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Quand Salah Abdeslam convoyait dix membres de la cellule djihadiste en Europe

Dans les mois qui précèdent les attentats de Paris, Salah Abdeslam parcourt l’Europe, pour aller chercher dix membres de la cellule djihadiste partis de Syrie. Le dernier suspect encore vivant des commandos du 13 novembre apparaît comme une pièce maîtresse de l’organisation des attaques, mais il refuse toujours d’en dévoiler les secrets.

L’enquête menée à Paris par les juges antiterroristes a depuis longtemps mis en évidence le rôle supposé de Salah Abdeslam dans l’acheminement de certains djihadistes en Europe, via la Hongrie et l’Allemagne, où il a été localisé. Une note du contre-terrorisme hongrois, récemment révélée par le Centre d’analyse du terrorisme (CAT), et qui a vocation à être transmise à la justice française, vient éclairer un peu plus sa mission de convoyeur au service du djihad.

En quatre allers-retours, toujours à bord de voitures de location, Abdeslam a convoyé dix djihadistes de retour des zones irako-syriennes jusqu’en Belgique, base arrière du réseau. La plupart sont liés aux attaques du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts) et du 22 mars à Bruxelles (32 morts), revendiquées par le groupe Etat islamique.

A trois reprises, sa mission le mène en Hongrie, une étape incontournable sur la route des djihadistes. Selon la note hongroise, « plus de dix membres de la cellule terroriste (…) ont séjourné ou transité en Hongrie entre juillet et novembre 2015 », en tirant profit des routes ouvertes pour les migrants. Parmi eux, son ami d’enfance et coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, selon le renseignement hongrois.

30 août, Hongrie: deux assaillants de Paris

Au volant d’une BMW, Salah Abdeslam roule vers Kiskorös, au sud de la Hongrie où deux futurs membres des commandos parisiens l’attendent depuis trois jours: Bilal Hadfi, kamikaze du Stade de France et Chakib Akrouh, l’un des tireurs des terrasses parisiennes, mort le 18 novembre 2015 lors de l’assaut du RAID à Saint-Denis.

Avant de remonter avec leur chauffeur vers la Belgique, Hadfi et Akrouh ont laissé derrière eux un téléphone portable. D’après l’exploitation des données, « il est établi que les mouvements et les activités des terroristes en Europe étaient pilotés depuis le quartier général de l’EI en Syrie », expliquent les services secrets hongrois dans leur note.

9 septembre, Hongrie: un articifier et un logisticien

Abdeslam arrive en Mercedes sur le parking de la gare ferroviaire de Keleti, à Budapest, où l’attendent Mohamed Belkaïd et Najim Laachraoui, qui voyagent alors avec les fausses identités de Samir Bouzid et Soufiane Kayal. Le même jour, le trio est contrôlé en Autriche sur une aire d’autoroute, sans être inquiété, comme l’indiquent des éléments de l’enquête judiciaire française. Aux policiers, ils ont expliqué qu’ils comptaient passer des vacances à Vienne.

Selon les enquêteurs, Belkaïd est suspecté notamment d’avoir envoyé un virement de 750 euros à la cousine d’Abaaoud pour aider ce dernier dans sa cavale après les attentats du 13. Il aurait aussi participé à la coordination des attentats depuis Bruxelles

Mohamed Belkaïd sera tué le 15 mars lors d’une opération contre une planque en Belgique. Une semaine plus tard, Najim Laachraoui, artificier présumé de la cellule djihadiste, se fait exploser dans l’attaque contre l’aéroport de Bruxelles.

17 septembre, Hongrie: le commando du Bataclan

Salah Abdeslam se rend une nouvelle fois, en Audi A6, à la gare de Keleti de Budapest où il récupère les trois futurs assaillants du Bataclan: les Français Ismaël Omar Mostefaï, Samy Amimour et Foued Mohamed-Aggad, arrivés par le train huit jours plus tôt par la route des migrants, sous de fausses identités. En attendant leur chauffeur, ils ont séjourné dans un hôtel, où ont été retrouvées les copies de leur faux passeports syriens. Selon cette note, Mostefaï a encaissé le 16 septembre un virement de 1.000 euros émis depuis la Belgique vers une agence Western Union de la gare.

2 octobre, Allemagne: dernier voyage

Quinze jours plus tard, Salah Abdeslam reprend la route à bord d’une BMW, direction Ulm, en Allemagne. Il récupère de nuit Sofiane Ayari, Osama Krayem et Ahmed Alkhald. Les deux premiers seront interpellés en Belgique, en mars et avril. Le dernier s’est envolé trois jours après les attentats vers la Turquie, probablement pour rejoindre la Syrie.

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