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Présidentielle américaine: « rien de concret dans les accusations d’ingérences russes »

Le Vif

Vladimir Poutine a demandé vendredi que cessent les accusations d’ingérences russes dans l’élection de Donald Trump, qui ne présentent « rien de concret » mais entravent tout rapprochement avec Washington au moment où le Kremlin cherche à attirer les investissements étrangers.

Après deux ans de récession due au plongeon des prix de l’énergie et aux sanctions occidentales consécutives à la crise ukrainienne, le Forum économique de Saint-Pétersbourg devait constituer une vitrine pour le président russe d’une économie « entrée dans une nouvelle phase d’expansion », selon son expression, et prête à se réformer pour attirer les entreprises étrangères.

Mais les espoirs de réchauffement accompagnant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ne se sont pas concrétisés et ce sont les points de tensions entre Moscou et Washington qui ont dominé l’intervention de Vladimir Poutine devant ce « Davos russe », en particulier les accusations d’ingérence russe dans l’élection.

« Ces bavardages inutiles et nocifs doivent cesser », a-t-il regretté. « C’est un transfert des bisbilles de politique intérieure américaine sur la scène internationale. (…) C’est nocif, cela affecte les relations internationales, l’économie mondiale, les questions de sécurité et la lutte contre le terrorisme ».

Sur le fond, selon Vladimir Poutine, « il n’y a rien de concret, il n’y a que des suppositions et des conclusions fondées sur ces suppositions. C’est tout ».

Les agences américaines de renseignement accusent Moscou d’avoir voulu favoriser Donald Trump en ordonnant le piratage informatique du parti démocrate.

« Il est possible de créer une adresse d’ordinateur d’où on veut ! Et il existe des spécialistes tels qu’on utilisera l’adresse de votre ordinateur à la maison, comme si vos enfants étaient au clavier »! « , a ironisé Vladimir Poutine.

S’il a de nouveau critiqué la politique menée ces dernières années par les Etats-Unis en Syrie ou en Ukraine, le président russe s’est refusé à « juger » la décision de Donald Trump de se retirer des accords de Paris et a appelé à travailler avec lui sur les questions climatiques.

Si Donald Trump était absent, son nom était sur toutes lèvres du Forum de Saint-Pétersbourg et c’est l’une de ses bêtes noires, la journaliste Megyn Kelly, qui animait le débat auquel participait le président russe.

Symbole du monde multipolaire que le Kremlin cherche à construire alors que les relations avec les Occidentaux sont au plus mal, le Premier ministre indien Narendra Modi était l’invité d’honneur de l’événement.

La Russie est « ouverte au travail en commun », a assuré Vladimir Poutine, appelant à « soutenir » la reprise de l’activité économique et des investissements étrangers et listant les moyens d’améliorer le climat des affaires.

De nombreux chefs d’entreprises occidentaux avaient fait le déplacement, y compris des Américains que Washington avait dissuadé de participer au forum ces dernières années.

Si les relations diplomatiques restent exécrables, les affaires montrent des signes de détente. L’ambassadeur des Etats-Unis à Moscou John Tefft a mené une délégation, une première depuis l’annexion de la Crimée en 2014, et Vladimir Poutine est intervenu dans une table ronde entre hommes d’affaires russes et américains.

Il s’est dit prêt au dialogue avec l’administration Trump pour favoriser une détente qui « répond aux intérêts des deux côtés », en ajoutant cependant: « Pour réussir, il faut des efforts des deux côtés ».

Les échanges commerciaux entre la Russie et les Etats-Unis ont chuté ces dernières années alors que les sujets de discorde se multipliaient, et les milieux d’affaires auraient vu d’un bon oeil un rapprochement après l’élection de Donald Trump et la nomination comme secrétaire d’Etat de Rex Tillerson, ancien patron du pétrolier ExxonMobil qui a beaucoup travaillé avec Moscou.

Après l’élection de Donald Trump, « aussi bien de la part des entreprises russes qu’américaines, il y avait le sentiment que la situation pouvait changer radicalement. Et devinez-quoi? Elle n’a pas changé », a reconnu le président de la Chambre de commerce américaine à Moscou Alexis Rodzianko, dans un entretien à l’AFP.

« Le contexte émotionnel reste difficile », a-t-il jugé. « La pression est moins forte sur les entreprises pour les empêcher de faire des affaires en Russie, mais la pression n’a pas diminué à Washington concernant la Russie. C’est une période très étrange ».

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