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Plus de 300.000 Congolais de RDC ont quitté « volontairement » le Congo-Brazzaville

Le Vif

Plus 300.000 ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) ont regagné « volontairement » leur pays lors de l’opération policière lancée par le Congo-Brazzaville voisin pour combattre une montée du banditisme imputée aux étrangers en situation irrégulière et qui a conduit à de nombreuses expulsions, a affirmé le directeur général de la police congolaise, le général Jean-François Ndenguet, cité par l’agence de presse associée (APA), reçue mardi à Bruxelles.

« Le plus grand nombre de retour en RDC relève des procédures de retour volontaire organisé par l’ambassade de la RDC à Brazzaville. Elles concernent près de 153.000 familles rassemblant plus de 300.000 ressortissants rentrés volontairement », a déclaré samedi le général Ndenguet en dressant le bilan de l’opération « Mbata ya bakolo » (la gifle des aînés, en lingala, la langue locale). Cette opération, lancée début avril, a suscité des tensions entre Kinshasa et Brazzaville – les deux capitales les plus proches au monde, séparées par le fleuve Congo – et des remontrances de l’ONU, qui a sévèrement critiqué la façon dont des dizaines de milliers de ressortissants de RDC ont été expulsés.

Selon le général Ndenguet, 4.670 ressortissants de 18 pays ont été interpellés, dont 4.174 pour séjour irrégulier. Parmi les personnes interpellées pour séjour irrégulier figurent 3.927 RDCongolais, dont 1.961 ont été reconduits à la frontière « de commun accord avec l’ambassade de la RDC » à Brazzaville, alors que les autres, constitués de femmes enceintes, d’enfants issus de mariage mixte, d’enfants scolarisés et des malades, ont été relaxés. « L’opération n’a pas été lancée contre une nationalité particulière, même si les ressortissants de la RDC ont constitué le groupe le plus nombreux des personnes interpellées », a souligné le chef de la police, cité par l’APA (indépendante).
Environ 496 individus, toutes nationalités confondues, ont été interpellés pour des infractions diverses, dont la vente et la consommation de chanvre indien, la détention illégale d’armes de guerre ou d’armes blanches, la prostitution, le vagabondage et le proxénétisme. Au cours de l’opération, la police a détruit des « repères de brigands »: 47 églises de fortune, 251 hangars et baraques, 62 fumoirs et 35 fabriques de boissons frelatées.
Cette opération « Mbata ya bakolo » va se poursuivre cette semaine dans les villes de Pointe-Noire, principal centre économique et industriel du Congo, Dolisie et Nkayi (respectivement 3ème et 4ème ville du pays), a affirmé le directeur de la Police congolaise. Les Nations unies ont pour sa part enjoint fin mai le Congo-Brazzaville de cesser immédiatement cette opération d’expulsions.
« Les expulsions sont à l’origine d’une grave crise humanitaire et il y a des allégations selon lesquelles elles se seraient accompagnées de violations des droits de l’Homme »: « violences physiques », « mauvais traitements », et « violences sexuelles », avaient dénoncé le chef de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), le diplomate allemand Martin Kobler, et la représentante spéciale des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits armés, Zainab Bangura.

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