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Présidentielle centrafricaine: trois favoris et trois « fils de »

Le Vif

Trente candidats participent au premier tour de l’élection présidentielle en Centrafrique, dont trois se détachent par leur implantation dans le pays et leur notoriété pour aspirer à devenir le premier chef de l’Etat de la 6e République centrafricaine.

Le scrutin, prévu dimanche, pourrait toutefois être reporté de trois jours, les autorités invoquant jeudi des problèmes de formation des agents électoraux et d’acheminement du matériel électoral.

Particularité de cette élection qui doit ramener le pays dans la normalité institutionnelle, aucun des trois derniers présidents n’est candidat. Ni François Bozizé, renversé en 2013 par Michel Djotodia, ni ce dernier, chassé du pouvoir début 2014 par une intervention militaire internationale conduite par la France, ne se présentent.

L’un et l’autre, actuellement en exil, sont sous le coup de sanctions internationales.

L’actuelle présidente de transition, Catherine Samba Panza, ne pouvait juridiquement être candidate.

Autre particularité, on trouve parmi les candidats trois fils d’anciens dirigeants décédés: Jean-Serge Bokassa, fils de l’ex-empereur Bokassa 1er, Désiré Nzanga Bilal Kolingba, fils aîné d’André Kolingba, et Eugène Sylvain Ngakoutou Patassé, fils d’Ange-Félix Patassé.

Les favoris

– Anicet Georges Dologuélé, 58 ans, « M. Propre »:

Cadre des banques, il a servi à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) à Yaoundé au Cameroun. Il est nommé ensuite Premier ministre par Ange-Félix Patassé (1998-2001).

Présenté comme « M. Propre », pour sa gestion rigoureuse, il a pendant sa Primature engagé des travaux de réfection des édifices publics sur fonds propres de l’Etat. Puis il a été désigné président directeur général de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) entre 2001 et 2010.

Il a créé l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA), parti au nom duquel il se présente à la présidentielle et aux législatives dans la région de Bocaranga (nord) dont il est ressortissant. C’est la première fois qu’il est candidat à des élections et il a reçu mardi le soutien officiel du parti de François Bozizé.

– Martin Ziguélé, 58 ans, « l’homme à poigne »:

Inspecteur principal des impôts, il a exercé comme assureur au Togo. Désigné pour diriger la direction nationale de la BEAC en 2001, il fut nommé Premier ministre la même année par Ange-Félix Patassé.

Eloquent, le verbe facile et maniant le français, l’espagnol et l’anglais, il est considéré comme un homme à poigne. Il a lancé en tant que Premier ministre une opération « mains propres » visant les douaniers véreux et a été à l’origine du limogeage de François Bozizé du poste de chef d’état-major de l’armée en 2001, pour mauvaise manière de servir.

Principal opposant au régime Bozizé, il se présente pour la troisième fois à une présidentielle. Il est le président du Mouvement de libération du peuple centrafricain, au nom duquel il est candidat à la présidentielle et aux législatives à Bocaranga (nord).

– Abdoul Karim Méckassoua, 62 ans, « la bonne réputation »:

Ergonome consultant de profession, a été plusieurs fois ministre de François Bozizé dont il se présente comme proche. Il jouit d’une bonne réputation dans les milieux intellectuels qui mettent en avant sa compétence, sa rigueur et son efficacité. Il jouit aussi d’une bonne réputation au sein de la communauté musulmane dont il est issu et a beaucoup d’affinités dans les milieux chrétiens.

Fin diplomate, il avait réussi à obtenir d’Ange-Félix Patassé son rapprochement avec François Bozizé, son tombeur. C’est aussi un démocrate dont les prises de position tranchées dérangent.

Ancien député, il se présente pour la première fois à la présidentielle sous l’étiquette « indépendant » et également aux législatives dans le 3e arrondissement de Bangui où se trouve l’enclave musulmane du PK-5.

Les « fils de »

– Jean-Serge Bokassa, 43 ans:

Fils de l’ex-empereur Bokassa, ancien ministre et ancien député, il se définit comme théologien. Il se présente pour la première fois comme candidat indépendant à la présidentielle.

– Eugène Sylvain Ngakoutou Patassé, 46 ans:

Fils d’Ange-Félix Patassé, président de 1993 à 2003 et renversé par François Bozizé, il est opérateur économique dans le secteur du diamant. Sans expérience politique, il se lance dans la présidentielle pour la première fois comme candidat indépendant.

– Désiré Nzanga Bilal Kolingba, 59 ans:

Economiste, fils aîné d’André Kolingba, président de 1981 à 1993, a servi à la représentation de la Banque mondiale à Bangui, puis a été plusieurs fois ministre de François Bozizé. Ancien député de la Basse-Kotto, il avait été battu de justesse au second tour par Catherine Samba Panza en janvier 2014 lors de la désignation du successeur de Michel Djotodia.

Converti à l’Islam, il se présente pour la première fois à l’élection présidentielle au nom du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), fondé par son père et dont il est l’actuel président.

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