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Quand Joëlle Milquet prédit à Manuel Valls le destin de Nicolas Sarkozy

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La ministre belge de l’Intérieur a fait un éloge dithyrambique de son homologue français à la tribune des Grandes conférences catholiques, lundi soir. Manuel Valls a martelé : la sécurité et l’autorité sont des valeurs de gauche.

Le ministre français de l’Intérieur Manuel Valls a clôturé lundi soir une visite à Bruxelles par une intervention remarquée à la tribune des Grandes conférences catholiques. Il a pu mesurer à cette occasion la réputation enviable qu’il commence à se forger en Belgique. En tout cas aux yeux de son homologue Joëlle Milquet qui, lors du discours d’introduction de la conférence placée sous le thème de la sécurité, a tenu des propos dithyrambiques sur « Manuel ». Ainsi l’ancienne présidente du CDH n’a-t-elle pas hésité, sur le ton de l’humour, à prédire au plus populaire des ministres du gouvernement Ayrault un destin à la Nicolas Sarkozy en rappelant que c’était déjà elle qui, il y a dix ans, avait présenté le ministre français de l’Intérieur de l’époque devant les mêmes Grandes conférences catholiques et que ce « moment historique » avait sans nul doute contribué quelques années plus tard à son avènement au sommet de l’Etat français. On ne sait plus si Mme Milquet avait alors adressé autant d’éloges à son hôte.

Un peu étonné par ces louanges, Manuel Valls s’est efforcé d’être à la hauteur de l’ hommage en défendant, devant un parterre sans doute majoritairement de droite, l’idée que la sécurité et l’autorité sont fondamentalement des valeurs de gauche. Alternant le discours du théoricien et celui du patricien, en tant qu’ex-maire d’Evry, Manuel Valls a démonté les clichés, entretenus notamment par l’extrême gauche, qui édicteraient que la sécurité n’est pas la garantie des libertés et que l’ordre s’oppose au concept de progrès. Au contraire, a insisté le ministre français de l’Intérieur, des institutions comme la police, la gendarmerie et la justice sont les premières garantes des libertés. Et le ministre de justifier l’action des forces de l’ordre face aux débordements des manifestants d’ArcelorMittal à Strasbourg il y a quelques semaines, même s’il a ordonné une enquête sur d’éventuels excès des agents de l’Etat. «  »La gauche a radicalement changé en matière de sécurité », a-t-il clamé, appelant à « réinventer l’autorité » tant ébranlée par nos sociétés.

Mais à une culture du chiffre valorisée par Nicolas Sarkozy, Manuel Valls oppose une politique visant l’efficacité et le renouvellement du lien social entre la population et la police. « Il n’y a pas de progrès social sans ordre », a martelé Manuel Valls auquel manque sans doute encore un peu du charisme de son prédécesseur au ministère de l’Intérieur pour espérer briguer un jour la charge suprême. Seule l’évocation dans son discours de la lutte contre tous les terrorismes, et pas seulement le terrorisme islamiste, aura montré un visage enflammé du jeune ministre au parcours jusqu’ici quasi sans faute.

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