Vladimir Poutine quitte le G20 . © BELGAIMAGE/Alain Jocard

Poutine quitte le G20 après un sommet miné par les tensions sur l’Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a quitté dimanche Brisbane, dans l’est de l’Australie, après un sommet très tendu en raison de la crise ukrainienne, Moscou ayant fait l’objet de vives critiques.

L’Iliouchine présidentiel a décollé de Brisbane aux alentours de 14h15 locales (05h15 HB) avant même la publication du communiqué final du G20, selon les images retransmises par les organisateurs du G20.

Arrivé sur le tarmac avec le sourire, Vladimir Poutine est allé serrer la main de deux motards de son escorte et s’est fait prendre en photo aux côtés de membres du personnel de sécurité, avant de monter dans l’avion.

Le sommet du G20 a été dominé par les fortes tensions entre les pays occidentaux et la Russie, vertement critiquée par l’Australie, le Royaume-Uni et le Canada pour son rôle dans la crise ukrainienne.

Avec des accents de guerre froide, les dirigeants des pays anglo-saxons ont accusé Moscou d’être une « menace pour le monde », désireux de restaurer la « gloire perdue du tsarisme ou de l’Union soviétique » et agresseur de pays plus petits qu’elle.

De son côté, M. Poutine a salué une atmosphère et des discussions « constructives » lors de ce sommet, même si « certains points de vue » de la Russie « ne coïncident pas » avec ceux d’autres pays du G20.

Selon le président russe, les discussions bilatérales ont principalement porté sur la crise en Ukraine et sur les sanctions adoptées par les Occidentaux contre Moscou. « Les sanctions sont préjudiciables pour tout le monde, c’est ce qui a été généralement admis », a indiqué le président russe. « Je suis satisfait du résultat (du sommet) et de l’atmosphère », a-t-il déclaré.

Le G20 vise plus de croissance et plus de transparence fiscale

Le G20 a affirmé dimanche qu’il pouvait encore accélérer davantage la croissance économique de ses membres et a encouragé les progrès vers plus de transparence fiscale, selon le communiqué final publié à Brisbane. Les pays les plus riches du monde, qui représentent 85% de la richesse mondiale, ont estimé qu’ils pouvaient dégager un surplus de croissance de la valeur de leur PIB de 2,1% par rapport à sa trajectoire jusqu’en 2018 au prix de mesures favorables à l’investissement, au commerce et à la concurrence.

Les mesures promises par les pays les plus puissants de la planète pour doper leur activité économique « accroîtront de plus de 2.000 milliards de dollars américains (le PIB mondial), et créeront des millions d’emplois », précise le communiqué publié à l’issue de deux jours de sommet dans cette ville de l’est du pays.

Parvenir à cet objectif passe par la création d’une plateforme de soutien aux investissements d’infrastructures afin d’optimiser les grands travaux en fluidifiant les liens entre gouvernements, groupes privés, banques de développement et organisations internationales, selon le communiqué.

Le G20 encourage également les progrès réalisés sous l’égide de l’OCDE contre l’optimisation fiscale des multinationales, citant spécifiquement les pratiques du rescrit fiscal. « Nous saluons les progrès significatifs » de l’initiative de l’OCDE sur ce sujet, et le G20 veut achever ce chantier en « 2015, y compris (en parvenant à) la transparence sur les rescrits fiscaux considérés comme des pratiques néfastes ».

L’aval donné aux mesures proposées par l’OCDE ne faisait aucun doute, mais la mention spécifique du rescrit fiscal a donné lieu à des débats et des revirements, selon plusieurs sources proches des négociations interrogées par l’AFP. Cette pratique a été projetée sur le devant de la scène publique début novembre après les révélations par les médias du Luxleaks, les accords passés entre le Luxembourg et plusieurs groupes internationaux permettant à ces derniers de payer in fine moins d’impôt.

« Je voudrais un système d’échange automatique d’information entre nous sur le rescrit fiscal. J’ai mandaté le commissaire en charge de la fiscalité de préparer une directive sur cela au niveau européen et je voudrais que le G20 nous supporte », a déclaré dimanche devant les dirigeants Jean-Claude Juncker, ancien Premier ministre du Grand-duché et nouveau président de la Commission européenne.

Une « action forte et efficace » sur le changement climatique

Les pays les plus riches de la planète soutiennent une « action forte et efficace » sur le changement climatique et le Fonds vert de l’Onu, ont-ils indiqué dimanche à l’issue d’un sommet du G20 en Australie.

« Nous soutenons une action forte et efficace pour faire face au changement climatique. Nous réaffirmons notre soutien à la mobilisation de moyens financiers pour l’adaptation (des pays victimes des changements climatiques), tel le Fonds vert » des Nations unies, destiné à aider les pays pauvres les plus exposés, selon le communiqué final du sommet.

Les pays du G20 travailleront « ensemble pour adopter avec succès un protocole, ou pour convenir d’un résultat juridiquement contraignant selon la CCNUCC (convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques) applicable à toutes les parties » à la conférence sur le climat prévue en 2015 à Paris.

Cette annonce intervient peu après la promesse dimanche du Japon de contribuer à hauteur de 1,5 milliard de dollars au Fonds vert de l’Onu, qui s’ajoute à celle des Etats-Unis qui avaient promis la veille une participation de 3 milliards de dollars.

Le président Barack Obama s’était montré offensif sur le climat en révélant cette contribution samedi en Australie, quelques jours après l’annonce surprise à Pékin d’un accord entre les Etats-Unis et la Chine sur de nouveaux engagements sur les émissions de gaz à effet de serre.

Le Premier ministre australien, Tony Abbott, hôte du sommet, s’était en revanche montré très réservé sur certaines mentions du communiqué final concernant le changement climatique, portées par les Etats-Unis et l’Union européenne.

La Chine accueillera le sommet du G20 en 2016

Après l’Australie cette année et la Turquie l’an prochain, c’est la Chine qui accueillera en 2016 le sommet du G20, Pékin s’étant vu attribuer dimanche la future présidence du forum des pays les plus puissants du monde.

« Nous nous réjouissons par avance de nous retrouver en 2016 en Chine », indique le communiqué final du sommet du G20 qui s’est tenu à Brisbane (est de l’Australie).

Succédant à l’Australie, la Turquie prendra la présidence tournante du G20 en décembre pour un an, et accueillera le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du groupe les 15 et 16 novembre 2015 à Antalya (sud-ouest du pays). La Chine prendra le relais à partir de décembre 2015.

Interrogé sur cette possibilité samedi en marge du sommet, le vice-ministre des Finances chinois, Zhu Guangyao, avait justifié le fait que la Chine accueille des sommets internationaux par « le succès » de la réunion de l’Apec (Forum de coopération économique de l’Asie-Pacifique) en début de semaine à Pékin.

Les autorités chinoises avaient accueilli avec faste les dirigeants étrangers dans un cadre dispendieux, faisant par ailleurs des efforts considérables pour réduire le niveau de pollution – Pékin voyant l’occasion de briller à nouveau sur la scène mondiale, cinq ans après les jeux Olympiques.

« Si la Chine devait en effet présider le G20 en 2016, nous nous coordonnerions étroitement avec les autres pays membres (…) pour remédier à une croissance mondiale encore trop lente et inégale », avait commenté Zhu Guangyao samedi. Cependant, « nous croyons que le G20 doit rester concentré sur les questions économiques et budgétaires », avait insisté le vice-ministre chinois alors que le sommet de Brisbane a été dominé en partie par la question du changement climatique.

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