Procès Lumumba : la famille sollicite l’aide de Kinshasa

La famille du premier Premier ministre congolais Patrice Emery Lumumba, assassiné en 1961, souhaite que le gouvernement de Kinshasa l’appuie dans le procès qui pourrait avoir lieu en Belgique, a affirmé jeudi l’un de ses fils, Roland Lumumba, à la radio onusienne Okapi.

Plus de cinquante ans après les faits, la justice belge a annoncé mercredi qu’elle allait lancer une enquête sur l’assassinat de M. Lumumba, un des héros des indépendances africaines toujours populaire aujourd’hui et dont la famille met en cause dans sa mort d’ex-responsables belges, estimant que l’ex-Congo belge était alors plongé dans un conflit armé et que la mort de M. Lumumba pouvait dès lors être considérée comme un crime de guerre.

La loi belge de « compétence universelle » autorise en effet les tribunaux belges à poursuivre une personne soupçonnée de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide si les plaignants ou l’accusé ont un lien avec la Belgique. Après la prise du pouvoir par Joseph-Désiré Mobutu, M. Lumumba fut assassiné le 17 janvier 1961 après avoir été déporté au Katanga (sud-est), province minière qui fit un temps sécession avec le soutien de la Belgique, l’ancienne puissance coloniale. « Nous avons matérialisé l’affaire Lumumba en portant plainte (devant la justice belge, ndlr), et il y a un début d’aboutissement. Ce n’est pas parce que le dossier est ouvert que l’affaire est résolue. Nous aimerions que ca ne soit pas seulement une histoire de famille, c’est l’histoire de toute une nation », a affirmé Roland Lumumba à Radio Okapi, parrainée par l’ONU. « Ca m’étonne que nos autorités n’aient pas initié quoi que ce soit depuis que les Belges avaient (reconnu) leurs responsabilités. Voilà le moment qu’ils peuvent se racheter et nous appuyer pour pousser ce dossier le plus loin possible », a-t-il ajouté en tant que président de la fondation portant le nom de son père, un des héros de l’indépendance de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC).La famille de Patrice Lumumba avait déposé plainte contre une dizaine de Belges en juin 2011. Elle les accuse de complicité de cet assassinat.

Une commission d’enquête parlementaire belge avait conclu en 2001 à la « responsabilité morale » de la Belgique. Le gouvernement du Premier ministre Guy Verhofstadt avait alors présenté les excuses de la Belgique au Congo. Pour la famille Lumumba, « il faut aller plus loin que la reconnaissance d’une responsabilité morale et établir des faits toutes les conclusions, d’ordre pénal et juridique ». Sa plainte vise une douzaine de survivants, des policiers, des politiciens et des fonctionnaires. Parmi ceux-ci, seulement huit vivent encore. L’un d’eux serait Jacques Brassinne, diplomate belge au Katanga en 1961. Les autres noms qui apparaissent sont ceux d’Etienne Davignon, alors jeune diplomate, et Charles Huyghé, à l’époque chef de cabinet du ministre de la Défense katangais.
M. Lumumba a été élevé au rang de « héros national » à titre posthume en RDC. Son fils Roland déplore « un grand silence » des autorités nationales pour faire la lumière sur cette affaire. Le gouvernement congolais s’est toutefois engagé à soutenir la famille Lumumba jusqu’à l’aboutissement de ce dossier devant la justice. « Cela se fera le moment venu », a affirmé à Radio Okapi le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga.

Avec Belga

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