Le peintre Thomas Cole (1801-1848) a produit une série de cinq toiles sur le Destin des empires, conservées à la New York Historical Society. Celle-ci représente le moment le plus dramatique : la destruction. © Collection of The New York Historical Society

Pourquoi vivent et meurent les civilisations ?

Le Vif

Si la notion d’effondrement des sociétés prend aujourd’hui une résonance planétaire, c’est notamment en raison des inquiétudes suscitées par le réchauffement climatique. À force de modifer notre environnement, notre mode de vie serait menacé à court terme. Mais notre civilisation dite « occidentale » ? Plus diffcile de se prononcer…

Devant la menace brandie, chercheurs, historiens et paléontologues mènent l’enquête : les hommes, par leur comportement irresponsable, ont-ils déjà dans le passé provoqué l’effondrement de leurs sociétés ? La réponse s’avérant complexe, deux clans opposés s’affrontent. Les uns n’en démordent pas : des effondrements, expliqués ou non, ont eu lieu par le passé. Les autres ne nient pas qu’une rupture ait pu se produire mais, prêchent-ils, il ne se serait agi que d’une simple évolution, une résilience après un traumatisme. Encore faut-il défnir ce qu’on entend par civilisation. Civilisation provient du latin civitas, la ville. Autrement dit, une civilisation représente les « caractères d’une société développée ». Un peuple peut se prévaloir d’avoir accédé à la civilisation dans le cadre d’une ville ou d’un ensemble de cités, quand il est l’héritier d’une société ayant oeuvré plusieurs générations durant pour atteindre un haut niveau de culture et de moeurs – un niveau considéré par ses voisins comme plus évolué, à l’instar des Grecs anciens, admirés par les Barbares à leur porte. Pourtant, qu’il est diffcile de cerner la liste des sociétés susceptibles de faire partie du cénacle ! Quand on demande à être coopté dans un club chic, c’est qu’on croit remplir les critères exigés. L’écriture, bien sûr. Mais représente-t-elle la condition la plus discriminante ? Les Incas, maîtres d’un empire, n’en possédaient pas… Diffcile pourtant de les exclure de notre panthéon des civilisations disparues pendant que leurs conquérants espagnols, Francisco Pizarro et consorts, pour la plupart analphabètes, assoiffés d’or et de sang, pouvaient, comme occidentaux, s’en prévaloir ?

Bâtisseurs de l’inutile

Un territoire, une ville, des villes, un gouvernement, des institutions, une éducation qui se transmet par l’école, des moeurs réglementées par la loi, une ou des religions, et puis cette notion de culture, d’art, de transmission de disciplines dont l’utilité est discutable dans le domaine de la vie quotidienne ou de la défense des citoyens, mais dont se fattent les civilisations les plus avancées. En un mot, cette culture si chère aux Occidentaux – particulièrement aux Français -, que Paris a pris l’habitude de jeter à toute occasion à la face du monde comme si la France possédait une sorte de monopole. Et qui devient une cible idéale pour ses contempteurs : « Quand j’entends le mot de culture, je sors mon revolver », disait Hermann Goering, ministre de l’Aviation d’Hitler. Une société est considérée comme civilisée quand une frange de la population est exemptée de produire pour ses besoins propres.

