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Quels pays profitent de l’EI ?

Le Vif

Tout le monde ne souhaite pas voir disparaître l’EI. Il y en a même certains que le « califat » arrange bien.

Le « califat » autoproclamé est désormais la cible à abattre. Les États-Unis, la France, l’Iran et la Russie sont maintenant en guerre contre lui. Rien de surprenant lorsqu’on sait la menace que cette dictature djihadiste fait peser sur la région, mais aussi ailleurs. En effet, pour compenser ses reculs à l’intérieur de son territoire, il semble que le califat se projette de plus en plus vers l’extérieur. Obama n’a d’ailleurs pas hésité à comparer le pouvoir de nuisance de l’organisation à un « cancer ». Cependant malgré les actions militaires menées par différent pays, il semble que les structures de l’EI et sa capacité d’attraction n’ai pas faibli d’un iota selon le constat du renseignement américain précise Le Monde.

Cette résistance serait due en partie aux positions pour le moins floues des autres acteurs présents dans la région. Selon un spécialiste interviewé par le Nouvel Obs, Olivier Roy, l’Irak, la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, Israël et Bachar al-Assad n’ont pas vraiment envie de rayer l’EI de la carte puisqu’ils y trouvent « un intérêt par défaut ». Ou plutôt une aide pour éradiquer leur ennemi principal. Un ennemi qui varie en fonction des intéressés.

« En Irak, les tribus sunnites ont eu recours à Daech pour se protéger des exactions des milices chiites ; les chiites d’Irak, eux, ne veulent pas prendre Falloujah ou Mossoul, parce que ça les obligerait à intégrer politiquement les Arabes sunnites, ce que leur demandent les Américains depuis dix ans », selon le spécialiste.

L’Iran lui ne cherche qu’à sauvegarder Bachar Al-Assad, son allié. Un allié dans lequel il a beaucoup investi et qu’il ne veut pas voir s’écrouler. Or l’EI permet à Bachar al-Assad de se poser comme l’ultime rempart. De quoi redorer quelque peu son blason pour le moins terni par les exactions de son régime. Une attitude aussi adoptée par les Iraniens.

En Turquie, l’ennemi principal, c’est les Kurdes. Détruire l’EI reviendrait à renforcer ces derniers, ce que la Turquie ne souhaite pas. Pourtant le principal souci des Kurdes est de garder leurs frontières. Le pire pour les Kurdes d’Irak serait un État central fort à Bagdad. Et c’est précisément ce que la présence de l’EI empêche.

Les Saoudiens ont comme ennemi principal l’Iran et pas L’EI et son radicalisme sunnite qu’ils ont toujours soutenu. Du coup il préfère s’acharner sur le Yémen plutôt que sur l’EI selon Le Monde.

Enfin, pour les Israéliens, l’EI a l’énorme avantage de provoquer des guerres entre Arabes. « Ils ne peuvent que se réjouir de voir le Hezbollah se battre contre des Arabes, la Syrie s’effondrer, l’Iran être empêtré dans une guerre, tandis que la question palestinienne devient une cause secondaire », précise encore Olivier Roy.

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