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Premières évacuations à Alep, victoire imminente pour le régime

Les opérations d’évacuation des derniers rebelles d’Alep et de leurs familles ont débuté jeudi sous le contrôle du régime syrien, en passe de sceller sa victoire un mois après le début de son offensive dans la deuxième ville de Syrie.

C’est à bord d’ambulances blanches et de bus verts que les premiers évacués, des blessés et leurs familles, devraient prendre la route pour quitter les quartiers où ils étaient assiégés depuis quatre mois. Le convoi a pénétré en milieu de journée dans cette zone, a constaté un photographe collaborant avec l’AFP présent dans le secteur gouvernemental à la périphérie sud d’Alep.

« Les gens sont en train de monter dans les bus. Tout va bien. Les opérations vont prendre un peu de temps et il y aura plusieurs aller-retours », a indiqué à l’AFP Ingy Sedky, la porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Syrie.

Quelque 4.000 rebelles et leurs familles sont concernés, selon la télévision syrienne, par cette opération d’évacuation qui a été annoncée en début de journée par un haut responsable de l’armée syrienne. « Un accord a été trouvé pour faire sortir les rebelles, les préparatifs sont en cours », avait-il indiqué à l’AFP.

La perte d’Alep représente un revers cuisant pour la rébellion, qui avait conquis la partie orientale de la métropole en 2012. Pour le régime, cette victoire, rendue possible grâce au soutien de la Russie, est le plus important succès du pouvoir depuis le début de la guerre en 2011.

L’accord de jeudi fait suite à l’échec d’une précédente initiative, conclue mardi par la Russie et la Turquie, parrains respectifs du régime de Bachar al-Assad et de l’opposition, qui avait finalement capoté mercredi. Une source proche du régime au fait des négociations a indiqué que des pourparlers se sont terminés jeudi à 03h00 (01h00 GMT). Au terme d’un accord, les blessés et leurs familles sortiront les premiers puis les rebelles et leurs familles ainsi que « 250 militants » anti-régime non armés.

Par ailleurs, des blessés et malades de Foua et Kefraya, deux villages chiites, assiégés par les rebelles dans la province d’Idleb, pourront aussi être évacués vers des zones du régime.

L’opération doit débuter avec le départ de quelque 200 personnes, principalement des blessés et leurs familles, par les quartiers sud d’Al-Amiriyah et de Ramoussa, selon un responsable rebelle et un coordinateur humanitaire.

Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) et le Croissant rouge participent à l’opération avec 10 ambulances et une centaine de volontaires. « L’évacuation des rebelles se fera à bord de 20 bus et de 10 ambulances qui emprunteront un corridor spécial en direction d’Idleb », dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé l’armée russe, qui supervise l’opération.

Voisine de celle d’Alep, la province d’Idleb est la dernière place forte de la rébellion, qui contrôle également quelques poches à Deraa (sud) et près de Damas. « Nous sommes en train de préparer le premier contingent qui concerne des civils blessés, leurs proches, et d’autres civils », a précisé Ahmad Al-Dbis, à la tête d’une unité de médecins et de volontaires qui coordonnent les évacuations.

Il a rapporté des tirs de l’armée syrienne sur une ambulance qui ont blessé trois personnes, dont un membre des Casques Blancs, ces secouristes dans le secteur rebelle.

Des volutes de fumée blanche s’élevaient des quartiers rebelles. Les derniers habitants brûlaient leurs maigres possessions et les rebelles leurs documents, selon des responsables du régime.

Mercredi, des centaines de Syriens avaient attendu en vain dans le froid de pouvoir quitter leurs quartiers assiégés depuis juillet par le régime. Mais, après quelques heures de calme, les violences entre forces prorégime et insurgés avaient repris de plus belle.

L’accord de jeudi a été annoncé un mois jour pour jour après le lancement par le régime de la campagne de bombardements et de combats intenses menés par l’armée syrienne et des combattants étrangers, dont du Hezbollah libanais et de milices irakiennes. « Environ 100.000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 kilomètres carrés » à Alep, selon Médecins du Monde.

En quatre semaines, l’offensive a coûté la vie à plus de 465 civils à Alep-Est selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), tandis que 149 civils étaient tués par des tirs rebelles à Alep-Ouest.

La Russie et l’Iran doivent participer le 27 décembre à Moscou à une réunion avec la Turquie pour discuter d’une solution politique au conflit en Syrie qui a fait plus de 312.000 morts depuis mars 2011.

Des évacuations aussi attendues dans des localités pro-régime

Des blessés et des civils de deux localités chiites pro-régime assiégées par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie vont être évacués, a annoncé jeudi l’agence étatique Sana, alors qu’une opération similaire dans les quartiers rebelles d’Alep est en cours.

Les négociations qui ont permis de lancer une opération d’évacuation des derniers rebelles et civils retranchés dans les quartiers de l’opposition à Alep prévoyaient en contrepartie le départ des blessés de Foua et Kefraya, deux villages chiites assiégés depuis 2015 par les rebelles dans la province d’Idleb, avait précédemment indiqué à l’AFP une source proche du régime.

« Vingt-neuf bus, des ambulances et des équipes médicales ont été envoyés vers les villages assiégés de Kefraya et Foua pour faire sortir les cas humanitaires et un certain nombre de familles », a indiqué à l’agence étatique Sana Mohamed al-Hazouri, le gouverneur de la province de Hama, voisine de celles d’Alep et d’Idleb. « Les bus et des voitures du Croissant rouge syrien ont quitté Qalaat al-Madiq, dans le nord-ouest de la province de Hama, en direction des deux villages pour évacuer 1.200 blessés et malades et leurs proches », selon une source sur le terrain.

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a confirmé que les évacuations des deux villages « étaient en conformité avec l’accord d’Alep », précisant que les évacués seraient transférés vers Lattaquié, une ville côtière sous le contrôle du régime. La province d’Idleb est contrôlée par une alliance dominée par le Front Fateh al-Cham, ancienne branche syrienne d’al-Qaïda. Foua et Kefraya y sont assiégées par les rebelles depuis 2015.

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