L’État dispose de moyens suffsants pour entretenir ses fonctionnaires, bâtisseurs de temples et de palais, éducateurs, philosophes, artistes, scientifiques, prêtres… L’exemple le plus ancien remonte à l’Égypte millénaire : vingt mille bâtisseurs de l’inutile, nourris et logés par les pharaons, ont entrepris de venir à bout, en vingt ans, de la pyramide de Khéops… Il est vrai que nous avons tendance à accorder, avec facilité, le précieux label aux civilisations disparues si, habilement, elles nous ont laissé le témoignage d’un talent de bâtisseurs. Pas de label de société civilisée sans constructions massives, palais, écoles, temples et maintenant musées. Grèce, Égypte, Empire romain : tous trois sont reçus au club par acclamation. La pierre fait foi. Quid de l’île de Pâques ? Ses habitants ont édifé huit cents statues et transporté certaines d’entre elles sur quinze kilomètres et plus, alors que leur poids pouvait dépasser les vingt tonnes… Cela sufft-il à les admettre dans le saint des saints ? Oui, répondent les Occidentaux. Pourquoi ? Pour la bonne raison qu’on est encore incapable, en dépit des affrmations de quelques chercheurs, de comprendre comment, sur ce nombril du monde de 166 kilomètres carrés, situé à 4 000 kilomètres des îles Marquises, des hommes sans moyens et sans roues ont pu déplacer de telles masses. Après la pierre, le mystère sous toutes ses formes est un bon sauf-conduit pour décrocher le diplôme de civilisation. En Mésopotamie, où se sont succédé Sumériens, Akkadiens, Assyriens et Babyloniens, la trace de ces civilisations s’était perdue. Ne disposant pas de calcaire comme en Égypte, à Ninive, à Ur, à Babylone, à Mari et à Lagash, les architectes utilisaient pour pointer vers le ciel leurs fameuses ziggurats – dont la tour de Babel – en briques d’argile séchées au soleil qui n’ont guère résisté aux invasions et au temps. Il fallut attendre la fn du xixe siècle pour que des archéologues européens, dont le célèbre allemand Robert Koldewey, retrouvent les écrits, les murs, les statues, les hauts-reliefs des peuples mésopotamiens. Tels les Sumériens dont on sait encore peu de choses si ce n’est qu’ils ont inventé l’écriture. Débarquant – d’où ? – dans les marécages du delta formé par le Tigre et l’Euphrate il y a six mille ans, ils ont creusé des canaux, domestiqué les deux feuves, irrigué des terres, inventé le concept de cité-État, connu plus tard des Étrusques et des Mayas à l’autre bout du monde.

Disparition ou adaptation ?

Certaines sociétés ont disparu, c’est un fait. Sans explication. Encore faut-il vérifer si, face au mal qui les rongeait, le terme « collapse » (effondrement), cher à Jared Diamond, auteur d’un best-seller universel, convient tout à fait. Il en donne lui-même la défnition : « diminution radicale de la population humaine et/ou de la complexité politique, économique et sociale, sur une zone géographique étendue et durant une longue période de temps ». Aujourd’hui, l’essayiste est sévèrementcritiqué. Ces sociétés, affrment ses adversaires, n’ont pas disparu face à l’adversité, mais ont mué, se sont adaptées. Conséquence de la guerre civile ou de l’occupation étrangère, ce sont les gouvernements, les dictateurs et leurs régimes qui s’effondrent, non les sociétés elles-mêmes. Les Romains, sous le commandement de Titus, veulent en fnir avec la révolte de Jérusalem, prennent la ville en 70 ap. J.-C., massacrent ou exilent son élite. En 132, Bar Kohkba soulève la Judée, et c’est un nouveau massacre des meneurs. L’élite juive fuit à Alexandrie et à Rome. Une partie des paysans ne quittera pas sa terre en dépit de la présence romaine puis byzantine. Plus tard, certains embrasseront la religion musulmane après l’annexion arabe. Sous les coups de Titus, le peuple du Livre semble avoir vécu ses derniers jours. Pourtant, il reviendra sous une autre forme au xxe siècle, au point de réinventer sa langue, l’hébreu, qui, déjà, au premier siècle, était supplanté par le grec et l’araméen. Massacrer ou exiler l’élite d’un peuple reste un excellent moyen de liquider une civilisation. En 1940, Staline ordonne le massacre, à Katyn, des offciers, médecins, enseignants, fonctionnaires polonais : 4 400 hommes assassinés froidement pour en finir avec l’âme d’un peuple. Dans les cités mayas, au ixe siècle, l’opposition devient de plus en plus vive entre l’élite – rois, nobles et prêtres – et le peuple. Concurrence entre les cités, rage d’éblouir les roitelets voisins… les souverains exigent du peuple qu’il érige des pyramides toujours plus hautes, des temples plus imposants, alors que la famine menace… Parmi les multiples raisons qui ont été avancées pour expliquer l’effondrement de la société maya, la révolte des paysans réquisitionnés fgure en bonne place. La Mésopotamie est conquise par le roi perse Cyrus en 539 avant notre ère, puis par Alexandre le Grand, qui écrase et assassine son lointain héritier Darius en 331. Les Mésopotamiens, descendants des Sumériens, des Akkadiens, des Assyriens et des Babyloniens, en avaient l’habitude. Pas d’effondrement : ils conservèrent en partie leur culture, se mirent à parler persan ou grec, au gré des conquérants. Babylone est supplantée par Séleucie. Ainsi assurait-on la marche desaffaires et l’avenir des enfants.

