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Que signifie vraiment la quenelle ?

Le Vif

Alors que beaucoup de supporters de Dieudonné démentent la nature antisémite de la quenelle, geste popularisé par l’humoriste, LeVif.be réunit les définitions qu’en ont faites en France ses soutiens et ses détracteurs.

La quenelle est-elle un geste antisémite, néonazi ou juste un bras d’honneur moderne, un « allez tous vous faire foutre » qui se moque du système ? Le geste est au coeur de l’attention depuis le parquet de Paris a ouvert lundi une enquête préliminaire pour « incitation à la haine raciale » sur les propos antisémites de Dieudonné visant le journaliste de France Inter Patrick Cohen, a-t-on appris de source judiciaire. Après les mises en garde du ministère de l’Intérieur à l’encontre de Dieudonné et la multiplication de ce geste par ses soutiens -célèbres ou anonymes -, la question reste posée. Nicolas Anelka risque une sanction sportive (5 matches de suspension) pour avoir effectué ce geste pendant un match de Premiere League. L’enquête de Fédération anglaise de football devra pour cela déterminer si le geste est « discriminatoire ». Un bras d’honneur pourrait donc passer, un signe de reconnaissance antisémite serait condamné.

Dieudonné : « Soyez subversif »

Quand il remercie Anelka pour son geste dimanche, Dieudonné n’oublie pas de créer un mot-dièse à la fin de son tweet, qui précise que « la quenelle n’est pas un signe nazi ou antisémite ».
Dans une de ses vidéos, Dieudonné avoue en août qu’il n’imaginait pas que « ça aille aussi loin », recevant chaque jour des contributions de ses fans. « Ce concept, cette formule magique ne m’appartient plus (…) Soyez subversif, désobéissez, faites chier ce système de merde! » Une signification dans laquelle se retrouve une grande partie des supporters de l’humoriste-polémiste.
Après le geste d’Anelka, l’avocat de Dieudonné a qualifié la quenelle de « bras d’honneur détendu » estimant qu’il allait « être désormais difficile de démontrer la nature raciste de geste ».

La Licra : « Un salut nazi inversé »

Dans une lettre aux ministres de la Défense et de l’Intérieur, Alain Jakubowicz, le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), qualifie la quenelle de deux chasseurs alpins devant une synagogue de « signe de ralliement à Dieudonné et correspondant au salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah ».

A la suite de cette déclaration, Dieudonné a porté plainte pour diffamation, ajoutant une couche de scandale et de provocation en soignant la citation à comparaître. Au-delà de la réponse très provocante de Dieudonné, l’usage qui est fait de la quenelle prouve que certains l’utilisent à des fins antisémites. Ces derniers se photographient en train de faire le geste devant des lieux de mémoire de la Shoah ou l’école confessionnelle de Toulouse dans laquelle Mohamed Merah avait fait trois victimes.

L’avis d’un spécialiste de l’extrême-droite : « Une forme de préjugés »

Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l’extrême droite, aborde le problème différemment dans leJournal du Dimanche. S’il y voit un « geste antisystème tout court et aussi un geste antisystème contre le complot juif », régulièrement mentionné par Dieudonné. Pour lui c’est un geste antisémite, qui n’a rien à voir avec le néonazisme. Il conclut : « Pour certains, il risque de devenir un signe de ralliement, une forme juridiquement acceptable de certains préjugés ».

Emma Defaud

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