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Rajoy « satisfait » du plan d’aide aux banques espagnoles

Le Premier ministre espagnol est « très satisfait » du plan d’aide européen aux banques de son pays et, puisque tout est réglé, maintient son voyage en Pologne pour le match Espagne-Italie. Méthode Coué?

Mariano Rajoy est « très satisfait ». Le chef de gouvernement espagnol se félicite de l’aide européenne accordée aux banques du pays, un sauvetage de cent milliards d’euros au maximum qui laisse à l’Espagne un répit, mais place son économie sous étroite surveillance.

« Si nous n’avions pas fait ce que nous avions fait ces cinq derniers mois, ce qui se serait passé hier aurait été une intervention pour l’Espagne », a lancé Mariano Rajoy devant la presse, rappelant les réformes engagées par son équipe. « Je crois que nous avons franchi une étape décisive », a ajouté le Premier ministre conservateur, très critiqué pour son silence samedi, au moment où se nouait l’accord entre l’Espagne et ses partenaires de la zone euro.
A reculons, après avoir nié presque jusqu’au bout qu’elle aurait besoin d’une aide, l’Espagne, quatrième économie de la zone euro, a finalement accepté le plan européen qui fait d’elle le quatrième pays, après la Grèce, l’Irlande et le Portugal, à recevoir une assistance extérieure.

Ne parlez pas de « sauvetage » à Rajoy

« Personne n’a fait pression sur moi (…) c’est moi qui ai fait pression parce que je voulais une ligne de crédit pour résoudre un problème important que nous avons ici », s’est défendu Mariano Rajoy. Il a refusé d’employer le mot « sauvetage, que son ministre de l’Economie Luis de Guindos avait lui aussi réfuté la veille, en annonçant que l’Espagne allait enfin demander « une aide financière européenne ».

« Sauvetage »: le mot, tombé comme un coup de massue sur un pays étranglé par l’austérité et le chômage, s’étalait pourtant en grosses lettres dimanche à la Une de toute la presse.
Objectif de ce plan: assainir les banques espagnoles, asphyxiées par leur exposition au secteur immobilier, avec, à la fin 2011, 184 milliards d’euros de crédits problématiques, notamment des prêts risquant de ne pas être remboursés.

Le prêt européen pourra atteindre cent milliards d’euros et sera injecté dans le fonds public espagnol d’aide au secteur bancaire (Frob), qui attribuera ensuite cet argent aux banques qui le demandent. « Les conditions seront imposées aux banques, pas à la société espagnole », a insisté Luis de Guindos. De fait, le gouvernement espagnol, au pouvoir depuis décembre, a réussi à éviter ce qu’il redoutait par-dessus tout: un plan d’aide global pour son économie qui aurait supposé en contrepartie de nouveaux sacrifices pour le pays.

Mais les choses ne sont pas si simples: si l’Espagne s’est assurée du soutien de l’Europe, si elle échappe, pour le moment, à un plan de sauvetage plus large, elle n’en est pas moins placée sous l’oeil vigilant de Bruxelles et n’a plus droit à aucun faux pas.
L’Eurogroupe, en annonçant samedi l’accord conclu lors d’une réunion téléphonique des 17 ministres de la zone euro, s’est dit ainsi « confiant » que le pays « tiendra parole quant à ses engagements en matière de réduction de déficit et de réformes structurelles, en vue de corriger les déséquilibres macroéconomiques ». « Des progrès dans ces domaines seront suivis régulièrement et avec attention en plus de l’assistance financière » fournie, précise le communiqué.

Le quotidien de centre-droit El Mundo soulignait d’ailleurs que l’Eurogroupe a insisté sur le respect des objectifs de déficit et la poursuite des réformes structurelles: augmentation de la TVA, à laquelle Madrid se refuse officiellement, marché du travail, retraites. L’exercice sera délicat, au moment où le pays, retombé en récession, tente de ramener son déficit public de 8,9% du PIB en 2011 à 5,3%, de maîtriser le dérapage budgétaire de ses 17 régions autonomes, de juguler un chômage record de 24,44%.
Le ballon d’oxygène accordé aux banques suffira-t-il à écarter le spectre d’un sauvetage global, redouté de tous car il supposerait une facture de plusieurs centaines de milliards d’euros?
Après plusieurs réformes du secteur financier, faiblesse de l’économie espagnole depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008, la situation s’est brusquement détériorée avec l’annonce début mai du sauvetage de la troisième banque du pays par les actifs, Bankia, pour 23,5 milliards d’euros.

Depuis, sous la pression des marchés et de l’Europe, l’hypothèse d’un sauvetage est devenue chaque jour plus évidente, malgré l’obstination du gouvernement à la nier. Sur la même ligne optimiste, Mariano Rajoy a justifié ce dimanche le maintien de son très contesté déplacement en Pologne pour le match d’ouverture de l’Euro 2012 Espagne-Italie: « Si cette situation n’avait pas été résolue, je n’y serais pas allé ».

LeVif.be avec L’Express

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