© Reuters

Police et migrants : la tension monte à Kos

Sur l’île grecque de Kos, porte d’entrée de l’Europe, les autorités sont débordées par l’afflux de migrants en transit, au point que le maire a lancé mardi un cri d’alerte alors qu’une bousculade de réfugiés était réprimée à coup de matraques et extincteurs.

« Le sang risque de couler et la situation risque de dégénérer » sur l’île, a averti le maire de Kos, Giorgos Kiritsis, affirmant que 7.000 migrants, majoritairement des Syriens, se trouvaient à Kos en attente de rejoindre Athènes, avant de continuer vers le reste de l’Europe. « C’est mon dernier avertissement. La gestion du problème est devenu impossible », a-t-il ajouté, cité par les médias. La municipalité de cette île de l’est de la mer Egée, toute proche de la Turquie, pensait pourtant reprendre mardi les choses en main en organisant le transfert vers le stade de la ville d’un grand nombre de migrants qui, faute de structures d’accueil, avaient dressé des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et plages de ce port touristique.

Or, selon un photographe de l’AFP présent, après avoir rassemblé leurs affaires pour se diriger vers le stade, plusieurs centaines de personnes, majoritairement des Afghans et des Syriens, ont tenté d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les sept ou huit policiers ont alors été dépassés, sont sortis du bureau, et quatre d’entre eux ont tenté de contenir la bousculade avec des matraques et en vidant le contenu d’extincteurs sur les migrants, selon le photographe. « Les gens criaient, les enfants pleuraient », a-t-il encore décrit. Une source policière, interrogée par l’AFP, a reconnu un épisode de « tensions ». C’est le deuxième cas de violences en deux jours sur cette petite île de 30.000 habitants, très prisée par les touristes européens. Lundi, un policier de l’île a été suspendu après avoir été filmé, giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du commissariat chargé de délivrer les laissez-passer.

« Quitter la Grèce, aller en Europe »

Les autorités grecques avaient été pointées du doigt par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) après une tournée en juillet sur les îles de l’Egée, en première ligne des arrivées de migrants depuis la Turquie. Le HCR avait déploré au niveau local, comme au niveau de l’Etat, le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a estimé que la situation « dépassait » les possibilités de son pays, en appelant à l’aide de l’Union Européenne. Sur les plages de Kos, au pied des transats des touristes, accostent toutes les nuits depuis des mois des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée depuis les côtes turques. Comme sur les rivages de Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos, ou Samos. Les migrants patientent plusieurs jours, parfois des semaines, pour être enregistrés par des policiers débordés et obtenir les documents pour continuer leur voyage. Selon le HCR, sur 224.000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124.000 sont entrés par la Grèce, chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. En Italie, les autorités ont arrêté plus de 880 passeurs présumés depuis janvier, selon un bilan rapporté par le quotidien italien Avvenire. Face aux caméras d’une chaîne de télévision grecque à Kos, une jeune femme syrienne explosait mardi: « Aidez-moi à partir d’ici, je ne veux pas rester en Grèce, je veux aller en Europe ». Plusieurs dirigeants de l’Eglise italienne avait fustigé lundi l’égoïsme occidental face au défi de l’accueil de dizaines de milliers de réfugiés. Mais en Allemagne, première destination européenne pour les migrants qui a recensé 300.000 demandeurs d’asile depuis janvier, le syndicat de la police allemande DPolG a souhaité mardi un retour des contrôles aux frontières dans l’espace Schengen, jugeant la situation « intolérable ».

Contenu partenaire