© Reuters

Portugal : la révolution des ¼illets à l’ombre de l’austérité

Stagiaire Le Vif

Tout en célébrant la fin de la dictature, les capitaines de la révolution de 1974 ont boycotté les célébrations officielles. Ils pointent du doigt une nouvelle dictature, celle de l’économie et de l’austérité.

Il y a quarante ans, un peuple descendait dans les rues. Le 25 avril 1974, les Portugais prenaient leur avenir en main et renversaient la dictature. Des milliers de Portugais ont aujourd’hui rejoint les lieux-clés du coup d’état pour commémorer la révolution des OEillets. À Lisbonne, les célébrations se sont teintées de vives critiques envers le gouvernement et la cure d’austérité qu’il impose à la population.

Des célébrations marquées par la contestation

Faisant vibrer les murs de marbre de l’Assemblée, c’est la chanson « Traz outro amigo também » (Amène aussi un autre ami) qui a ouvert la session solennelle au Parlement portugais. Dans son discours, relayé par la chaîne portugaise TVI, le président Cavaco Silva a énuméré les progrès réalisés en quarante années de démocratie. Après avoir critiqué les partis de droite comme de gauche, il a souligné « l’insatisfaction croissante de la population envers le système politique », et a demandé l’abandon « des politiques de court terme ». Les députés de la majorité l’ont applaudi, les socialistes, eux, sont restés de marbre.

À un kilomètre de là, le socialiste Mario Soares, ancien Premier ministre et ancien président, se tenait devant des milliers de Portugais au Largo do Carmo. C’est là que le dernier président de la dictature, Marcelo Caetano, a été arrêté par les militaires de la révolution. Pour Mario Soares, 89 ans, « il n’y a qu’une seule et véritable commémoration, c’est celle-ci, là où se trouve le peuple ».

Prenant à son tour la parole, Vasco Lourenço, l’un des capitaines de la révolution des OEillets, a fustigé le gouvernement portugais. « Si le gouvernement ne change pas rapidement de politique et ne rejette pas la soumission, l’austérité et l’appauvrissement du pays, il doit être destitué sans hésitation », a-t-il déclaré.

Sur la place lisboète, la chanson Grândola, Vila Morena a fait vibrer les coeurs. Censurée sous la dictature de Salazar, le Mouvement des Forces Armées l’avait diffusée sur les ondes radio pour signaler à la population le début de la révolution. Depuis, elle en est devenue l’un des hymnes.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Quarante années de changement

Même si le pays est aujourd’hui entravé par les difficultés économiques, les changements ont été nombreux depuis la révolution d’avril. Comme le montre le journal Diário de Notícias, l’espérance de vie est passée de 68 à presque 80 ans. Le nombre de médecins est passé de 11 000 à 43 000. Le PIB par habitant a plus que doublé, passant de 7 245 euros à 16 086 euros aujourd’hui. L’analphabétisme est passé de 25 % à 5 % de la population. Mais le taux de chômage est passé 2,5 % à 16 % en 2013.

Les progrès ne sont pas dû qu’à la démocratie, et les chiffres actuels révèlent les problèmes qui touchent encore le Portugal. Mais les Portugais, aujourd’hui, n’étaient pas dans les rues uniquement pour critiquer le gouvernement. Ils y étaient aussi pour célébrer la liberté arrachée à la dictature. Et comme l’a écrit le journal Público dans son éditorial, c’est la révolution de 1974 qui donnera aux Portugais la possibilité de choisir leur gouvernement aux élections de 2015. Le « 25 de Abril » a permis la liberté de choix, de décision et de changement. « Valeu a pena », titre aujourd’hui le journal portugais, « Ça en valait la peine ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire