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Qui étaient les deux journalistes tués en Syrie ?

Deux reporters, dont un Français, sont décédés ce mercredi à Homs. Portrait de Rémi Ochlik et Marie Colvin.

Rémi Ochlik avait 28 ans. Son métier: photographe de guerre. Le jeune homme a été tué ce mercredi en Syrie, alors qu’il couvrait le calvaire des habitants de Homs, ville bombardée sans relâche depuis près de 20 jours par le régime el-Assad. Une reporter de guerre américaine, Marie Colvin, est également décédée (lire l’encadré), et d’autres journalistes ont été blessés.

Les circonstances de son décès restent encore à confirmer. Un obus serait tombé sur un centre de presse situé dans le quartier rebelle de Baba Amr où il se trouvait avec d’autres journalistes. Des roquettes les auraient frappés alors qu’ils tentaient de fuir. Le militant Omar Chaker évoque des « bombardements sans discernement » et des snipers, mais aucun témoin n’a pu établir fermement, pour l’heure, de quel camp émanait l’obus et les tirs.
Arrivé mardi soir à Homs, il décrivait la situation dans un mail adressé au rédacteur en chef photo de Paris Match. « Je viens d’arriver à Homs, il fait encore nuit. La situation semble incroyablement tendue et désespérée ». Guillaume Clavières, rédacteur en chef photo de l’hebdomadaire, précise à l’AFP que le jeune homme « était parti il y a quinze jours en Syrie avec l’un de nos reporters, Alfred de Montesquiou, mais on les a fait rentrer la semaine dernière. Rémi est reparti tout seul ».

Né en 1983 dans l’est de la France, Rémi Ochlik est venu à Paris pour étudier la photographie à l’école Icart, apprend-on sur le site officiel du jeune photographe de guerre. « Sa première expérience des conflits » a été haïtienne, poursuit sa bio: en 2004, à seulement 20 ans, il a couvert les émeutes et la chute du président Aristide. Ce travail a été primé par le prix François Chalais pour les jeunes reporters et projeté au festival Visa pour l’Image de Perpignan.
Jean-François Leroy, le directeur du festival international, disait alors: « on m’a montré un travail sur les événements d’Haïti. Très beau, très fort. Je ne connaissais pas le mec qui a fait ça. Je l’ai fait venir. Il s’appelle Rémi Ochlik, il a vingt ans. Il a travaillé tout seul, comme un grand. Voilà. Le photojournalisme n’est pas mort ».

Primé au World Press Photo il y a deux semaines

Rémi Ochlik travaillait au sein de l’agence IP3 Press, qu’il avait co-fondée en 2005. Son but: couvrir l’information à Paris et les conflits dans le monde. Il avait notamment couvert les révolutions de 2011 en Tunisie, en Égypte et en Libye. Son travail consacré à la « bataille de Libye » a d’ailleurs été primé au World Press Photo, dans la catégorie « Informations générales ». Ses photos sont visibles sur le site du World Press Photo. C’était deux semaines avant sa mort.
Le jeune homme avait auparavant remporté le Grand Prix du festival européen de journalisme Scoop Grand Lille pour trois reportages à Tripoli, sur la place Tahrir du Caire et en Tunisie, en décembre dernier. Ses travaux ont été publiés dans Le Monde Magazine, VSD, Paris Match, Time Magazine et The Wall Street Journal. Sur le site de Rémi Ochlik on peut trouver de nombreux exemple de son travail.

Rémi Ochlik comptait parmi ses amis Lucas Mebrouk Dolega, un autre photographe de presse français avec qui il a notamment couvert la révolution tunisienne. A 32 ans, Lucas Mebrouk Dolega a été tué en janvier 2011 après avoir été blessé à la tête par un tir de grenade lacrymogène au cours d’une manifestation à Tunis.

Marie Colvin, reporter de guerre Marie Colvin, 55 ans, était la seule journaliste de la presse britannique sur le sol syrien, elle travaillait pour le Sunday Times quand elle a été tuée ce mercredi à Homs.La BBC propose son dernier reportage. Correspondante de guerre de longue date au Moyen-Orient, la ressortissante américaine installée à Londres, a couvert de nombreux conflits (Yougoslavie, Iran, Libye). Elle avait même perdu un oeil lors d’un reportage au Sri Lanka, en 2001. De son métier, elle disait: « Notre mission, c’est de rapporter les horreurs de la guerre avec précision et sans préjugés. (…) Parfois, nous payons le prix fort. » Elle a été primée à de nombreuses reprises, notamment par le Prix de la presse britannique du « Meilleur correspondant étranger », le prix du « Courage en journalisme » de la Fondation internationale des femmes dans les médias, et le prix du journalisme de l’année de l’Association des journalistes de la presse étrangère.

Marie Simon

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