Le Guide suprême Khamenei (3ème à gauche) et Hassan Rohani durant la cérémonie d'approbation du nouveau président à Téhéran en 2013 © BELGAIMAGE

Quelle place pour le président dans l’architecture politique iranienne?

Stagiaire Le Vif

Le premier tour des élections iraniennes opposera les quatre candidats restants au poste présidentiel. Dans un pays où la plus haute figure d’autorité est le Guide suprême, quelle place reste-t-il au président ?

55 millions d’Iraniens seront appelés demain à voter pour leur prochain président. La bataille fait rage entre le candidat du camp « modéré » et celui des conservateurs. Cependant, le président n’est pas la plus haute figure d’autorité au sein de la République islamique d’Iran. Ce rôle revient à l’ayatollah Khamenei, l’actuel Guide suprême. La question se pose alors de savoir quels sont le rôle et l’importance du président iranien.

Dualité de la Révolution de 1979: pourquoi des élections ?

La République Islamique d’Iran est née en 1979, suite à une révolution ayant renversé Reza Shah Pahlavi. C’est un régime hybride se revendiquant d’une double légitimité. Tout d’abord, c’est une République. Le Régime tire donc une partie de sa légitimité du peuple, mais c’est aussi une République islamique. Le régime iranien est donc également basé sur une légitimité religieuse. Cette dualité explique la tenue d’élection présidentielle tous les quatre ans. Le fait que la base de la Révolution islamique ait été populaire,comme l’explique Clément Therme, chercheur à l’International Institute for Security Studies, lors d’une émission de France Culture. Cet élément rend les élections nécessaires pour maintenir l’élite iranienne au pouvoir. Elles servent également à régler la compétition entre les différentes factions coexistant au sein de cette élite, et à montrer la couleur politique que le peuple veut donner au gouvernement.

Le guide suprême et le président

L’architecture constitutionnelle de l’Iran est basée sur la doctrine du veleyat-e-faqih, qui confère le pouvoir au guide Suprême. L’ayatollah Khamenei représente donc la plus haute autorité existante du pays. C’est lui qui détermine l’orientation politique intérieure et extérieure iranienne. Il est également le chef des armées, et nomme les candidats aux postes clés de la République islamique. Rien ne se passe en Iran sans l’aval de Khamenei.

Ne définissant pas l’orientation générale de la politique iranienne, la place du président semble donc être limitée à celle de « l’intendant général de l’Etat » comme le dit le journal français RFI. Le président tient le rôle du chef de l’exécutif. Il vérifie la bonne application de la constitution et est également chef du conseil des ministres. Il préside le conseil suprême de sécurité nationale. Le président implémente les lois votées par le Majlis et signe les traités internationaux.

Cependant, comme écrit dans un rapport de la Rand corporation, « le système est bien plus que ce qu’autorisent juste les institutions dans le pays ». Ce qui importe, c’est la combinaison entre un poste particulier et la personne qui l’occupe. Un président peut donc avoir une certaine influence ainsi qu’une marge de manoeuvre politique proportionnelle à son charisme, ses relations politiques, et ses liens avec le Guide Suprême. De la sorte, les experts identifient les mandats de Khatami comme ayant été une présidence « faible », et ceux de l’ancien président Ahmadinejad comme ayant été « fort ». De même, le guide suprême n’est pas omnipotent. En effet, en fonction de la personne occupant la présidence, « le président peut aborder une question de politique intérieure ou extérieure de la sorte que le Guide suprême n’ai le choix que de soutenir la position du président ».

L’influence du futur président dépendra donc de ses relations au sein de l’oligarchie iranienne.

Chloé de Radzitzky

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