Francois Hollande et Manuel Valls. © AFP

Présidentielle en France: la droite rassemblée, la gauche fragmentée

Le Vif

Face à une droite française en ordre de marche pour la présidentielle de 2017 et à une extrême droite prête à en découdre, la gauche tentait lundi d’éviter l’éclatement après un pic de tension entre le président François Hollande et son Premier ministre.

L’ancien Premier ministre François Fillon a été désigné dimanche candidat de la droite avec 66,5% des suffrages de la primaire organisée par son camp, un score qui lui permet d’agir sans contestation interne.

Au même moment, le chef du gouvernement Manuel Valls jetait un pavé dans la mare en laissant entendre qu’il se tenait « prêt » à briguer l’investiture socialiste, sans attendre la décision du président sortant qui n’a toujours pas dit s’il comptait briguer un second mandat.

Ces déclarations ont alimenté la tension au sein d’une gauche déjà plombée par l’impopularité record de François Hollande et déchirée par des divergences idéologiques profondes – sur l’économie, l’Europe ou la laïcité.

Alors qu’une primaire de toute la gauche est prévue fin janvier, plusieurs candidats ont décidé de s’en dispenser, dont le porte-voix de la gauche contestataire, Jean-Luc Mélenchon ou l’ex-ministre de l’Economie « ni de gauche, ni de droite » Emmanuel Macron, tous deux crédités de plus de 10% dans les sondages.

« Nous sommes proches (…) de ce qu’on pourrait baptiser un suicide collectif », a averti lundi le porte-parole du parti socialiste au pouvoir, Olivier Faure, alors que montaient les rumeurs de démission du Premier ministre.

François Hollande et Manuel Valls se sont toutefois expliqués lundi en tête à tête lors de leur déjeuner hebdomadaire. Et le Premier ministre est semble-t-il rentré dans le rang, excluant de démissionner et d’affronter le président dans une primaire.

Le Premier ministre, selon l’un de ses proches, a ainsi assuré au président « qu’il ne pouvait y avoir et qu’il n’y aurait jamais de crise institutionnelle » au sommet de l’Etat.

Soucieux de maîtriser son calendrier, François Hollande s’est donné jusqu’au 15 décembre pour dévoiler ses intentions mais ses proches ne doutent pas de son désir de se lancer dans la course. D’ici là, le président laboure la France en affirmant que le pays « va mieux » et que « ses engagements ont été tenus ».

La gauche éliminée ?

La gauche est condamnée au rassemblement si elle veut faire mentir les sondages qui annoncent un second tour de la présidentielle entre une droite portée par le succès de sa primaire et une extrême droite remontée à bloc par la poussée populiste en Europe et aux Etats-Unis.

L’ambiance délétère à gauche offre un contraste frappant avec l’enthousiasme qui se manifeste dans le camp de la droite, dont la primaire a rassemblé plus de 4 millions d’électeurs les 20 et 27 novembre.

Longtemps à la traîne dans les sondages, parfois raillé en « Mister nobody », François Fillon, ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012), a écrasé dimanche son rival Alain Juppé lors du second tour de scrutin.

Une victoire claire et nette pour ce conservateur au calme imperturbable, qui avait déjà réussi à éliminer l’ancien président Sarkozy au premier tour.

Investi sur un programme très libéral en économie (500.000 suppressions d’emplois publics, augmentation du temps de travail) et conservateur sur les sujets de société (il est hostile à l’adoption plénière pour les couples homosexuels), il s’affiche désormais en position de force, à cinq mois de la présidentielle.

A ce stade, tous les sondeurs prédisent une élimination de la gauche au premier tour de la présidentielle, et un face à face final entre François Fillon et la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen.

Mais s’il veut battre cette dernière, le représentant de la droite va devoir séduire des électeurs du centre, voire de la gauche, estiment des experts.

Son programme « devrait bouger un petit peu pour être plus rassembleur, moins clivant, notamment sur les aspects socio-économique », estime le politologue Jean-Yves Camus.

« Jamais la droite et la gauche n’auront paru autant aux antipodes », soulignait lundi le quotidien économique Les Echos. « La droite est en route pour l’alternance. (…) La gauche prend le chemin exactement inverse et court vers l’explosion ».

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