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Québec: le gouvernement veut légiférer contre la fronde des étudiants

Le Premier ministre Jean Charest a provoqué une levée de boucliers en déposant jeudi soir un projet de loi qui restreindrait fortement le droit de grève, pour tenter de briser le mouvement étudiant.

Une loi pour frapper les organisateurs de piquets de grève au porte-monnaie? Le gouvernement québécois du libéral Jean Charest, a déclenché une levée de boucliers en déposant jeudi soir un projet de loi pour tenter de briser le mouvement de grève des étudiants.

Jean Charest compte sur une forte restriction du droit de manifester pour aboutir au moins à une « pause » dans le conflit étudiant le plus important de l’histoire du Québec, qui dure depuis la mi février, et a déjà entraîné la démission de la ministre de l’éducation.

« Je veux que le Premier ministre rencontre les étudiants aujourd’hui », a réagi la dirigeante du Parti Québécois et chef de l’opposition officielle Pauline Marois, bruyamment applaudie par ses partisans. « Il faut dialoguer, sans passer par une loi spéciale-matraque », a-t-elle poursuivi avec émotion.

Quelques heures plus tard, les leaders étudiants ont lancé un ultime appel à la négociation pour mettre fin à la grève des cours contre la hausse des frais de scolarité à l’université: une augmentation de 1780 dollars (82%), étalée sur cinq ans, pour arriver à près de 4000 dollars par an, plus près de la moyenne nord-américaine.

Les représentants des principaux syndicats d’étudiants se sont unis pour la première fois à des personnalités politiques de l’opposition -dont Pauline Marois, et plusieurs députés- pour tenir une conférence de presse retransmise en direct à la télévision publique, quelques heures avant le dépôt du projet de loi au parlement.

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Une loi spéciale « ne fera qu’envenimer la situation »

Les professeurs d’université sont entrés à leur tour de plain pied dans le conflit. La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université s’est prononcée contre le projet de loi spéciale, qui « ne fera qu’envenimer la situation » selon elle.

Jean Charest refuse une nouvelle négociation, invoquant le durcissement de la position des étudiants, ce que ces derniers contestent. Le projet de loi spéciale, dévoilé jeudi soir, prévoit notamment une forte restriction du droit de manifester et de très lourdes amendes pour les organisateurs de piquets de grève. Un individu seul, par exemple, encourrait une amende de 1000 à 5000 dollars. Une association d’étudiants qui organiserait un tel rassemblement ou lancerait le mot d’ordre de bloquer l’accès à une université risquerait, elle, de devoir payer de 25.000 à 125.000 dollars, le double en cas de récidive.

La nouvelle loi, « pire », pour les étudiants, « que l’augmentation des droits de scolarité »

« Cette loi est, et de loin, pire que l’augmentation des droits de scolarité pour les étudiants » a carrément lancé Léo Bureau-Blouin, le président de la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec). De son côté, Gabriel Nadeau-Dubois, président de la CLASSE, le syndicat le plus radical, a affirmé que le texte était tout simplement « anticonstitutionnel » et a appelé à la « désobéissance civile ».

Selon le gouvernement, 30% seulement des étudiants boycottent les cours, la grève paralysant 14 collèges universitaires sur 48 et « certaines facultés » de 11 universités sur 18 au total. La dernière offre du gouvernement -massivement rejetée par les étudiants grévistes- prévoit une augmentation sur sept ans, au lieu de cinq ans initialement. Jean Charest souligne qu’en contrepartie, les prêts et bourses augmenteront également, ce qui devrait annuler la hausse pour environ un étudiant sur deux.

Le Vif.be avec L’Express.fr

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