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Qui est le président que les Yéménites élisent ?

Les bureaux de vote ont ouvert ce mardi pour élire le nouveau président du Yémen qui succèdera à Ali Abdallah Saleh. Le vice-précident Abdd Rabbo Mansour Hadi, unique candidat à l’élection, sera-t-il à la hauteur ?

Les bureaux de vote pour la présidentielle yéménite anticipée ont ouvert ce mardi. A Sanaa, la capitale, le vote a commencé en début de matinée pour ce scrutin à candidat unique qui doit permettre au vice-président Abdd Rabbo Mansour Hadi, 66 ans, de remplacer le président Ali Abdallah Saleh conformément à un accord signé en novembre, avec les pays du Golfe.

Abdd Rabbo Mansour Hadi qui votait, mardi, dans un bureau de vote de Sanaa, a glissé son bulletin dans l’urne sous les applaudissements des habitants. « Il s’agit d’un jour historique pour le Yémen. Nous tournons la page du passé et ouvrons le nouveau chapitre dans lequel nous écrirons l’avenir du nouveau Yémen », a déclaré le futur président. Son mandat a été fixé à deux ans, afin de permettre « une transition pacifique » à la tête de l’Etat et d’entamer la reconstruction du pays.

Ministre de la Défense en 1994 puis vice-président, le maréchal Abdd Rabbo Mansour Hadi a occupé le devant de la scène politique yéménite en assurant pendant quatre mois l’intérim du président Saleh, grièvement blessé lors d’un attentat en juin. Plutôt discret, ce militaire de carrière avait su conquérir le respect de la classe politique, y compris de l’opposition.

« Un nouveau chapitre »

Lors d’un discours télévisé dimanche soir, il avait promis d’entreprendre des « réformes radicales ». Lui-même originaire du Sud, il envisage de prendre à bras le corps les problèmes de cette région où les autonomistes restent puissants et où des violences ont eu lieu lundi, faisant deux morts. Il compte aussi répondre aux enjeux du Nord du Yémen où les rebelles chiites ont décidé de boycotter l’élection sur fond de violences qui ont fait deux morts lundi.

Autre cible désignée: le terrorisme. « Le chaos qui a régné dans le pays a été exploité par Al-Qaïda pour tenter d’étendre son influence », notamment dans l’Est et le Sud du pays. « Il est de notre responsabilité de mettre fin à ces agissements terroristes qui sont contraires à la religion », a déclaré le futur président.

Un appel à l’aide internationale

Abdd Rabbo Mansour Hadib s’est aussi inquiété de la situation économique du pays et a lancé un appel à une aide internationale pour son pays dévasté. « Le Yémen a traversé des mois éprouvants et les observateurs les plus optimistes nous ont prédit un sort semblable à celui de la Somalie », a affirmé le vice-président. « Les problèmes économiques demeurent en tête de nos priorités et les circonstances nous poussent à renouveler la demande aux pays frères et amis d’allouer rapidement au Yémen les fonds rassemblés par les conférences des donateurs et des Amis du Yémen », a-t-il déclaré.

Le futur président a par ailleurs souhaité saluer le président Saleh. « Nous n’aurions pas pu parvenir à ce règlement s’il n’avait pas (…) fait primer l’intérêt de son pays sur toute considération de vengeance et s’il n’avait pas évité toute réaction qui aurait pu conduire le pays à la catastrophe ». Grâce à l’accord de sortie de crise, le président Saleh ne fait pas que préserver « l’intérêt du pays », il se met aussi à l’abri de poursuites: ses proches et lui-même bénéficient de l’immunité. Aux Etats-Unis, où il séjourne pour raison médicale, il a naturellement appelé à voter pour son successeur désigné, seule candidat au scrutin symbolique.

Chloé Gibert

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