© BELGAIMAGE

Présidentielle française : polémique autour du débat organisé sur TF1

Maxime Defays Journaliste

TF1 et France 2 se sont lancées mardi dans la course pour devenir la chaîne principale de l’élection présidentielle 2017 en annonçant chacune leur propre émission, faute d’avoir trouvé un accord pour en organiser une ensemble.

La chaîne privée aura donc annoncé la première la tenue d’un débat en vue du premier tour de la présidentielle en avril prochain. TF1 programme un grand débat opposant les cinq favoris des sondages actuellement : François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci aura lieu le 20 mars prochain à 21h.

Après avoir partagé de bonnes audiences avec France 2 en codiffusant les débats des primaires de droite et de gauche, TF1 cherche à prendre sa revanche et a donc fermé la porte à une nouvelle diffusion commune.

France Télévisions, ayant pris acte de cette décision, a répliqué avec une émission programmée quant à elle le 20 avril, soit trois jours avant le scrutin du premier tour, mais ici avec « l’ensemble des candidats retenus par le Conseil Constitutionnel » pour la présidentielle. « Il permettra de confronter les différents programmes des candidats ayant recueilli le nombre de parrainages requis. C’est la totalité des candidats qui doit s’imposer », a expliqué un porte-parole du groupe.

Les deux chaînes s’opposent principalement sur le format que prendra l’émission. D’un côté, TF1 souhaite donner plus de clarté au débat en invitant les cinq favoris. De l’autre, la chaîne publique souhaite inviter l’ensemble des candidats, quitte à virer, un moment, à la cacophonie.

« Un viol démocratique »

Le choix de la chaîne privée n’a en tout cas pas tardé de faire réagir. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) craint qu’il y ait un « déséquilibre fort dans l’exercice du pluralisme » en avantageant les gros candidats. Le gendarme de l’audiovisuel se penchera sur la question dans les prochains jours.

La décision de TF1 a aussi provoqué des remous au sein de la classe politique. Interrogé sur Europe 1, Nicolas Dupont-Aignan, le candidat de Debout la France (crédité de 4%), a dénoncé un « viol démocratique », une « sélection arbitraire » et a regretté « une mauvaise nouvelle pour la démocratie » et appelle à « boycotter TF1 ».

Marine Le Pen s’est également montrée réticente au format choisi par TF1. « Il serait souhaitable que tous les candidats ayant obtenu leurs parrainages soient invités aux débats télévisés du 1er tour », a indiqué la candidate frontiste sur Twitter.

François Fillon, en visite à la Réunion, a déclaré être plutôt « hostile à l’idée d’un débat avant le premier tour. « Je trouve étrange d’organiser un débat en choisissant les candidats. C’est limite du point de vue de la démocratie », a ajouté l’ancien premier ministre. Il prendra néanmoins bien part au débat, comme Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon. Emmanuel Macron s’est, dans un premier temps, montré réticent à l’exercice.

La chaîne privée a expliqué qu’elle avait choisi ces cinq candidats en fonction de leur capacité à réunir 500 signatures d’élus, nécessaires pour s’inscrire à l’élection, et de leur score actuel dans les sondages. « Il y a cinq candidats nettement au-dessus de 10% (…). Si Dupont-Aignan ou Bayrou ne sont manifestement pas loin de 10% dans les sondages, bien sûr qu’on les invitera », a précisé sur RMC Christophe Jakubyszyn, le chef du service politique de TF1, soulignant que tous les candidats officiels seraient reçus par ailleurs dans d’autres émissions.

Lors de la campagne 2012, TF1 avait été régulièrement battue par France 2 sur le terrain des émissions politiques et des soirées électorales. Le 2 mai, le dernier débat opposant les candidats François Hollande et Nicolas Sarkozy avait attiré près de 9 millions de personnes sur France 2, contre un peu plus de 8 millions sur TF1.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire