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Présidentielle: Marine Le Pen profitera-t-elle de l’incertitude des électeurs?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Il y a plusieurs manières de faire parler les sondages. Chaque électeur sondé donne son intention de vote, mais son choix est-il définitif ? Le degré de certitude pourrait bien modifier le rapport de force entre les candidats à la présidentielle française.

Les résultats des sondages s’avèrent parfois imprécis. Si on prend en considération la marge d’erreur, les résultats potentiels de certains candidats ne sont pas si souvent éloignés. Une autre mesure peut donner une indication plus précise : la certitude de vote (qui elle aussi dépend, bien entendu, d’une marge d’erreur).

C’est cet angle qu’a choisi le quotidien français Le Monde pour décrypter la nouvelle enquête électorale du Cevipof (Centre de recherche politiques de Sciences Po). Ce sondage a été réalisé par Ipsos-Sopra auprès de presque 16.000 personnes, durant la semaine du 7 au 12 février. L’enquête électorale classe, de manière globale, les 5 principaux candidats comme suit (en pourcentage d’intention de vote, dans l’hypothèse d’une élection sans François Bayrou) : 26 % pour Marine Le Pen ; 23 % pour Emmanuel Macron ; 18,5 % pour François Fillon ; 14,5 % pour Benoît Hamon ; 12 % pour Jean-Luc Mélenchon.

Le Pen et ses fidèles, Macron face à l’incertitude

Parmi toutes les données du sondage et ses interprétations, on peut également noter que la moitié des électeurs sondés indiquent que leur choix n’est pas définitif. Mais à qui profite cette incertitude ? Si on en croit les chiffres, c’est Marine Le Pen qui s’en sort le mieux, et qui peut compter sur l’électorat le plus sûr de lui et le plus fidèle. Les soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen qui la visent ne semblent, pour l’instant, pas freiner sa popularité.

Présidentielle: Marine Le Pen profitera-t-elle de l'incertitude des électeurs?
© Capture d’écran Ipsos Sopra Steria

En effet, 74 % des personnes ayant l’intention de voter pour la candidate du Front National estiment que leur choix ne changera pas d’ici le premier tour de l’élection présidentielle. Suivent François Fillon, avec 61 % des électeurs sûrs de voter pour lui malgré les affaires qui tourmentent sa candidature, Jean-Luc Mélenchon avec 53 % de fidèles et Benoît Hamon avec 39 % de certitude de votes. Le candidat qui fait face au plus d’incertitude parmi les principaux candidats est Emmanuel Macron (33 %). Cette position n’est pas étonnante quand on sait que le candidat d’En marche! n’a pas encore dévoilé son programme.

Cette perspective redistribue les cartes et modifie certains rapports de force. Vu que le deuxième au classement des intentions de vote fait partie des choix les plus incertains, l’avance semble d’autant plus confortable pour la candidate FN. Dans cette optique, on pourrait également voir François Fillon passer devant Emmanuel Macron, et Jean-Luc Mélenchon dépasser Benoît Hamon.

Un intérêt croissant pour l’élection

À côté des certitudes des uns, l’incertitude des autres. Le Monde pointe « une indétermination inhabituelle [à aller voter] à dix semaines du premier tour« . Parmi les personnes interrogées, 69 % sont certaines de se déplacer jusqu’au bureau de vote le jour du scrutin. En 2012, le même type de sondage élevait de chiffre à 76 %. Une différence d’environ 3 millions de personnes.

En revanche, l’intérêt porté à ces élections est en hausse (81 % d’intéressés, dont 53 % se disent « très intéressés »).

Les résultats complets de l’enquête peuvent être consultés via ce lien.

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