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Quel avenir pour l’énergie nucléaire au Japon ?

Le Vif

Le Japon a mis fin à une période de deux ans sans nucléaire, une absence qu’il a réussi à combler tout en se disant déterminé à recourir de nouveau à l’énergie atomique pour des raisons économiques et écologiques. Explications.

Comment le Japon a-t-il pu fournir assez d’électricité sans aucun réacteur depuis septembre 2013 ?

Entre avril 2014 et mars 2015, 91,15% de l’électricité du Japon était produite avec les énergies fossiles, 8,5% par les centrales hydrauliques et le reste (0,35%) par les autres énergies (solaire, éolienne, géothermique), selon la confédération des dix compagnies régionales d’électricité.

Ces dernières ont augmenté la production de leurs centrales au gaz, pétrole et charbon et en ont remis en marche pour pallier l’absence des réacteurs nucléaires qui fournissaient entre un quart et un tiers de l’électricité avant l’accident de Fukushima en mars 2011.

En outre, les tarifs de l’électricité ont augmenté de plus de 20% le plus souvent, ce qui a incité les entreprises et particuliers à réduire leur consommation électrique.

Quel est le coût de cette absence d’énergie nucléaire ?

Masakazu Toyoda, expert de l’Institut de l’économie énergétique du Japon (IEEJ), a évalué dans un rapport à 3.600 milliards de yens (26,7 milliards d’euros) la somme supplémentaire dépensée chaque année par le Japon en hydrocarbures pour compenser. Il ajoute que cette privation d’énergie nucléaire a entraîné des déficits commerciaux importants, freiné l’activité dans l’archipel et restreint les rentrées fiscales (TVA, impôts sur les bénéfices des sociétés).

Selon lui, si le Japon n’avait pas eu l’énergie nucléaire entre 1965 et 2010, il aurait dépensé 33.000 milliards de yens (245 milliards d’euros) en importations d’hydrocarbures, mais cette « économie » risque d’être aux deux tiers consommée d’ici à 2020 du fait de l’arrêt total ou partiel des réacteurs.

Quelle part d’énergie nucléaire prévoit le Japon ?

Le gouvernement vise 20 à 22% de l’électricité d’origine nucléaire, afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26% entre 2013 et 2030, conformément aux engagements pris envers la communauté internationale. L’organisation écologiste Greenpeace estime pour sa part à seulement 2 à 8% la proportion d’électricité qui sera d’origine nucléaire, pour des raisons techniques et du fait de l’opposition de certaines régions et d’une partie des Japonais.

Combien de réacteurs sont-ils susceptibles de redémarrer?

« Difficile de donner un nombre », répond un expert du secteur souhaitant rester anonyme.

Une fois exclues les six tranches dévastées de la centrale Fukushima Daiichi, le pays compte 48 unités, dont cinq au moins doivent être démantelées.

Sur le plan technique (âge, localisation et conditions des installations), un peu plus de 30 seraient susceptibles de redémarrer, mais il faut composer avec les réticences de certaines préfectures dont le feu vert politique est nécessaire.

Greenpeace juge a contrario que les compagnies n’arriveront pas à relancer tous les réacteurs potentiellement exploitables.

De nouveaux réacteurs seront-ils ensuite nécessaires ?

La construction de nouveaux réacteurs ne sera a priori pas nécessaire, « si sont obtenues les extensions de durée d’exploitation jusqu’à 60 ans demandées par les électriciens. Mais la question du remplacement se posera nécessairement avant 2030 », a expliqué à l’AFP le conseiller nucléaire de l’ambassade de France au Japon, Christophe Xerri.

Dans l’idéal, les électriciens souhaiteraient pouvoir fermer des réacteurs en échange de la construction de nouvelles unités de conception récente.

Avec l’Afp

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