Benoit Hamon. © Reuters

Primaire socialiste : qui est donc ce « petit Benoît » ?

Le Vif

Quasi-quinquagénaire à la silhouette de jeune homme, Benoît Hamon, politicien de carrière du parti socialiste français, s’est tracé un solide sillon depuis son entrée en campagne pour la primaire de la gauche, qu’il a gagnée avec une large avance (58,65 %) devant l’ancien Premier ministre Manuel Valls.

« J’ai entendu : Benoît Hamon il n’est pas présidentiable, non, mais, rendez-vous compte… face à Trump ! ». En meeting, il s’amusait, jouait de son image d’outsider mais y croyait: « Notre heure est arrivée! ».

Un brin condescendant, le patron du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis avait d’ailleurs prévenu que la « surprise » pourrait venir du « petit Benoît » à la primaire de la gauche.

En effet: il a même réussi à battre Manuel Valls avec 58,25 % contre des voix contre 41,35 %.

« Ce soir, la gauche relève la tête », a-t-il dit à l’annonce de sa victoire. « Notre pays a besoin d’une gauche moderne, innovante, tournée vers l’avenir, qui pense le monde tel qu’il est et non pas tel qu’il fut ».

Il y a quelques mois, hors de sa circonscription législative de la région parisienne, ce Breton de 49 ans, qui a passé une partie de son enfance à Dakar, était surtout connu pour avoir été ministre de François Hollande, avant de claquer la porte en 2014, en désaccord avec les orientations économiques du président, à ses yeux trop libérales.

Exit celui que l’on surnommait « la caution de gauche » du gouvernement.

Les plus informés lui faisaient crédit d’une loi passée sans coup férir qui a renforcé les droits des consommateurs (action de groupe au civil, résiliation d’assurance facilitée…) alors qu’il était à l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation.

Les plus narquois notaient qu’il avait ensuite été le seul ministre de l’Éducation nationale à jeter l’éponge avant même sa première rentrée scolaire. Ou épinglaient ses 25 ans au coeur de l’appareil socialiste: il y adhère en 1987, devient en 1993 président Mouvement des Jeunes socialistes, puis porte-parole du parti en 2008.

Auprès de l’hebdomadaire Marianne, qui n’hésite pas à le décrire comme un « combinard », l’intéressé reconnaissait lui-même en novembre cette « image d’homme d’appareil » plutôt méritée.

‘Autre politique’

À coups de propositions innovantes ce licencié d’histoire, fils d’un ouvrier devenu ingénieur et d’une secrétaire, entend refaire « battre le coeur » de nombreux désillusionnés, refusant de se restreindre aux questions de « sécurité, fermeté, identité », qui dominaient jusque là dans la campagne.

Ces dernières semaines ses meetings ont fait salle comble, avec un public plutôt jeune, altermondialiste, en quête d’une « autre politique » ou d’un « vrai socialisme ». Ses partisans l’acclament à son dernier meeting quand il contre l’extrême droite qui l’accuse d’islamo-gauchisme et l’a surnommé Bilal Hamon : « je suis fier qu’ils m’appellent Bilal et je serais fier qu’ils m’appellent Elie ».

Des ténors écologistes ont salué sa récente « conversion » aux thèmes verts et sa vision « lucide, clairvoyante, ambitieuse ». Plus préoccuppé par la « dette écologique » que par la réduction des déficits, il défend le « droit à respirer un air de qualité et boire une eau de qualité », veut réduire l’usage des pesticides, développer l’agriculture bio et interdire les perturbateurs endocriniens.

Souvent décriées, raillées, ses idées ont fait couler beaucoup d’encre : le revenu universel d’existence, la possibilité pour une minorité de citoyens de proposer une loi ou de la bloquer…

Il fustige « la course à la croissance », préfère la « tempérance », veut « encourager » la réduction du temps de travail et, surtout, « changer le rapport au travail » dans un monde en plein bouleversement numérique.

Il défend une société dans laquelle plus personne ne serait stigmatisé pour son orientation sexuelle, son genre ou sa religion, notamment les musulmans. Il refuse que la France se serve de sa loi sur la laïcité comme d' »un glaive », face aux tenants d’une laïcité rigoureuse, hostile au foulard islamique.

Côté vie privée ce père de deux filles reste plutôt discret, à la demande de sa compagne, dit-il. Celle-ci est cadre supérieure chez le groupe de luxe LVMH.

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