La province francophone canadienne vit depuis la mi-février la plus importante contestation estudiantine de son histoire, en réaction à la hausse de 75% des frais de scolarité. La ministre de l'Education a présenté sa démission. © Image Globe

Québec : la ministre de l’Education démissionne suite au conflit étudiant

La province francophone canadienne vit depuis la mi-février la plus importante contestation estudiantine de son histoire, en réaction à la hausse de 75% des frais de scolarité. La ministre de l’Education a présenté sa démission.

La ministre de l’Education québécoise, Line Beauchamp, a démissionné, lundi soir, alors que la province francophone canadienne vit depuis deux mois le plus important mouvement de contestation estudiantin de son histoire autour de la hausse des frais de scolarité. Les manifestants voient dans la hausse des droits d’inscription à l’université une remise en cause du droit à l’éducation supérieure pour tous.

« J’espère que cela servira d’électrochoc. Tant mieux si, dès demain, ça amène un mode compromis », a annoncé la ministre, visiblement émue, lors d’un point de presse retransmis en direct à la télévision. « Je ne démissionne pas devant l’intimidation. Je ne cède pas devant le vandalisme, devant la désobéissance civile (…) Je démissionne parce que j’estime que je ne fais plus partie de la solution ».

165.000 étudiants en grève, 14e semaine

Line Beauchamp démissionne au début de la quatorzième semaine du conflit estudiantin le plus long de l’histoire du Québec. Quelque 165.000 étudiants sont en grève et manifestent quotidiennement, sans relâche depuis février, de nuit, de jour, parfois presque entièrement nus, pour attirer l’attention des responsables politiques et des médias du monde entier.

Line Beauchamp a pris cette décision à la suite du rejet par ses interlocuteurs d’une proposition du gouvernement provincial pour sortir de la crise, affirmant avoir perdu confiance dans la volonté des dirigeants étudiants de trouver une solution. « J’en arrive à la conclusion personnelle que j’ai perdu confiance en la volonté des leaders étudiants quant à la recherche d’une véritable sortie de crise. Personnellement, à titre de ministre de l’Education, je n’ai jamais réussi à leur faire faire un compromis. Alors moi, personnellement, j’ai fait l’ultime compromis que je puisse faire, je cède la place. »

Elle a été remplacée immédiatement par Michelle Courchesne qui cumulera désormais les fonctions de vice-première ministre et ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport avec celles de ministre responsable de l’Administration gouvernementale et de présidente du Conseil du trésor, qu’elle occupait déjà.

Ancienne ministre de l’Education de 2007 à 2010, Michelle Courchesne a participé aux négociations avec les étudiants. Elle s’y serait montrée plus souple que Line Beauchamp, selon Jean-Pierre Charbonneau, ancien ministre et député du Parti Québécois.

Le problème n’est pas Line Beauchamp, mais la hausse des frais scolarité

Les représentants des syndicats étudiants ont accueilli l’annonce plutôt froidement. « Le problème pour nous, ça n’a jamais été Line Beauchamp » a dit Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l’organisation la plus revendicatrice, la CLASSE (Coalition Large de l’Association pour une Solidarité Syndicale Etudiante).

« Le problème c’est la hausse des frais de scolarité. Ce n’est pas en changeant de ministre qu’on va régler la crise actuelle. On va régler la crise lorsqu’on va accepter de parler de la raison pour laquelle les gens sont en grève », a-t-il ajouté.

Le gouvernement n’a jamais voulu revenir sur la hausse décidée. Le dernier accord qu’il a proposé prévoit une augmentation des droits de scolarité à l’université de 1.780 dollars sur sept ans, au lieu de cinq ans initialement, pour arriver à près de 4.000 dollars par an, plus près de la moyenne nord-américaine. En contrepartie, les prêts et bourses augmenteraient également et les frais annexes imposés aux étudiants par les universités pourraient être réduits, mais sans que cela soit assuré.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire