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Président au Yémen, une fonction qui rapporte

L’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a accumulé par la corruption une fortune estimée à entre 32 et 60 milliards de dollars en 33 années de pouvoir, selon un rapport de l’ONU publié mercredi.

Le groupe d’experts auteurs du rapport, qui a été transmis au Conseil de sécurité, note que cette fortune a été placée dans une vingtaine de pays. Les experts enquêtent aussi sur les liens entre M. Saleh et des hommes d’affaires qui l’auraient aidé à dissimuler ce pactole. Le Conseil a décrété en novembre 2014 des sanctions, dont un gel de ses avoirs, contre l’ex-président chassé du pouvoir en 2012, l’accusant de nuire à la transition politique au Yémen en soutenant notamment les miliciens chiites houthis qui ont pris le contrôle de Sanaa. Selon le rapport, « les fonds proviennent en partie de la corruption, en particulier celle liée aux contrats pétroliers et gaziers », l’ex-président ayant touché des pots-de-vin en échange de droits de prospection exclusifs. M. Saleh, ses amis et sa famille sont aussi accusés d’avoir détourné de l’argent d’un programme de subventions à l’industrie pétrolière et d’être impliqués dans des escroqueries et des opérations d’extorsion de fonds. La corruption a permis à M. Saleh d’empocher près de 2 milliards de dollars par an pendant trois décennies, souligne le rapport. S’attendant à des sanctions du Conseil, M. Saleh a pris des dispositions pour dissimuler ses avoirs, ajoutent les experts. « Il a eu amplement le temps de circonvenir les mesures prises pour geler ses avoirs », affirment-ils. De nombreux responsables yéménites interrogés par les experts ont plaidé pour un retour au Yémen des sommes volées par M. Saleh, afin de remédier aux difficultés économiques du pays et de l’aider à rembourser sa dette.

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