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Qui est Matteo Renzi, le chef de la gauche Italienne ?

Le Vif

Matteo Renzi, qui a obtenu jeudi la démission du Premier ministre Enrico Letta auquel il va sans doute succéder, est un jeune dirigeant pressé d’arriver au pouvoir, qui s’inspire du style et du discours de Tony Blair et Barack Obama.

La semaine dernière encore le chef du Parti démocrate (PD, gauche), également maire de Florence, affirmait que le gouvernement Letta devait durer 18 mois. Mais il a rapidement changé d’avis: après avoir contribué à l’affaiblir par des attaques incessantes, il a poussé M. Letta à la démission après un vote du parti pour réclamer un changement de gouvernement.
Pratiquement inconnu il y a un an et demi, Renzi est, à 39 ans, un « jeunot » de la politique italienne, dont le programme initial a consisté à « mettre à la casse » (« rottamare ») les caciques de son parti. Il y est déjà parvenu puisque aussi bien l’apparatchik Massimo D’Alema, ex-Premier ministre, que Walter Veltroni, ex-maire de Rome, ont renoncé à participer aux législatives de février 2013.

Elu à la tête du PD -première force de gauche du pays et premier parti de la majorité gouvernementale- le 8 décembre, M. Renzi dit vouloir le refonder, à la manière du « New Labor » promu en 1994 par le futur Premier ministre britannique Tony Blair, pour en faire « un parti plus agile et innovateur ». Lors d’un sondage effectué il y a trois semaines à peine, 54% des Italiens disaient avoir un avis favorable sur le jeune leader politique. Le « peuple de gauche » semble enclin à un changement de cap radical après le score décevant de son prédécesseur, Pierluigi Bersani, un homme d’appareil dont la victoire exiguë aux législatives de février 2013 a contraint la gauche à s’allier à la droite pour gouverner.

Dynamique, ambitieux, « assoiffé de pouvoir », selon un universitaire, Matteo Renzi a le physique du gendre idéal, avec un visage poupin et un accent toscan teinté d’un léger zozotement. Il est considéré comme un personnage « transversal », capable de séduire à droite, au point d’impressionner jusqu’à Silvio Berlusconi. Critiqué pour un programme politique aux contours flous (moins de dépenses publiques, moins de bureaucratie), plutôt distant du monde syndical, Renzi se distingue surtout par ses talents de tribun. Ses petites phrases à l’humour florentin font mouche: « on m’accuse de voler des voix à droite mais je vous donne un scoop: on a perdu les dernières élections ».

Peu marqué idéologiquement, il s’inspire volontiers dans l’allure du président américain Barack Obama, aimant se présenter manches de chemise retroussées. Souvent vu en train de participer à des marathons ou circulant à bicyclette dans sa ville, il aime arborer une veste de cuir qui lui a valu des satires le montrant comme Fonzie, héros de la série américaine Happy Days (Les Jours Heureux). Né le 11 janvier 1975 à Florence, ce diplômé en droit, ancien chef scout catholique, commence à militer à 19 ans sur les traces de son père, élu local démocrate-chrétien.

Avant de se lancer en politique, Matteo Renzi travaille pour la société de services marketing CHIL qui appartient à sa famille, et réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires grâce au journal centriste de Florence, La Nazione. Le grand saut a lieu en 2001 quand il devient le coordinateur local du parti chrétien de centre gauche La Margherita. Ce modéré est choisi par le centre gauche pour les élections provinciales de juin 2004 qu’il remporte haut la main avec 58,8% des voix. En 2006, il publie un livre sur son expérience à la tête de la province de Florence, intitulé « Entre De Gasperi (dirigeant historique de la Démocratie chrétienne) et (le groupe de rock) U2 ». Pendant son mandat de cinq ans, il prône déjà le renouvellement de la politique et se rend populaire en abaissant les impôts locaux. Mais c’est dans la course à la mairie de Florence qu’il se fait le plus remarquer. Le PD a un autre candidat mais M. Renzi gagne par surprise les primaires du centre gauche en février 2009, prélude à sa victoire aux municipales en juin suivant. M. Renzi est marié à une ancienne camarade de scoutisme, Agnese, enseignante d’italien à contrats précaires. Ils ont trois enfants.

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