© Reuters

Pourquoi Fillon va devoir renoncer

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Face aux révélations sur le Penelopegate, la défense de François Fillon n’arrive pas à convaincre. La nature des soupçons détruit l’image du candidat chantre de la probité et de l’austérité. Pour la droite, c’est l’heure du sauve-qui-peut.

Empêtré dans le Penelopegate, le candidat de la droite à l’élection présidentielle française est, chaque jour, de plus en plus incriminé et acculé. Il ne lui restera bientôt plus qu’une issue : renoncer à la course à la présidence. Pourquoi ?

Parce que les faits égrenés depuis deux semaines par Le Canard enchaïné sur le soupçon d’emploi fictif de son épouse sont cliniques, méthodiques et implacables. Implacables jusqu’à preuve du contraire devant la justice; ce que n’augure pas la faible défense de François Fillon. « Elle a corrigé mes discours. Elle a reçu d’innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir. Elle m’a représenté dans des manifestations, dans des associations (…). Elle me faisait remonter les demandes des gens », a tenté d’expliquer le prétendant de la droite à la présidentielle. Autant de « missions informelles » assez floues pour ne pas laisser de trace, que Penelope Fillon aurait à la limite pu remplir mais que peu de témoignages confirment réellement et que toutes ses déclarations publiques démentent, y compris dans un entretien à un journaliste britannique qui sera diffusé ce soir dans Envoyé spécial sur France 2. « Missions » qui, de toute façon, seraient loin de justifier les émoluments perçus.

Parce que François Fillon a, au minimum, menti par omission lors de sa prestation télévisée sur TF1 le 26 janvier. Sur la longueur de la période pendant laquelle son épouse a été salariée comme assistante parlementaire comme l’a démontré la deuxième salve de révélations du Canard enchaîné cette semaine. Sur les « compétences » de ses enfants au moment où ils ont été employés, eux aussi, par le député Fillon; ils n’étaient pas encore avocats, mais étudiants en droit. Sur le nombre, enfin, de ses comptes en banque.

Parce que, même si l’enquête judiciaire aboutissait à un non-lieu faute de preuves de l’abus de biens publics (mais quand ?) , la situation de François Fillon est devenue politiquement intenable. Le Penelopegate rompt brutalement avec l’image de chevalier blanc qu’il a revendiquée depuis le début de la campagne. Et le dévoilement des sommes versées à sa « collaboratrice », bien au-delà des standards moyens des revenus des assistants parlementaires, scandalise le Français moyen et décrédibilise le discours électoral de François Fillon chantre de l’austérité.

Parce que la droite, enfin, vit un épisode dramatique inédit. Promise à une victoire en douceur face à une extrême droite limitée par la permanence du plafond de verre et une gauche laminée par la présidence Hollande, la voilà soit promise à un rôle de second plan si François Fillon se maintenait, soit plongée dans l’incertitude à 80 jours de l’échéance si elle devait recourir à un plan B. D’où l’agitation en coulisse pour « sauver les meubles » : convaincre leur candidat à renoncer et bâtir au plus vite une alternative crédible. Sauf retournement spectaculaire, ce n’est plus une question de semaines, c’est une question de jours.

« La droite française est promise à un rôle de second plan à la présidentielle si François Fillon se maintenait »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire