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Première en Italie : le pape François excommunie un prêtre soupçonné de pédophilie

Le Vif

Cette décision intervient alors que l’ancien prêtre de Côme, Don Marco Mangiacasale, n’a pas été condamné définitivement par la justice italienne. Certaines familles reprochent au diocèse de Côme d’avoir refusé de rendre publique cette décision.

C’est une première en Italie sous le règne du pape François en poste depuis 11 mois. L’ancien prêtre de Côme (Lombardie) Don Marco Mangiacasale, accusé de pédophilie, a été réduit à l’état laïc par le Saint-Siège. Selon le quotidien transalpin, La Repubblica, l’ancien prêtre et trésorier de la paroisse a en effet été excommunié le 13 décembre 2013 dans une décision signée par le pape et le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Gerhard Ludwig Mueller.

Ce prêtre, condamné en appel à 3 ans, 5 mois et 20 jours de prison pour abus sexuels sur quatre filles mineures, attend pourtant l’arrêt de la cour de Cassation qui doit confirmer ou infirmer la décision. En clair: Marco Mangiacasale reste présumé innocent aux yeux de la justice italienne jusqu’à cette décision. Les autorités du Vatican et par conséquent Andrea Stabellini juge écclésiastique du diocèse de Côme à qui l’enquête a été confiée n’ont donc pas attendu la justice italienne pour le « défroquer ».

Cette décision prise avant le verdict final a été accueillie par beaucoup comme un signe important de changement dans l’Église. Pour rappel, début janvier, le Vatican avait annoncé que 400 prêtres soupçonnés d’abus sexuels avaient été excommuniés sous le règne de Benoît XVI.

Une décision « cachée » ?


Malgré tout, certaines familles de victimes critiquent le fait que cette décision n’ait pas été rendu rendue publique par l’évêque de Côme Mgr Diego Coletti. Lorsque ce dernier leur avait annoncé la chose le 30 janvier, les familles avaient justement demandé à l’évêque de signaler la nouvelle aux fidèles du Vatican. Elles exigent aujourd’hui sa démission arguant que le mot « secret » n’était pas inscrit dans l’acte de jugement qu’ils avaient contresigné.

Cette affaire intervient alors que l’Organisation des Nations Unies a récemment critiqué le Vatican dans un rapport sur son comportement face aux abus pédophiles. La haute hiérarchie a souvent été accusée d’avoir protégé les coupables pour préserver la bonne réputation de l’institution.

Après avoir été emprisonné deux mois, du 8 mars au 26 mai 2012 dans la prison Bassone à Côme Marco Mangiacasale vit quant à lui pour le moment en résidence surveillée dans la maison de sa soeur. Il attend donc maintenant l’arrêt définitif de la Cour de cassation italienne qui devrait le condamner. Normalement.

Car la plus haute juridiction italienne avait elle aussi été fortement critiquée fin décembre sur la toile et les réseaux sociaux pour avoir annulé un arrêt condamnant un employé municpal de Calabre à 5 ans de prison pour actes sexuels avec mineurs de moins de 14 ans. Motif : les juges n’avaient pas suffisemment pris en compte « le consensus » entre l’homme de 60 ans et la fillette de 11 ans, « l’existence d’un rapport amoureux, l’absence de contrainte physique et le fait que la fillette soit amoureuse ».

Jacques Besnard

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