par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), malgré la mort de 7 à 11 personnes ce lundi à Lubumbashi. Les votes ont été prolongés par endroits en raison de retards dans l’acheminement du matériel électoral. L’AETA-Eurac pointe néanmoins des dysfonctionnements

Les élections présidentielles et législatives tenues dimanche en République démocratique du Congo (RDC) ont été prolongées dans les endroits où elles n’ont pu se tenir en raison des retards dans l’acheminement du matériel électoral, a annoncé ce lundi soir le rapporteur de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Matthieu Mpita.

Cette prolongation s’applique aux sites « qui n’ont pas reçu du matériel », a-t-il précisé au cours d’une conférence de presse à Kinshasa à l’issue d’une journée électorale émaillée d’incidents, mais dont la Céni a toutefois qualifié le déroulement de « satisfaisant » sur l’ensemble de l’immense territoire congolais, selon le communiqué lu par M. Mpita au nom du bureau de cette institution.

La Céni a envisagé quatre cas de figure: un déroulement normal, où le dépouillement suivra immédiatement le vote, prévu pour s’achever onze heures après l’ouverture des bureaux – et donc en principe à 17h00 heures locales -, celui d’une prolongation des scrutins « jusqu’à l’épuisement des électeurs se trouvant dans la file d’attente », celui des endroits où le nombre de bulletins était insuffisant et où les électeurs sont « appelés à rester calmes en attendant les dispositions ultérieures » et enfin celui des bureaux qui n’ont pas ouvert faute de matériel.

« Les électeurs des sites de vote qui n’ont pas reçu des matériels et qui n’ont pas encore procédé à l’ouverture doivent attendre l’arrivée des matériels », souligne le communiqué de la Céni. C’est « une question d’heures » plutôt que de jours, a précisé M. Mpita. Il a dit ignorer combien des plus de 64.000 bureaux de vote étaient concernés.

Entre 7 et 11 morts à Lubumbashi
Au total, plus de 32 millions de Congolais étaient appelés aux urnes ce lundi pour élire leur président et les 500 députés de l’Assemblée nationale, au cours d’un scrutin qui a été marqué par des violences et le vote en dernière minute du principal opposant, Etienne Tshisekedi.

A Lubumbashi – chef-lieu de la province du Katanga – entre sept et onze personnes ont trouvé la mort, ont annoncé deux sources officielles.

Selon le gouverneur de cette province du sud-est du pays, Moïse Katumbi, 8 rebelles ont été tués, ainsi que 2 policiers et une électrice. 11 rebelles ont été arrêtés. Selon le porte-parole militaire, le capitaine Mbav, 4 agresseurs ont été tués ainsi que deux policiers et une civile venue voter dans le bureau de vote du centre de la capitale du Katanga.

A l’aube, Lubumbashi a été le théâtre d’une attaque d’hommes armés contre un convoi transportant du matériel électoral, puis des tirs en rafales d’armes automatiques ont été entendus dans la matinée, provoquant un mouvement de panique.

Plus à l’ouest, à Kananga, dans la province du Kasai oriental, le fief de l’opposant historique et candidat à la présidentielle Etienne Tshisekedi, des bureaux de vote ont été incendiés après la découverte d’urnes contenant déjà des bulletins avant le début du vote, selon une source onusienne. Les opérations de vote ont été très fortement perturbées dans cette ville.

Etienne Tshisekedi a pu voter
A Kinshasa, M. Tshisekedi, le principal rival du président sortant Joseph Kabila, empêché dans un premier temps de voter par la police, a finalement réussi à le faire dans un autre bureau de la commune de Limete, dans l’est de la capitale, selon des sources concordantes.

Après les violences politiques en fin de campagne, l’élection du nouveau président et des 500 députés était annoncée comme étant à risque.

Dans le reste du pays, hormis des retards dus essentiellement à l’absence de matériel électoral qui devait être distribué par la Céni, les bureaux de vote ont ouvert à peu près à l’heure dans ce pays grand comme 80 fois la Belgique. Des électeurs de Mbuji Mayi, la capitale du Kasai oriental, se sont aussi plaints de l’absence de matériel électoral. A Kinshasa, des électeurs ont dû attendre sous la pluie au centre 10.189 à l’école Saint-Georges dans le quartier Kintanbo: craignant des fraudes, les nombreux « témoins » des partis politiques voulaient occuper les deux seuls sièges réservés pour eux dans le bureau.

AETA-Eurac : des élections en temps et en heure, mais avec des dysfonctionnements La mission d’observation conjointe AETA (Agir pour les Élections transparentes et apaisées) – EurAc (Réseau européen pour l’Afrique centrale) – composée d’observateurs locaux et européens – constate dans un communiqué que « malgré toutes les rumeurs annonçant le report des élections, elles ont eu lieu comme prévu le 28 novembre 2011 ».

Sur la base des premiers éléments reçus de ses observateurs déployés à Kinshasa et dans les dix autres provinces, la mission a toutefois relevé un « dysfonctionnement du système » avec l’ouverture tardive de quelques bureaux de vote dont certains ne l’ont été qu’entre 11h00 et 13h00 – au lieu de 06h00, comme prévu par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Les observateurs AETA-Eurac ont aussi constaté « l’absence totale ou partielle du matériel électoral dans nombre de bureaux de vote, particulièrement les bulletins de vote et des isoloirs ».

Ils dénoncent encore la non prise en compte de nombreux électeurs omis de la liste électorale, mais ayant leurs cartes d’électeur, ce qui a « provoqué la désorientation, le découragement et la nervosité des nombreux électeurs » et la « création précipitée d’extensions des bureaux » dont certains non connus par les électeurs, et/ou nécessitant des déplacements parfois longs.

Ils ont enfin constaté « la non-sécurisation du matériel électoral », faisant que des bulletins de vote, cochés ou non, se trouvent, en dehors des bureaux de vote, entre les mains des tiers ».

Selon ces observateurs, les cas constatés de dysfonctionnement ont créé « des tensions qui ont mis certains observateurs nationaux et internationaux en insécurité », dans une allusion aux menaces dont été victimes des observateurs – notamment belge – à certains endroits.

La mission conjointe AETA/EurAc a dès lors demandé à la Céni de prendre des mesures appropriées contre toutes manipulations incontrôlées des bulletins de vote qui poussent la population à la nervosité et de clarifier cette situation devant l’opinion nationale et internationale. Elle a enfin appelé les « services commis à la sécurité électorale » (principalement la police) d’assurer la protection de la population, des témoins, des observateurs et des candidats.


Levif.be, avec Belga

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