Charles Michel © BELGA

Pourquoi la Belgique hésite à renvoyer les diplomates russes

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

À présent que plus de 20 pays occidentaux ont annoncé les expulsions de 110 diplomates russes, la pression monte pour le Premier ministre Charles Michel (MR). La Belgique n’a pas encore expulsé de diplomates, mais le Kern se réunit aujourd’hui pour en discuter.

Les États-Unis, le Canada, l’Australie et seize pays européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, annoncent le renvoi de diplomates russes à Moscou suite l’empoisonnement de l’agent Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia perpétré à Salisbury. Les représailles contre la Russie replongent le monde au temps de la Guerre froide.

Le quotidien De Morgen se demande pourquoi la Belgique ne suit pas l’exemple de ses partenaires européens, qui affichent leur solidarité avec le Royaume-Uni. Au sommet européen de vendredi dernier, le Premier ministre Charles Michel a en effet été le seul à s’opposer à un renvoi de diplomates russes à Moscou. « Nous sommes de bons Européens, mais si la Première ministre britannique souhaite une opération coordonnée, elle ferait mieux de la soumettre à l’Union européenne », confie un proche du gouvernement.

Efforts réduits à néant

Toujours selon De Morgen, il y a plusieurs raisons à l’hésitation de Charles Michel. Comme la Belgique est un petit pays, elle ne dispose guère de nombreux diplomates en Russie. Si Poutine décide de renvoyer autant de diplomates belges, cela reviendrait à couper les ponts et les efforts récents du Premier ministre de se rapprocher de la Russie seraient réduits à néant.

De plus, la Belgique abrite l’OTAN et les institutions européennes, ce qui fait qu’elle héberge également des diplomates accrédités par ces organisations. Professeur en politique internationale David Criekemans (Université d’Anvers), salue le manque d’enthousiasme de la Belgique. « C’est une action symbolique qui ne rapportera pas grand-chose. Elle ne fera que renforcer la méfiance mutuelle. Alors qu’il est justement souhaitable d’entamer le dialogue avec la Russie. »

Pour le professeur, l’Europe aurait plutôt intérêt à profiter du malaise économique russe. Celui-ci offre des possibilités à l’Europe qui doit assurer la sécurité de l’importation de gaz et la stabilité du continent.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire