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Quand le Vatican minimisait les crimes de Pinochet

Le Vif

Selon des documents des missions diplomatiques américaines datant des années 70 révélés sur le site Wikileaks, le Vatican a minimisé les crimes du dictateur chilien Augusto Pinochet, les qualifiant de « propagande communiste ».

Un câble envoyé par l’ambassade américaine auprès du Saint-Siège le 18 octobre 1973 fait ainsi état d’une conversation avec celui qui était alors numéro deux de la Secrétairerie d’Etat (le gouvernement) du Vatican, Giovanni Benelli.

Le télégramme envoyé à Henry Kissinger, à l’époque chef de la diplomatie américaine, raconte que Mgr Benelli a exprimé « sa grave préoccupation ainsi que celle du pape face à la campagne internationale réussie de la gauche qui présente une vision complètement fausse de la réalité chilienne ».

« Benelli a déploré notamment une couverture exagérée de certains évènements qui est le résultat d’un des plus grands succès de la propagande communiste », écrit l’auteur du câble diplomatique, en soulignant que le prélat estime que « cela montre comment les communistes peuvent influencer les médias mondiaux dans les années à venir ».

Pour le sous-secrétaire du Vatican, « comme c’est malheureusement naturel après le coup d’Etat, il y a eu apparemment des effusions de sang pendant le processus de ratissage au Chili ».

Mais Mgr Benelli affirme que les évêques chiliens lui ont assuré que « les récits de représailles brutales relayées par les médias internationaux sont infondés » et que Pinochet et sa junte « font tous les efforts pour ramener la situation à la normale ».

La conversation a lieu cinq semaines après le putsch militaire du général Pinochet qui a renversé le gouvernement socialiste de Salvador Allende et abouti à l’arrestation et à la mort de milliers de sympathisants ou militants de mouvements de gauche.

Les câbles publiés par Wikileaks montrent que le Vatican n’a réalisé qu’un an plus tard l’ampleur de la répression lancée par le régime Pinochet mais a refusé de le critiquer ouvertement et a maintenu ses relations diplomatiques. A l’époque, l’Italie avait rapatrié son ambassadeur à Santiago afin de « protester contre les politiques inhumaines des dirigeants chiliens ».

Trois ans après le coup d’Etat, quand s’arrêtent les câbles, l’isolement du Chili s’est accentué mais le Vatican poursuit sa politique de « pression exercée avec discrétion ».

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