Nikki Haley © Reuters

Qui est Nikki Haley, la nouvelle voix sans chichis de la diplomatie américaine ?

Le Vif

Les diplomates à l’ONU ne l’ont pas encore bien cernée, mais ils sont sûrs d’une chose avec la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis Nikki Haley: cette quadragénaire conservatrice d’origine indienne est devenue la porte-voix de la politique étrangère de Donald Trump.

Alors que Washington a pris en avril la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies, Nikki Haley est montée au front ces derniers jours pour défendre les positions de la diplomatie américaine. Notamment face aux deux puissances adversaires traditionnelles de l’Amérique qui ont un droit de veto au Conseil: la Russie et la Chine.

Et bien que le président américain ait maintes fois exprimé son admiration et son « respect » pour son homologue russe Vladimir Poutine, Nikki Haley s’en est prise à Moscou ce week-end.

A la suite du secrétaire d’Etat et du ministre de la Défense, Rex Tillerson et James Mattis, qui ont accusé vendredi la Russie d' »agresser » l’Ukraine et de « farfouiller » dans les élections d’autres pays, Mme Haley a promis que les agissements de Moscou contre Kiev et les éventuelles ingérences russes dans la campagne présidentielle américaine seraient, le cas échéant, punis.

Et en gage d’indépendance, elle a affirmé que le président Trump « ne l’avait pas appelée une seule fois pour lui dire de +ne pas taper sur la Russie+ ».

Pékin dans le collimateur

Pékin aussi est dans le collimateur de l’ambassadrice. « La Chine dit qu’elle est préoccupée par la Corée du Nord. La Chine veut que la Corée du Nord cesse ses essais » de missiles balistiques, mais « qu’elle le prouve, qu’elle le prouve », a martelé Nikki Haley jeudi dernier. « Le seul pays qui peut stopper la Corée du Nord est la Chine et ils le savent (…). Ils doivent agir et nous allons continuer à leur mettre la pression pour qu’ils agissent », a-t-elle insisté dimanche.

Le président chinois Xi Jinping est attendu jeudi et vendredi en Floride pour une rencontre avec Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago. Ce sera la première entrevue entre les deux dirigeants, sur fond de regain de tensions avec la Corée du Nord.

Pékin a déjà annoncé la fin de ses importations de charbon nord-coréen, conformément aux sanctions de l’ONU visant à convaincre Pyongyang de renoncer à ses programmes nucléaire et balistique.

Insuffisant pour Nikki Haley.

« Nous savons que (le charbon) rentre par d’autres moyens. Nous voulons voir des actions fortes de la Chine pour condamner la Corée du Nord et non pas seulement des paroles », a-t-elle critiqué.

Liberté de ton

La liberté de ton de Mme Haley a vite attiré l’attention dans le milieu feutré des Nations unies. Comme cela avait été le cas pour les ambassadrices à l’ONU du président Barack Obama (2009-2017), Susan Rice et Samantha Power, deux voix qui comptaient dans la diplomatie américaine.

Cette ancienne gouverneure républicaine de Caroline du Sud, 45 ans, fille d’immigrés indiens, veut secouer ce qu’elle appelle une culture institutionnelle « usée » aux Nations unies.

« Les institutions bénéficient toujours de la perspective de quelqu’un venu de l’extérieur », avait-elle affirmé la semaine dernière.

Elle a raconté qu’en Caroline du Sud, elle fut « la première gouverneure issue d’une minorité et la première femme gouverneure ». Un « choc » dans cet Etat conservateur où Nikki Haley s’était fait connaître il y a deux ans en soutenant le retrait du drapeau confédéré des bâtiments officiels après qu’un partisan de la suprématie blanche eut tué en juin 2015 neuf paroissiens noirs dans une église de Charleston. Cette femme dynamique, chaleureuse et directe n’a pas toujours été du côté de Donald Trump.

En février 2016, elle avait jugé que le milliardaire incarnait « tout ce qu’un gouverneur ne veut pas d’un président ». Et juste avant la victoire du 8 novembre, Nikki Haley se disait même « pas fan » du tonitruant candidat républicain.

Dans la foulée de l’élection, elle a toutefois évoqué avec lui le très prestigieux poste de secrétaire d’Etat, mais a assuré lundi que Donald Trump ne le lui a « pas proposé ».

Depuis, elle a gagné ses galons dans la galaxie Trump et monte en première ligne sur les dossiers de politique étrangère. Au point, presque, d’éclipser le très discret chef de la diplomatie Rex Tillerson et face à des conseillers Stephen Bannon ou Jared Kushner qui restent dans l’ombre.

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