En 1940, Staline décide d'en fnir avec l'élite polonaise. 4400 offciers, dirigeants, fonctionnaires, intellectuels sont froidement assassinés à Katyn. Il essaiera d'en faire porter la responsabilité aux Allemands.
En 1940, Staline décide d’en fnir avec l’élite polonaise. 4400 offciers, dirigeants, fonctionnaires, intellectuels sont froidement assassinés à Katyn. Il essaiera d’en faire porter la responsabilité aux Allemands.© Akg-Images

Dégradation de l’environnement

Évolution, effondrement : le débat reste ouvert. Les chercheurs et les historiens s’accordent sur un point : les civilisations s’adaptent, se transforment, adoptent des nouvelles lois, des langues qui viennent d’ailleurs tout en conservant, en partie, leurs anciennes moeurs et croyances. Derrière la notion d’effondrement, au contraire, se profle le constat d’une disparition brutale de pans entiers de la population. Il est faux d’affrmer, comme certains, que la population de l’île de Pâques a disparu uniquement en raison des épidémies propagées par les envahisseurs blancs. Le phénomène, pas vraiment expliqué, serait plus ancien. Des Mayas ont survécu quelque temps dans le nord du Yucatán, mais les deux tiers de leur territoire comprenaient des dizaines de cités-États. Celles-ci, composées d’une population évaluée à deux ou trois millions d’habitants, se sont vidées entre le ixe et le xe siècle. Après avoir prospéré pendant plus de mille ans ! Il existe également un refus d’adaptation aux conditions nouvelles imposées. On a longuement épilogué sur le refus de la Chine d’évoluer face à ses adversaires occidentaux, pendant que le Japon, lui, connaissait l’ère des Meiji et était capable, dès 1905, de couler la fotte du tsar au large de Port-Arthur. Pour Jared Diamond, dans sa théorie de l’effondrement, la dégradation de l’environnement est une cause essentielle, qu’il s’agisse de cataclysmes naturelsou des exactions de l’homme irresponsable : vers 1600 av. J.-C., l’explosion du volcan de Santorin provoque un séisme inouï. Trois vagues de vingt mètres de haut déferlent sur la Crète, les palais minoens de la côte nord sont détruits. La fn d’une civilisation redécouverte vers 1910 par l’archéologue Arthur Evans ? Pas tout à fait, répondent ceux que la notion d’effondrement fait bondir. Cnossos est resté debout, et il faudra d’autres séismes, puis l’occupation de l’île par les Grecs de Mycènes vers 1400 av. J.-C., pour que la civilisation minoenne disparaisse vraiment. La colère de la terre s’exprime aussi par les variations du régime hydrique. En mai 2001, trois géologues de l’université de Californie, emmenés par David Hodell, analysent la composition des sédiments des lacs Punta Laguna et Chichankanab au coeur du pays maya. En période d’intense sécheresse, dans les bassins fermés, l’eau s’enrichit proportionnellement de molécules contenant de l’oxygène lourd (ou oxygène 18) aux dépens des molécules d’oxygène « normal », celles qui contiennent de l’isotope 16. Il sufft d’en examiner la proportion dans les coquilles des gastéropodes retrouvées. Le phénomène est le même pour le gypse ou sulfate de calcium contenu à l’intérieur des sédiments du lac : sa part croît dès que le volume d’eau baisse, provoquant le décollement de ces sédiments et leurglissade vers le fond. Il s’agit de défnir la date à laquelle ce phénomène s’est produit, le carbone 14 entrant alors en scène. La datation révèle les années où la sécheresse a été la plus forte : entre 750 et 910, le Yucatán a subi quatre périodes d’intense sécheresse. En conséquence, il y a moins d’eau pour alimenter les canaux irriguant les cultures, les récoltes de maïs fondent et les sols s’épuisent progressivement – les périodes de jachère n’étant plus respectées. Le nord du Yucatán, lui, aurait été épargné grâce au phénomène des « cenotes ». Ces dépressions naturelles, creusées dans le sol karstique plus rigide que dans les basses terres, gardaient en profondeur des lacs reliés à la nappe phréatique. L’eau était recueillie souvent à plus de deux cents mètres de profondeur, permettant l’irrigation des terres en dépit de l’absence de pluie. Ce facteur, la science l’a décelé. Mais les autres ? Il est diffcile de les cerner. Guerres civiles, guerres entre États, cela a déjà été évoqué.

