Charles Michel, ici sur la frégate Léopold I en Méditerranée à la veille du sommet de Malte. © BELGA/Laurie Dieffembacq

Pour Charles Michel, pas question d’aider la Turquie sans engagements clairs de sa part

Il n’est pas question de libérer de l’argent pour aider la Turquie à gérer les réfugiés sur son territoire sans engagements clairs de sa part, notamment en matière de droits de l’homme, a indiqué le Premier ministre Charles Michel jeudi soir, à l’issue d’un sommet informel des dirigeants européens à La Valette (Malte).

Les relations entre l’Union européenne et la Turquie étaient au coeur de cette réunion informelle, tenue dans la foulée d’un sommet UE-Afrique sur la gestion de la crise migratoire. Les débats, auxquels étaient absents la Pologne, le Portugal, la Grande-Bretagne et l’Irlande, ont été l’occasion d’un « échange de vues » sur l’avenir des relations UE-Turquie.

La réunion était l’occasion aussi pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de présenter une proposition chiffrée de financement de l’aide à la Turquie. Selon cette proposition, qui calcule les participations sur base du PIB des Etats membres, la contribution de la Belgique s’élèverait à 72 millions d’euros, à débourser sur deux ans (2016 et 2017). « Il n’y a pas encore de propositions opérationnelles et concrètes sur la table », a balayé le Premier ministre.

Insistant sur le rôle « crucial et stratégique » de la Turquie, avec qui il faut « renforcer les relations », Charles Michel a souligné que « la Belgique n’est pas prête à libérer de l’argent sans engagements clairs de la Turquie », notamment en matière de droits de l’homme ou d’ouverture du marché du travail turc aux réfugiés syriens.

Le Premier ministre estime qu’un « accord avec la Turquie est certainement nécessaire, mais nous ne sommes pas prêts à accepter n’importe quoi ». Un processus de négociations entre l’Union et la Turquie devra se mettre en place et un sommet UE-Turquie aura lieu dans les prochaines semaines, et probablement avant fin novembre, sans qu’une date soit encore confirmée. Il faut en effet attendre que la Turquie se dote d’un gouvernement, après les élections du 1er novembre dernier.

Le Premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, était arrivé à Malte jeudi après-midi pour faire rapport aux dirigeants européens des dernières discussions qu’il a eues avec les autorités turques.

Au Conseil européen du 15 octobre dernier, les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats membres de l’Union avaient pris acte de ce que la Turquie, pays en première ligne dans l’accueil et le transit de réfugiés provenant de Syrie, était prête à collaborer avec l’Union européenne pour tenter de maîtriser les flux de migrants partant vers l’Europe. Elle avait cependant émis plusieurs conditions à son aide, et notamment l’attribution de moyens financiers à concurrence de trois milliards d’euros.

Elle avait aussi demandé de rouvrir certains chapitres de ses négociations d’adhésion à l’UE, négociations qui patinent depuis des années.

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