Francois Fillon © REUTERS

Primaire en France: dernier duel des candidats de droite avant le verdict des urnes

Le Vif

Les deux finalistes de la primaire de la droite française François Fillon et Alain Juppé se retrouvent pour un duel télévisé jeudi dans un climat qui s’est brutalement envenimé avant l’échéance du second tour dimanche.

L’enjeu pour les deux anciens Premiers ministres est crucial puisque le futur champion de la droite sera, selon les sondages, bien placé pour l’emporter en mai face à l’extrême droite au second tour de la présidentielle et succéder au président socialiste François Hollande.

Depuis le premier tour de la primaire le 20 novembre, à coups d’interventions médiatiques quotidiennes et de meetings, les deux adversaires ont perdu leur ton policé au point que plusieurs soutiens d’Alain Juppé ont souhaité la fin des hostilités.

Le président du parti de centre-droit UDI Jean-Christophe Lagarde a ainsi appelé « au calme » et au débat mercredi, tandis que le porte-parole de M. Juppé, Benoist Apparu, estimait que le ton était « monté », ajoutant: « un peu trop de mon point de vue ».

Largement distancé par son opposant, Alain Juppé 71 ans, est passé à l’offensive dès le premier tour achevé pour mener « un combat projet contre projet » et tenter de « renverser la vapeur ».

Dans les trois jours qui ont suivi, il a frappé sur tous les fronts.

Il a demandé à son adversaire, 62 ans, de justifier ses positions sur l’avortement et critiqué « sa vision extrêmement traditionnaliste, pour ne pas dire un petit peu rétrograde » de la société.

Il a mis en cause la crédibilité et la « brutalité » de son programme, qui prévoit notamment la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires.

« On m’a accusé d’être trop mou, je dis que François Fillon est trop dur », a estimé Alain Juppé mercredi soir.

Il lui a reproché également « une complaisance excessive vis-à-vis de Poutine » et un afflux de « soutiens d’extrême droite ».

‘Accusations monstrueuses’

« Jamais je n’aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas », s’est récrié François Fillon, outré qu’Alain Juppé lui prête une ambiguité sur l’avortement.

Non moins offusqué, l’ancien ministre Bernard Debré a publié sur son blog une lettre ouverte virulente pour apostropher Alain Juppé: « Ces accusations de ta part sont monstrueuses et inacceptables (…). Tu tombes dans la fange (…). Tu es devenu méchant et menteur ».

Fort de sa confortable avance, François Fillon balaye les critiques de son rival et le range « dans le petit microcosme, toujours le même » qui « pense qu’il a la vérité sur tous les sujets et croit parler au nom du peuple français ».

Aux accusations de radicalité, il rétorque: « Mieux vaut pour moi le risque d’oser que l’uniformité dans la médiocrité ». Et assume ses positions sur la famille, une « valeur » qu’il veut remettre « au coeur de toutes les politiques publiques ».

Ces valeurs, justement, lui ont valu les sympathies de Sens commun, émanation politique d’une association, Manif pour tous, dont les sympathisants avaient battu le pavé en 2013 par centaines de milliers pour s’opposer à l’ouverture du mariage aux homosexuels.

Et le soutien de représentants de l’extrême droite.

Un site d’extrême droite, islamophobe, Riposte laïque, a d’ailleurs lancé un appel: « Pour contrer le vote musulman, votons Fillon en masse! ».

Car si le ton reste correct dans les états-majors politiques, certains sites et les réseaux sociaux sont depuis des mois une caisse de résonnance à des attaques contre Alain Juppé, que ce dernier juge « dégueulasses ».

Il est surnommé « Ali » Juppé sur Twitter, qualifié de « grand mufti de Bordeaux », sa ville. Un photomontage le transforme en barbu, vêtu d’un kamis musulman. Une caricature publiée par Riposte Laïque le représente léchant la babouche d’un prédicateur musulman controversé, Tariq Ramadan.

« Ca a fait des dégâts », a estimé Alain Juppé.

François Fillon l’emporterait avec 65% des voix au second tour de la primaire dimanche, contre 35% pour Alain Juppé, selon un sondage Ifop-Fiducial publié mercredi.

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