Le coût de la sécheresse

Il y a vingt siècles forissait sur les hauts plateaux du Pérou la civilisation nazca, dont les glyphes géants laissent perplexes les chercheurs avides de rationalité. Rites religieux ? Certainement. Les Nazcas étaient passés maîtres dans l’art de couper les têtes lors de grandes cérémonies. Au ive siècle, une gigantesque inondation submergea une grande partie du site central de Cahuachi, suivie d’un tremblement de terre dévastateur. La sécheresse frappa ensuite les hautes vallées. Le peuple nazca essaya de fuir vers des espaces moins touchés, où il se heurta aux Huaris qui n’entendaient pas être délestés de leurs terres : ce fut la fn d’une civilisation énigmatique. La sécheresse est-elle aussi la raison principale de la chute de la dynastie Tang, une des plus fécondes de l’histoire chinoise, qui régna dans les années 700 ? C’est en tout cas la théorie avancée par des chercheurs chinois. Quand le peuple est affamé, il en accuse la puissance dirigeante ou les féodalités qui l’entourent. Quant aux mystérieux Pascuans, la sécheresse est avérée sur leur île au xviie siècle. Pendant ce temps, la déforestation est en cours, au service d’une population qui croît et des transporteurs de moais, ces immenses statues. Si, comme l’affrme Jared Diamond, la population a cru au point de provoquer des famines, comment souscrire à l’hypothèse que des habitants aient pu reprendre la route des îles polynésiennes ? Nous n’en avons aucune preuve. Parfois les hommes réussissent un exploit sans lendemain, qui fait le bonheur des chercheurs et des historiens. Édifcation de pyramides ou voyage des futurs Pascuans venus des îles Marquises, voilà des performances insensées auxquelles nous ne comprenons rien ! Notre regard reste perdu puisque pensée philosophique, peur du dieu ou simplement instinct de survie en sont absents… Vint le temps des penseurs « modernes » qui tentèrent de donner une explication, une vision universelle de la vie et de la mort des civilisations. L’Allemand Oswald Spengler et le Britannique Arnold Toynbee s’efforcèrent tous deux de mettre en musique la règle qui dicte la trajectoire des grandes sociétés. Que dit Spengler ? Sous le titre Le Déclin de l’Occident. Esquisse d’une morphologie de l’histoire universelle (1918-1922), il distingue huit grandes cultures principales et trois regards propres à l’Occident sur le destin des peuples : un regard apollinien cher à Nietzsche, un regard magique et une attitude faustienne. Il développe une vision cyclique, distinguant naissance, essor, chute et mort des civilisations. Il se livre à des analogies et à des rapprochements, parfois fantaisistes : « Le xixe et le xxe siècle, jusqu’à présent considérés comme le point culminant d’une ligne ascendante que tracerait l’histoire du monde, ne sont en réalité qu’un stade d’existence qui a été parcouru par toute culture ayant mûri jusqu’à atteindre sa limite. » Spengler infuencera Toynbee, qui rédige une Étude de l’Histoire en douze volumes, entre 1934 et 1961. Celui-ci n’adhère toutefois pas à la théorie déterministe de son confrère allemand où les civilisations croissent et meurent selon un cycle naturel, comme les hommes.

