Carte blanche

Pourquoi ? dit l’enfant

Le silence que l’enfant d’Alep reçoit à sa question contraste étonnamment avec le bruit des bombardements et du pilonnage aérien qu’il entend à longueur de journée et qui détruit toujours un peu plus la ville, le quartier, l’édifice où lui et sa famille errent comme des somnambules. Pas de réveil en sursaut pour ces Syriens ; le cauchemar continue sans trêve ou si peu.

Les enfants sont sans doute les êtres humains capables de faire preuve de la plus grande résilience. Mais nous sommes occupés à étirer leurs limites à l’extrême et à les déposséder de leur enfance. Notre collègue Radoslaw Rzehak, responsable du bureau de l’UNICEF à Alep, racontait voici quelques jours que  » les enfants et les adultes de la ville d’Alep ont leur instinct de survie à ce point émoussé qu’ils cherchent à peine à se mettre à l’abri des bombes. Pour eux, cette violence est devenue inhérente à leur quotidien, banalisée et donc vécue comme moins dangereuse « . La seule logique militaire qui guide les parties belligérantes a non seulement un impact désastreux sur la génération actuelle en privant les enfants de leurs droits élémentaires, mais elle prépare aussi un esprit de haine et de revanche dans le chef des générations suivantes et partant un terreau fertile pour l’extrémisme. Ce mal, il nous faut l’enrayer comme une épidémie dont nous connaissons déjà les tristes prémices.

Alors que la communauté internationale fait aveu d’impuissance totale, la ville continue à crier son désespoir avec un tel désarroi que le mot ALEP deviendrait pour un instant un grand « HELP » lancé à la face du monde, à cette part d’humanité qui n’est pas encore morte en nous et qui nous pousse à dénoncer ce qui se passe en Syrie avec la dernière énergie pour trouver une issue à ce qui est désormais le conflit majeur de ce 21e siècle.

Nous devons trouver cette issue, du moins pour évacuer les civils dans un premier temps.

L’UNICEF exhorte toutes les parties au conflit à autoriser l’évacuation immédiate et sécurisée de tous les enfants. L’équipe de l’UNICEF à Alep est prête à leur fournir une assistance et à faciliter leur évacuation. Les enfants d’Alep sont notre responsabilité et doivent obtenir une aide maintenant. Nous n’avons plus aucune excuse pour laisser continuer CELA.

Alors seulement les parents retrouveront peut-être la force de donner une réponse à leurs enfants parce qu’une issue et des perspectives leur auront été données …

Geert Cappelaere – Directeur du Bureau régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

PS : Les enfants d’Alep ne sont malheureusement que la partie la plus visible de l’iceberg actuellement. 8,4 millions d’enfants en Syrie, 29 millions au Moyen-Orient, des centaines de milliers dans le monde. Tous souffrent de la guerre.

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