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Ravagées par Irma, Saint-Martin et Saint-Barthélémy au défi de se reconstruire

Le Vif

Les îles caribéennes de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, épargnées par José mais dévastées par Irma, attaquaient dimanche le colossal chantier de la reconstruction, alors qu’une partie de la population ne cache pas son exaspération face à l’action de l’Etat français, également critiquée par certains politiques.

Contrairement au scénario redouté, l’ouragan José est passé plus loin que prévu des côtes et a eu des effets « nettement moins marqués » dans les deux territoires, a observé Météo-France.

« C’est un soulagement de fou! On est très heureux, très contents », a confié Junior Joseph, 28 ans, confiné samedi dans un établissement scolaire à Saint-Martin. A ses côtés, Donald Tchuisseu, la trentaine, se dit aussi « soulagé, limite heureux ».

Dans la partie néerlandaise de l’île, des évacuations de touristes devaient reprendre dimanche. Le roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, doit se rendre sur l’île de Curaçao, pour s’informer sur les opérations de secours, puis « si possible » à Saint-Martin.

Saint-Barthélémy et Saint-Martin, paradis tropicaux aujourd’hui dévastés, doivent maintenant affronter de nombreux problèmes dans un paysage de ruines: manque d’eau, de nourriture, pas d’électricité. La situation sanitaire est « délicate », a observé le Premier ministre français Edouard Philippe samedi. Mais l’hôpital est « à nouveau fonctionnel », a assuré le gouvernement dimanche.

« La première consigne donnée » aux forces de sécurité est « de pouvoir apporter de l’eau dans tous les territoires », a dit le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. « Nous avons un million de litres d’eau. Le problème n’est pas de l’avoir, mais de la distribuer », a-t-il souligné.

« La sécurité » est la « deuxième consigne », a poursuivi le ministre, évoquant « un certain nombre de pillages » de magasins et de pharmacies. Il y a eu 11 interpellations jusqu’ici.

Les effectifs militaires et de police vont être « doublés » pour « renforcer rapidement la sécurité des sinistrés », a tweeté le président Emmanuel Macron samedi soir.

Outre les 410 gendarmes et 80 policiers déjà sur place, 380 militaires et 240 gendarmes mobiles étaient « en cours d’acheminement » dimanche, a précisé le gouvernement. Un A400M parti de métropole est aussi arrivé en Martinique samedi, avec des militaires, un hélicoptère et du fret à bord.

Mais la grogne montait chez les habitants tarumatisés de Saint-Martin, dont certains se sentaient abandonnés. « Je suis en colère après Paris et sa gestion de crise », confiait Nicolas, fonctionnaire installé depuis six ans sur l’île.

Un début de polémique politique est aussi apparu à Paris. La présidente du parti d’extrême droite Front national, Marine Le Pen, a dénoncé samedi des moyens « tout à fait insuffisants », et des insulaires « obligés d’organiser leur propre défense ». Le député de droite Eric Ciotti tout comme le héraut de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon ont réclamé une commission d’enquête parlementaire sur la gestion en amont de la catastrophe.

Face à ces critiques, le gouvernement s’est défendu. Son porte-parole Christophe Castaner, a dit « comprendre la colère », mais insisté sur les moyens déployés par l’Etat et la « première priorité » donnée aux secours et pas aux pillages.

L’ouragan Irma a fait au moins dix morts et sept disparus dans les îles françaises, et deux dans la partie néerlandaise, selon un dernier bilan. Au total 25 personnes ont été tuées dans les Caraïbes.

Après avoir frappé Cuba, Irma, remonté en catégorie 4, a frappé de plein fouet dimanche l’archipel des Keys dans le sud de la Floride, où plus du quart de la population a reçu l’ordre d’évacuer.

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