« Les civilisations meurent par suicide »

Un mot caractérise sa pensée : le déf. Pour Toynbee, les sociétés réagissent à des défs externes qui provoquent leur croissance dans une direction précise. Après la chute de l’Empire romain, l’Église catholique se met au déf de ressouder les royaumes germaniques autour d’une communauté religieuse unique. Et y parvient. Sans déf, une société meurt. Les Pascuans cessent brutalement de produire des colosses ? On n’en connaît pas les raisons mais eux-mêmes n’y croient plus et s’éteignent. « Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre », proclame Toynbee. Trop d’importance est accordée aux invasions et autres guerres entre voisins. La chute n’est pas une fatalité, mais dépend des choix de la société face aux obstacles qu’elle rencontre sur son chemin. Toynbee observe le rôle déterminant de la minorité dominante qui s’agite au coeur d’une civilisation. Si cette minorité, fatiguée, cesse d’oppresser le prolétariat extérieur, si elle cesse d’exercer une fascination sur ces majorités qui ont souvent embrassé une autre religion, la chute est proche. Le chercheur anglais classe, range, qualife les civilisations, portant au pinacle celles qui ne doivent rien aux voisins mais tout à leur génie propre – les Amérindiens, Mayas en tête, les Égyptiens, les Suméro-Akkadiens, les Chinois. Aux Occidentaux, en revanche, tout fut offert sur un plateau… Toynbee, comme Spengler, en dépit du succès rencontré par leurs écrits parmi un grand nombre d’intellectuels de leur temps, ne font pas pour autant l’unanimité. Manque de contenu objectif, décrient certains. Ainsi, le Néerlandais Pieter Geyl qualife les théories de Toynbee de « spéculations métaphysiques travesties en histoire ». L’Américain Joseph Tainter, lui, propose une autre approche : de la complexité seule naît la lumière ! À la fn des années 1980, il balaye une longue liste d’explications spécifques – il en dénombre douze, totalement vaines à ses yeux – et élabore une théorie générale de la chute des civilisations. Elle est fondée sur un point commun auquel toutes les sociétés humaines élaborées ont été confrontées : la complexité grandissante de leur appareil. La société engendre des mécanismes savants, supposés coordonner les nombreux rôles économiques et sociaux qui la caractérisent, à la fois spécialisés et différenciés. L’effondrement provoqué par les famines, les invasions, la bêtise des hommes massacrant l’environnement dont ils sont dépendants ? Tainter n’y voit qu’apparence pour esprits bornés. Confrontées à un problème de type énergétique, les sociétés humaines croient le surmonter par la création d’une bureaucratie et d’infrastructures nouvelles, destinées à le résoudre. La solution prescrite passe presque toujours par l’accroissement de la complexité de leur technologie, de leur économie, de leur organisation sociale. Il prend pour exemple l’Empire romain, obsédé par la conquête de nouveaux territoires afn de s’approprier leurs surplus énergétiques pour compenser la baisse irrémédiable de sa propre production agricole et minière. L’acquisition de ces nouveaux territoires a, hélas, un coût exorbitant, en fonctionnaires, garnisons et communications. Mais les premières mesures se traduisant d’abord par un bénéfce, on s’entête. Puis les investissements produisent des rendements nuls, voire négatifs. C’est le désastre, l’empire se scinde en deux. L’Occident part en miettes tandis que l’Orient résiste, nous dit Tainter, car il se heurte à de puissants voisins (Parthes et Sassanides) qui l’obligent à tirer parti de sa faiblesse et à conserver son unité. Et l’historien de conclure sous forme d’avertissement : pour que les sociétés modernes réussissent à éviter l’effondrement, il faudra qu’elles prennent conscience des menaces que font peser leurs voisins. Entre sociétés évoluées, on ne se veut pas toujours du bien…

Par Claude Pommereau.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire