© REUTERS

Présidentielle américaine: dernière ligne droite sous tension

Cinq Etats en une seule journée: Donald Trump accélérait dimanche le rythme de sa campagne à deux jours de l’élection présidentielle américaine, balayant large tandis qu’Hillary Clinton concentrait ses déplacements dans des bastions démocrates à ne pas perdre.

Cette course folle à la Maison Blanche continuait dans son sprint final à offrir son lot de rebondissements et de controverses, dans un suspense redoublé par la remontée dans les sondages du milliardaire.

Le candidat républicain est en position de créer une déflagration mondiale en ayant le dessus sur sa rivale démocrate, qui reste malgré tout en tête des sondages.

Et, 48 heures avant l’issue incertaine, la planète avait déjà ses yeux tournés vers l’Amérique, se demandant si la première puissance mondiale allait se choisir comme dirigeant une femme pour la première fois, ou un tribun populiste qui veut révolutionner le pouvoir à Washington.

Le dernier sondage NBC/Wall Street Journal donnait quatre points d’avance à la démocrate (44%/40%) face au républicain au niveau national.

La télévision CBS estimait elle dimanche que les deux candidats étaient désormais au coude-à-coude dans l’Ohio et la Floride, ce dernier Etat pouvant à lui seul décider de la présidentielle s’il était perdu par Donald Trump.

Nate Silver, grand gourou des analyses électorales américaines, donnait lui dimanche Mme Clinton gagnante à deux contre un.

« Vaut mieux être dans ses souliers que dans ceux de Donald Trump », a-t-il résumé. « Mais sa position n’est pas vraiment très solide ».

Ratisser le pays jusqu’au bout

Pour Trump, le défi est clair: remporter une ribambelle des Etats pivots décisifs pour la victoire, en ralliant notamment les électeurs de l’Amérique rurale, et éventuellement parvenir à renverser en sa faveur un Etat penchant traditionnellement du côté démocrate.

D’où la volonté des candidats de labourer le pays jusqu’au bout, dans un rythme frénétique de réunions publiques séparées par des déplacements chronométrés en avion et convois automobiles rapides. Samedi Donald Trump a tiré des diagonales totalisant 7.200 kilomètres.

Au programme dimanche du magnat: l’Iowa, le Minnesota, le Michigan, la Pennsylvanie et la Virginie.

Les internautes ont remarqué que le républicain avait modifié son look capillaire souvent décrié, pour apparaître sans doute plus « présidentiel »: M. Trump a raccourci ses cheveux laqués, atténuant leur teinte orangée pour une couleur plus pâle.

Hillary Clinton devait tenir deux meetings, dans l’Ohio et le New Hampshire, deux Etats-clés que Barack Obama avait remportés en 2012 mais qui sont susceptibles de basculer en 2016 du côté de Trump.

Mais auparavant dimanche matin elle s’est rendue dans une église noire de Philadelphie.

Sans jamais mentionner son adversaire, elle a replacé l’élection dans un contexte historique, remontant aux idéaux des pères fondateurs.

« Cette élection déterminera l’avenir de notre pays », a-t-elle dit. « Sera-t-il sombre et fondé sur les divisions, une répétition des pires moments de notre passé ? Ou sera-t-il porteur d’espérance, d’unité et d’intégration ? »

Dans la ville de Sioux City, Donald Trump a de son côté insisté sur les scandales entourant sa rivale, et notamment la négligence dont elle a fait preuve en envoyant des emails non sécurisés quand elle dirigeait la diplomatie du pays.

Tension accrue

Un tabloïde, le New York Post, a ainsi rapporté dimanche que Mme Clinton demandait fréquemment à sa femme de ménage de lui imprimer ses emails professionnels, y compris ceux contenant des informations confidentielles, quand elle travaillait à son domicile.

Selon M. Trump, l’employée de maison aurait ainsi pu « mettre totalement en péril la sécurité nationale des Etats-Unis ».

M. Trump s’est présenté comme « le messager » de la voix populaire, opposant un « gouvernement du peuple » à un « gouvernement par une classe politique corrompue ».

Ni l’homme d’affaires de 70 ans ni l’ex-Première dame de 69 ans ne veulent apparaître usés, même si l’ancienne secrétaire d’Etat a une cadence moindre.

Et les deux candidats et leurs lieutenants martèlent leur assurance de gagner mardi.

Signe prometteur pour Hillary Clinton, la participation des Américains d’origine hispanique, un électorat favorable à la démocrate et qui a été sans cesse vilipendé par le milliardaire, semble en nette progression par rapport aux élections précédentes.

Selon les analyses de politologues et d’une firme spécialisée utilisant des bases de données sur les votants, Catalist, citée par CNN, les Latinos étaient plus de deux fois plus nombreux à avoir déjà voté en Floride à ce stade par rapport à 2012.

Mais cette tendance positive pour la démocrate était compensée par une baisse constatée de la participation des Noirs par rapport aux élections où Barack Obama était candidat, notamment en Caroline du Nord.

Conséquemment, les Blancs, plus favorables à Donald Trump, étaient en proportion plus nombreux à avoir glissé leur bulletin dans l’urne à ce jour.

C’est l’une des raisons pour laquelle Hillary Clinton a décidé de revenir dimanche à Cleveland, dans l’Ohio, pour la quatrième fois en 17 jours. Avec en invité vedette la star de basket, LeBron James, enfant du pays.

Preuve du climat de tension qui règne à l’issue d’une campagne particulièrement agressive, la brève évacuation de scène de Donald Trump lors d’un meeting dans le Nevada samedi soir, motivée par la présence d’un homme supposé menaçant.

Contenu partenaire