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Poutine: « La Russie n’est pas un système autoritaire »

Le président russe Vladimir Poutine a nié jeudi tout système autoritaire en Russie, et émis des critiques contre les Etats-Unis, tandis que deux opposants russes sont toujours aux prises avec la justice.

Il n’y a pas de « système autoritaire » en Russie, a affirmé jeudi le président Vladimir Poutine, avant de se lancer dans une vive critique des Etats-Unis. « Qualifier d’autoritaire notre système, je ne le peux pas. La meilleure preuve, c’est ma décision de quitter mon poste après deux mandats. Si j’avais pensé que la voie de l’autoritarisme était préférable, j’aurais changé la Constitution, c’était facile », a-t-il déclaré.

Tandis que les Américains « maintiennent des gens en prison depuis des années sans même leur présenter un acte d’accusation. C’est impensable. On les enchaîne, comme au Moyen-Age… ils ont légalisé l’usage de la torture… Vous imaginez si nous avions fait ça chez nous? Cela fait combien de temps qu’on a promis la fermeture de Guantanamo? », s’est défendu le président russe.

Vladimir Poutine avait quitté son poste de président en 2008, après deux mandats de quatre ans. Il avait alors laissé sa place à Dmitri Medvedev, dont il était devenu le Premier ministre, avant de revenir au Kremlin en mai dernier pour un troisième mandat, malgré une contestation sans précédent. L’opposition lui reproche d’avoir considérablement limité les libertés publiques. Plusieurs dizaines d’opposants sont en prison et certains, en détention préventive, risquent 10 ans de camp. L’opposant russe Navalny sous le coup d’une nouvelle inculpation Alexeï Navalny, l’un des chefs de file de l’opposition au président Vladimir Poutine, a été inculpé jeudi sous de nouvelles accusations d' »escroquerie et blanchiment d’argent », dans le cadre d’une affaire impliquant aussi son frère.

Avocat et blogueur anti-corruption, il est devenu depuis un an l’un des leaders les plus en vue de la contestation anti-Poutine. Le comité d’enquête avait annoncé l’ouverture d’une enquête à l’encontre des deux frères la semaine dernière. L’avocat des deux hommes, Vadim Kobzev, a indiqué à l’agence Interfax qu’ils niaient les faits. Dans un autre dossier, Alexeï Navalny avait été inculpé fin juillet de « détournements à grande échelle », un délit passible d’une peine allant jusqu’à dix ans de prison.

Navalny avait dénoncé des accusations relevant selon lui de la « fable » et un acharnement des autorités russes contre lui. Cette affaire avait été classée cette année par le parquet régional, avant d’être relancée par la suite sur intervention du chef du comité d’enquête russe, un fidèle de Vladimir Poutine. Mikhaïl Khodorkovski voit sa peine de prison réduite de deux ans L’ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis 2003, a vu jeudi sa peine réduite de deux ans. Il devrait être libéré en octobre 2014 en vertu d’un changement de la législation. Ses avocats continuent d’exiger l’annulation de sa condamnation.

L’ex-dirigeant du géant pétrolier russe Ioukos, et son associé Platon Lebedev, détenus depuis 2003, avaient été condamnés en 2005 pour escroquerie à grande échelle à huit ans de camp. Cette peine a été portée à 14 ans en décembre 2010 à l’issue d’un second procès pour vol de pétrole. Un premier procès en appel avait déjà réduit d’un an cette peine. Le tribunal municipal de Moscou a décidé à présent d’abaisser de 13 à 11 ans la condamnation pour vol de pétrole et blanchiment d’argent de Khodorkovski, ainsi que celle de son associé, qui devrait lui sortir de prison en juillet 2014. La loi prévoit en effet désormais des peines moins lourdes pour ces chefs d’accusation.

L’affaire Ioukos a été dénoncée par les libéraux russes et à l’étranger comme inspirée par le Kremlin pour reprendre le contrôle de précieux actifs pétroliers, et mettre au pas un riche homme d’affaires qui avait manifesté des ambitions politiques et soutenu l’opposition. Le président russe, Vladimir Poutine, a assuré jeudi n’avoir joué aucun rôle dans cette décision de justice. Par le passé, le président l’avait comparé au mafieux américain Al Capone, au financier emprisonné Bernard Madoff et l’accusait même d’avoir du sang sur les mains -une accusation jamais évoquée en justice.

La défense, qui demandait une annulation de la condamnation et une clôture du dossier, a dénoncé une nouvelle « farce judiciaire » et d’ores et déjà annoncé qu’elle ferait appel du jugement devant la Cour suprême russe. Malgré cette décision, « les enquêteurs et les procureurs poursuivent les investigations contre Khodorkovski et Lebedev et continuent les procès par contumace des personnes liées à Ioukos qui ont fui à l’étranger », souligne la défense.

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